La nomination du projet de Ris Orangis est loin d'être surprenante. Le bruit courait déjà depuis longtemps. Le projet soutenu par le ministre de l'intérieur et membre de communauté d'agglomération Évry Centre Essonne, Manuel Valls, avait quelques longueurs d'avance en terme de lobbying par rapport à celui de Thiais.
D'ailleurs en terme de mauvais lobbying, ils ont aussi su se montrer exemplaire : je reprends ici l'excellent article de Cyroul pour vous expliquer la polémique qu'il y a eu autour de la page Facebook de ce projet :
http://www.cyroul.com/reseaux-sociaux/b ... sparaitre/
L'achat de fans est simplement la preuve que le client (la communauté) n'a rien compris à l'intérêt des réseaux sociaux dans une démarche marketing.
Les origines
La fédération française de rugby veut son grand stade. Le président Camou (candidat à sa propre réélection fin 2012, alors qu'il avait promis d'instaurer une règle sur le non cumul des mandats...) veut son grand stade.
http://www.dailymotion.com/video/xrupoz ... reve_sport
Le leitmotiv du projet du stade de la FFR est le "rêve".
Rêver avec l'argent de la fédé (et donc des licenciés - ceux ci sont en augmentation de 10% l'année passée et atteignent les 450 000) c'est beau. Il se pourrait d'ailleurs fortement que les polémiques avec le Stade de France soient au coeur de ce projet. Trop cher et pas assez rentable, la fédération souhaite se faire payer son propre stade pour y définir elle-même ses prix.
Quels sont les critères de la FFR pour choisir le site d'accueil de son futur Grand Stade ?
- Rapidité et facilité d'accès, par la route comme par les transports en commun,
- Proximité de Paris,
- Disponibilité d'un espace important autour du stade, pour pouvoir assurer son fonctionnement mais aussi pour permettre de créer un lieu de vie, notamment hors période événementielle,
- Dynamique économique et tradition sportive du territoire d'accueil,
- Respect des principes fondamentaux du développement durable,
- Implication et ambition de la ville candidate, au service du projet, sur le long terme.
Qui décide ?
Décortiquons un peu cela.
7 élus de la FFR : Pierre Camou, président de la FFR,
Serge Blanco en charge du projet du Grand Stade
René Hourquet (ancien président de la commission centrale d'arbitrage et trésorier général de la Fédération française de rugby - originaire de la fédé du Var),
Alain Doucet (secrétaire général et le président du comité Armagnac-Bigorre),
Bernard Godet (Vice-président, en charge du marketing et de la communication, qui a une petite casserole avec Eric Woerth confirmé par Médiapart),
Patrick Battut (président du comité Midi-Pyrénées),
Patrice Doctrinal (président de la région Centre, fraichement réélu pour son 5eme mandat).
3 membres supplémentaires :
Paul De Keerle (directeur financier de la FFR : billetterie, compta et système d'informations),
Gurvan Kervadec (Directeur Valorisation Ressources Humaines),
Jean-Romain Sintes (Responsable du contrôle de gestion - du Var également)
5 sociétés partenaires qui encadrent le projet : AEG Facilities (exploitation des complexes sportifs et divertissements), Mott MacDonald (ingénierie internationale), PwCPriceWaterhousecoopers (audit, conseil et expertise comptable), TAJ (cabinet d'avocats du groupe Deloitte), McKinsey (cabinet de stratégie)
Le projet Ris Orangis
"En écho aux préconisations de la FFR, le projet pose une ambition forte : faire du site du Grand Stade une vitrine de l'excellence et de l'innovation pour les métiers de la filière du sport, porteuse de croissance. Les premières études prévoient, à terme, la création de 8000 à 10000 emplois nets directs. Cette démarche s'inscrit dans le nécessaire rééquilibrage des pôles de développement régionaux, pour que la grande couronne vienne renforcer la dynamique du Grand Paris." Extrait du site http://www.lerugbyadelavenir.fr/.
Les différentes étapes passées et prévues par la FFR jusqu'à l'aboutissement du projet :
- année 2010 : phase d'études, visite de 14 stades en Europe et aux États-Unis, business-plan
- Fin 2010 : comité directeur qui valide la décision de lancer la deuxième phase d'études.
- 1er semestre 2011 : validation du business-plan par un cabinet de stratégie indépendant. Lancement de la procédure de sélection du site.
- 2e semestre 2011 : choix du plan de financement, lancement de la procédure de sélection du groupement conception (architecture).
- 29 juin 2012 : choix du site. Fin de l'étude du plan de financement
Et donc prévu pour la suite :
- fin 2012 : choix du groupement conception (architecture, film et maquette) et préparation de la sélection du constructeur.
- 2013 : choix du constructeur.
