Football - Insolite.
Une poignée d'escargots pourrait conduire le Stade brestois en Ligue 2Brest, tenu de construire un centre de formation pour rester dans l'élite, pourrait voir son projet taclé par une poignée d'escargots d'une espèce protégée, une association environnementale ayant déposé des recours pour préserver le gastéropode. Faute de solution avant la fin de saison, le club serait relégué.
Les escargots de Quimper / Photo Jymm Wikimedia Commons
"On a une dérogation qui expire à la fin de la prochaine saison. Il faut absolument qu'on trouve une solution, autrement on sera relégués en Ligue 2", explique le président du Stade brestois 29, Michel Guyot.
Tenu par les statuts de la Fédération Française de Football de se doter d'un centre de formation pour les jeunes, le club envisage ainsi d'acquérir un terrain de 10 hectares, destiné à accueillir également un centre d'entraînement pour ses joueurs professionnels.
Le site choisi: des terrains agricoles et une zone naturelle situés à Plougastel-Daoulas, une commune en bordure de la rade de Brest. Mais l'association Bretagne Vivante a fait constater par huissier la présence de l'escargot de Quimper sur le site. "Cet escargot est une espèce dont la répartition est extrêmement limitée dans le monde", assure Daniel Malengreau, administrateur de l'association, soulignant qu'il s'agit d'une espèce protégée au niveau national et d'intérêt au niveau européen.
Michel Guyot assure avoir de son côté dépensé plus de 300.000 euros rien qu'en études de sol, de faisabilité, permis de construire, architectes... "Ca ne s'est jamais vu!", se plaint-il. Mais Bretagne Vivante regrette l'absence d'études d'environnement complètes. "Tout au long de la procédure, on voit apparaître ce refus de prise en compte de cette espèce protégée", affirme Daniel Malengreau.
L'association a ainsi déposé deux recours, l'un contre la révision simplifiée du Plan local d'urbanisme (PLU) qui a été effectuée, arguant que cette procédure d'urgence ne se justifiait que dans des cas d'intérêt public avéré, l'autre contre le permis de construire.
Face à ces procédures judiciaires, le président du club n'a d'autre choix que d'organiser un vote, la semaine prochaine, auprès des 30 actionnaires de la société civile immobilière (SCI) qui portent le projet pour savoir s'ils sont prêts à se lancer dans le combat juridique ou s'ils jugent préférable de jeter l'éponge sachant que le conflit risque de durer des années.
Si le projet ne voit pas le jour, "on va laisser les terrains aux agriculteurs", indique dépité Michel Guyot, avant de s'interroger: "Quelle est la différence entre une charrue avec huit socles et un bulldozer?"
Celui qui dit vouloir simplement "permettre à des gamins de jouer au football" est cependant prêt à revoir sa copie pour réduire son projet à 5 hectares et renoncer au centre d'entraînement, tout en préservant les talus et autres lieux d'habitat du mollusque à coquille.
Mais les écologistes vont-ils l'accepter? "J'en doute", juge Daniel Malengreau. "On est dans une zone humide importante", insiste-t-il, soulignant également la présence sur le site d'une fougère protégée et d'écureuils roux.
Le maire de Plougastel-Daoulas, Dominique Cap, est l'un des plus fervents défenseurs. "Si ce projet ne se fait pas à cause des escargots de Quimper, on peut pratiquement dire adieu à tous les projets en Bretagne", estime le premier magistrat de la commune de 9.000 habitants et 37 km de côtes, assurant que de tels escargots "on en trouve à tous les coins de rue" dans la région.
"C'est quand même un projet entre 10 et 12 millions d'euros, les collectivités n'y mettent pas un seul euro, tout est financé par du privé, avec une centaine d'emplois à terme et 40 entreprises qui attendent pour travailler", souligne l'édile.
Source :
http://www.leprogres.fr/france-monde/20 ... en-ligue-2