Naming du Vélodrome ou quand le mirage se met à chanceler
Si un accord a été trouvé pour le loyer du Vélodrome avec l'Olympique de Marseille, la Ville va sûrement devoir faire une croix sur cette autre source de financement du partenariat public-privé du stade.
En apparence, le chantier du Vélodrome est achevé. L'écrin du boulevard Michelet nouvelle génération est fin prêt, pelouse hybride luisante, pour accueillir l'OM le 17 août. Le 6 septembre, tous les dirigeants de collectivités se masseront autour de la ministre des Sports Najat Vallaud-Belkacem pour couper du ruban. Mais en coulisses, de gros points financiers restent en suspens. Comme nous l'expliquions la semaine dernière, le montant exact du loyer que l'Olympique de Marseille versera à la Ville n'est toujours pas connu malgré l'estimation optimiste de 7,4 millions d'euros par an que l'un et l'autre ont communiquée. À ce bail précaire, s'ajoutent les obstacles qui entourent le naming du stade.
Ce dispositif vise à accoler une marque au Vélodrome à défaut de changer totalement le nom du stade. La Ville, qui doit verser une redevance annuelle de douze millions d'euros dans le cadre du partenariat public-privé, espérait lors du lancement des travaux récupérer deux millions d'euros par an dans ses caisses. Ce qui impliquait un naming total autour de 7 millions d'euros puisqu'une grosse partie de la somme revient à l'exploitant privé. Celui-ci récupère les trois premiers millions puis 40 % du reste.
Depuis l'ouverture de ce dossier, les annonces d'une issue prochaine se sont multipliées sans jamais se concrétiser. Début 2011, Arema, l'exploitant du stade annonçait que le nouveau nom serait connu avant la fin de la même année. Puis en novembre 2012 le maire de Marseille avait annoncé un heureux dénouement imminent. Comique de répétition involontaire, Jean-Claude Gaudin a remis ça le 30 juin en conseil municipal en laissant entendre que les négociations étaient en bonne voie. L'entreprise visée était alors Orange.
Orange déconnecte
Sauf qu'aujourd'hui, quand on cherche à savoir auprès du maire si cette hypothèse d'un stade renommé Orange Vélodrome est toujours dans les tuyaux, il répond en penchant la tête : "Un peu moins !" Un enthousiasme modéré qui vient corroboré la confidence de Stéphane Richard, le PDG de l'entreprise de téléphonie à nos confrères de Marséco début juillet. À l'époque, il confiait : "Il ne faut pas trop spéculer sur une réponse positive d’Orange."
L'adjoint aux finances, Roland Blum se fait encore plus clair sur le sujet. En réponse à nos questions, il dessine un joli rond entre le pouce et l'index. "Franchement, aujourd'hui, on en est là", au niveau zéro des négociations donc. Et l'élu municipal d'ajouter : "Vous savez, cette partie-là, c'est plutôt l'affaire d'Arema."
En effet, près s'être séparé de la société de conseil en naming Team Stadia il y a environ un an, Arema poursuit seul la recherche du sponsor miracle même si la Ville reste très attentive et possède une forme de droit de veto sur la société choisie. En cette période estivale, Bruno Botella son patron est injoignable. Début juillet, lors d'une visite de fin de chantier, il avait précisé avoir noué des contacts avec "des prospects américains", rappelant ainsi les contacts chinois évoqués courant 2013 puis vite évaporés. En tout état de cause, il paraît aujourd'hui improbable que Najat Vallaud-Belkacem puisse inaugurer autre chose qu'un stade Vélodrome tout court. À Lille, en désespoir de cause, Martine Aubry a finalement baptisé le stade Pierre-Mauroy. Jean-Claude Gaudin osera-t-il le Vélodrome Gaston-Defferre ?
En tout cas, cela fait longtemps qu'il n'espère plus que ce sponsoring dépasse les trois millions d'euros, somme au-delà de laquelle, contractuelllement, elle est en droit de percevoir une partie de la redevance versé à l'exploitant de l'enceinte. Les contribuables devront participer un peu plus que prévu chaque année pour atteindre les douze millions d'euros (sans compter les augmentations dues aux révisions annuelles) de remboursement prévu dans le cadre du partenariat public-privé.