- 2014 : dépôt du permis de construire et début des travaux.
- 2017 : Inauguration.
Le site retenu est l'ancien hippodrome de Ris-Orangis avec ses 133 hectares immédiatement disponibles et libres de toute contrainte d'aménagement.
Le stade en lui-même nécessitera une emprise de 15 hectares pour fonctionner, si l'on rajoute les 25 hectares prévus dans le projet pour les parkings de proximité, le restant disponible reste conséquent pour les rêves d'écologie de la fédération.
Le projet retenu se veut donc innovateur dans le fait de créer sur le site, "un pôle d'excellence et d'innovation pour les acteurs et les métiers de l'économie du sport : équipementiers, distributeurs, fédérations, industriels, chercheurs, médias, etc. Ainsi naîtrait la nouvelle centralité imaginée par la FFR et voulue par le territoire. Ainsi naîtrait le « Colisée du XXIe siècle »".
C'est bien joli. Plus rien n'arrête la mégalomanie de la FFR.
Rentrons dans le concret, justement.
Accessibilite Grand Stade FFRLes transports
Quelques chiffres donnés sur le site du projet :
-27 minutes : depuis la Gare de Lyon en RER D, avec un arrêt face au stade
-27 minutes : depuis la gare de TGV de Massy, en Tram-Train (effectif en 2017)
-21 min : en voiture depuis de la Porte d'Orléans
-15 min : du CNR de Marcoussis
-9 000 : places de parkings à proximité immédiate du stade et 8 000 autres à moins de 10 min
Le RER D est la ligne la plus malade (avec la C) de la RATP. Il existe un forum entièrement dédié http://portail.sadur.org/ pour les curieux.
Les gens de la FFR qui ont choisi ce site et qui ont pensé ce projet, ne prennent donc JAMAIS les transports en commun. C'est un fait.
Comparativement au Stade de France, desservi lui par un métro toute les 3-4 minutes, un RER B toutes les 5 minutes et le D à peu prés pareil, je vous promets qu'y aller depuis le centre de Paris prend quand même un bon 3/4 d'heure. Ce n'est qu'à deux stations de Chatelet, le centre névralgique, donc en zone 1-2. Il est donc facile de voyager avec un simple ticket de métro.
La FFR ne voit aucun inconvénient à faire déplacer plus de la moitié des spectateurs par un seul RER (au rythme de 5 à 10 minutes), un train partant de Massy gare (rejoignable par le RER C), à plus de 38 minutes (minimum) et en zone 5 pour la modique somme 4€65 l'aller (avant augmentation). Soit quasiment 10 euros par personne aller retour.
Les jours de match, il faudra, sans exagérer, prévoir de partir non pas une bonne heure et demi avant le coup d'envoi mais 3h à 4h avant. Pour les courageux qui songent venir en famille, le retour sera surement folklorique avec la fatigue cumulée à la longueur du trajet et au stress de se perdre (quand j'y songe, je me dis qu'ils auraient presque pu intégrer le concept de convivialité des transports).
Plan pour aller a Ris OrangisAmis conducteurs, l'A6 autrement appelé l'autoroute du Soleil, est l'une des autoroutes les plus bouchonnées et des plus mal-entretenues de l'Ile de France. Ris Orangis se trouvant au carrefour de la Francilienne et de l'A6, il est fort probable que ce soit à l'approche du stade que votre calvaire commence.
Il faut savoir qu'il va falloir plus de 90 M€ nécessaires pour mettre le réseau routier aux normes (plus 30 M€ pour une passerelle de 900 m au-dessus de l'A6). L'aménagement du réseau RER pour gérer le flux des spectateurs couterait quasiment un milliard d'euros. Et la facture ? Et bien, elle sera pour les collectivités locales de l'Essonne, pour la région Ile-de-France et pour l'État. En résumé, pour nous.
Le financement
"À ce stade du projet, nous ne tenons pas compte de la conjoncture. Ce n'est pas parce que la période est difficile qu'elle engendre une situation difficile pour la FFR. La crise, on en parle aujourd'hui, mais en 2017 ou 2018, tout aura évolué. Dans le bon sens, je l'espère..." Pierre Camou dans l'équipe du vendredi 29 juin 2012.
Ben voyons. Je vais aller dès demain, annoncer à mon banquier, la construction de ma villa sur les falaises de la cote basque avec piscine et jacuzzi. Ce n'est pas pour tout de suite hein... et puis on verra si je peux payer.
Est ce que c'est vraiment cette image que la FFR a envie de donner du rugby français ?
Le projet de financement devrait être prêt depuis fin 2011. Clairement au vu des déclarations de Monsieur Camou, c'est loin d'être le cas.
