Suite au rapport accablant sur les grandes salles en France, un comité doit être mis en place à la fin du mois. Avec quels moyens?
Le Montpellier Handball disputera dimanche son premier match dans la nouvelle salle multifonctionnelle de l'agglomération héraultaise, la plus grande de France après celle de Paris-Bercy. Nikola Karabatic et ses coéquipiers y recevront devant 9.000 spectateurs les Allemands de Hambourg où évoluent Guillaume et Bertrand Gille, pour l'ouverture de la Ligue des champions. L'affiche est belle, le cadre splendide et la réussite populaire déjà assurée. «Nous allons jouer à guichets fermés et dans une semaine, on remettra ça face aux Suédois de Sävehof. Soit plus de 17.000 spectateurs en sept jours, c'est autant qu'en une saison de Ligue des champions dans notre salle de Bougnol (3.000 places) ces dernières années», se réjouit l'entraîneur-manager, Patrice Canayer.
Le club phare du handball français attendait cet écrin pour franchir un cap dans son développement économique, dans sa compétitivité face aux grands clubs européens. Son visiteur, Hambourg, est d'ailleurs l'une de ces grandes puissances. Le club évolue dans l'une des dix-huit salles de plus de 10.000 places existant en Allemagne, nation la mieux pourvue du Vieux Continent, devant l'Espagne (12), la Russie (7), l'Italie (6), l'Angleterre (5), la République tchèque (5) ou encore la Belgique (3). La France, elle, est très loin derrière, à la hauteur de nations comme la Lettonie, la Lituanie ou l'Irlande ! Elle ne possède aucune grande salle de plus de 15.000 places en configuration sport (il en existe 21 en Europe) et ne dispose que d'une seule infrastructure de plus de 10.000 places (90 sur le Vieux-Continent). Un outil rare -le Palais omnisports de Paris-Bercy (14 000)- qui, de plus, date déjà d'un quart de siècle (1984)…
L'Hexagone est à ce point démuni d'équipements dignes de l'exigence des fédérations internationales que les dirigeants du tennis auraient été bien dépourvus s'ils avaient dû organiser la finale de Coupe Davis, Bercy et Montpellier étant déMà réservés le premier week-end de décembre. La troupe de Guy Forget affrontera donc la Serbie chez elle, dans une Belgrad Arena de 22.000 places construite en 2004.
C'est cet état des lieux affligeant qu'a dressé en mars dernier le rapport de la commission «Grandes Salles Arenas 2015». Présidée par Daniel Costantini, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France de handball, elle a souligné, à l'attention de la secrétaire d'État aux Sports, Rama Yade, l'urgence d'un chantier qui doit permettre à la France d'accueillir à nouveau des compétitions internationales. De nouveaux projets de candidature pour accueillir des championnats d'Europe et du monde sont en effet à l'étude dans les fédérations de basket-ball, de handball et de volley-ball à l'horizon 2015 après des échecs récents. Cette commission avait préconisé la construction de sept grandes salles (une de 20.000 places, une de 15.000 et cinq de 10.000 places) avec la création d'un label «Arena» ouvrant les droits à un soutien financier de l'État. Cette aide avait été évaluée à 140 millions d'euros, soit environ 20% du coût total. Autres idées fortes: la reconnaissance de «l'utilité publique» de ces projets et le développement du «naming», qui permet aux investisseurs privés de donner le nom de leur société à la salle.
Six mois après, où en est-on? «Le comité Arena 2015 va certainement voir le jour d'ici fin septembre et sera placé sous l'égide du Conseil national du sport, dévoile Daniel Costantini. Certaines préconisations ont déjà été suivies d'effets, avec des amendements à certaines lois qui vont dans le bon sens. Mais ce n'est pas le nerf de la guerre. C'est au niveau du soutien financier que l'engagement de l'État était indispensable. Or on n'entend plus parler de l'enveloppe budgétaire de 140 millions d'euros libérables progressivement…» Les projets en cours, portés par des volontés privées et/ou territoriales, ne devraient pas être remis en cause. Après la grande salle de Montpellier, le Grand Arena de Bordeaux doit être livré à l'automne 2012. À Dunkerque, à Orléans, à Villeurbanne, à Colombes, les projets, lancés avant la remise du rapport avancent, parfois cahin-caha. Mais sans le soutien financier de l'État, d'autres vocations à investir dans ces Arenas multifonctionnelles risquent de se tarir avant même d'être nées.
Fin août, Daniel Costantini a décliné la proposition de Rama Yade de devenir le président du comité Arena 2015. Richard Dacoury est désormais pressenti. L'ancien international de basket nous a confirmé qu'il devait répondre rapidement. L'engagement de ces deux personnalités dans la commission «Grandes Salles» venait rappeler que handball, basket et volley ont rapporté à la France 21 médailles internationales depuis 1993.