Rappelons quand même que le projet de ce Stade de 82.000 places (soit le plus grand stade de France tant qu'à faire) va couter 500 M€. La fédération va y mettre 150M€. La somme restante reste à trouver parmi les sponsors.
La volonté de créer une économie autour du stade est louable bien évidemment, mais soyons un peu honnête. Le public qui vient au stade, ne se loge pas à 35kms de Paris (il ne se loge déjà à St Denis), il arrive la veille et repart le lendemain. Il se loge DANS Paris, parce que... Paris reste Paris. Non pas que la ville de Ris Orangis ne soit pas attractive mais clairement à moins de construire des infrastructures et autre centres commerciaux pour les riverains (en ont ils besoin ?), tout miser sur les 6/7 matchs de l'équipe de France de rugby et les finales du top 14 est d'une bêtise sans nom.
Comme la FFR finance elle même le stade et s'occupe de sa gestion, il va bien falloir rembourser les dettes.
Un billet pour un match de l'équipe de France (sachant que sur 80000 places du Stade de France seulement quelques milliers sont vendus auprès du public) se négocie entre 30 et 120 euros. Va t'on voir les prix augmenter, genre de 25% comme les licences cette année (comme de par hasard - rassurez vous c'est juste à cause à cause de l'assurance cette augmentation) ? Si la FFR finance un tiers et que les deux tiers restants sont payés par des sponsors, combien de places seront vraiment à disposition du public ?
D'ailleurs, qu'y aura t'il dans ce stade hormis les 6/7 matchs de l'équipe de France ?
Comment va t'il être rentable ? Il faut dire que Paris est déjà bien doté en structures sportives.
La FFF délocalise de plus en plus ses matchs et je ne pense pas qu'on lui proposera des prix plus avantageux que le Stade de France déjà partenaire bien implanté.
L'athlétisme a déjà Charlety et le Stade de France.
Le basquet, le judo, le hand sont à Bercy.
Les concerts ? Bercy, le Zénith reste des choix privilégiés. Le Stade de France rafle les contrats de plus grandes envergures et peine à remplir certains (hein Johnny). Ces quelques concerts extraordinaires sont bien trop peu et vont être soumis à concurrence rude pour choisir leur stade. Qui gagnera entre un stade déjà implanté, plus proche de Paris, dans la capacité surement de baisser ses prix; et un stade tout nouveau, plus loin (beaucoup plus loin) qui a besoin de rembourser ses dettes ?
Un club de rugby résident ? Le Stade Français est un club parisien, pas essonnien. Il n'y a donc aucune raison, avec le coup de jeune de Jean Bouin qu'il se délocalise. Le Racing Metro vient lui aussi de construire son nouveau Stade dans les Hauts de Seine. Pas de gros clubs résidents donc.
Ce stade sent la coquille vide.
En tant que fan et blogueuse, je devrais être pour un grand stade dédié au rugby (et je le suis). Mais honnêtement, la façon dont cela se déroule, les choix qui sont faits, me rende surtout sceptique et je crains surtout pour le rugby français.
Le rugby fête familiale, joie locale, aura-t'il comme symbole, un stade onéreux, réservé à quelques vieilles élites engraissées bien logées ?
Que se passera t'il si le FFR n'arrive pas à gérer ce Stade. La banqueroute ? L'État, plutôt opposé à ce projet, viendra-t'il secourir financièrement la fédé afin d'éviter que les centaines de clubs amateurs ne ferment pas ? Se vendra t'on au Qatar afin d'éviter le naufrage ?
Je propose des questionnements extrêmes mais à projet absurde, logique absurde. Je tiens à préciser que quand ce stade - s'il voit le jour - fera son inauguration, je ne vivrai plus depuis longtemps en région parisienne. Y aller relèvera du calvaire pour moi aussi.
Il est bien beau de faire des livres blancs sur les valeurs du rugby quand on mesure l'ampleur de l'irresponsabilité du "rêve" du président.
Pourquoi ne pas avoir fait un contrat exclusif avec le Stade de France pour la construction d'un toit et par la même, négocier une priorité sur les matchs ? Au lieu de pleurnicher du manque de souplesse de la part des dirigeants du Stade de France, un compromis pouvait surement être trouvé au vu des arguments de la FFR (le nombre de matchs, la valeur ajoutée du toit, etc.)
Pourquoi ne pas avoir exploité la reconstruction de Jean Bouin ou le nouveau Stade de Colombes (avec le Racing en résident... moins de souci de gestion) ?
Pourquoi s'entêter à rester à Paris ? Pour la proximité avec Marcoussis ? Un peu de sérieux voyons. Je peux prendre l'exemple de Chaban Delmas à Bordeaux qui va être laissé au profit du rugby par les Girondins. Il a vraiment besoin d'une nouvelle jeunesse. Ne pouvait t'on pas retravaillé le projet et faire à Bordeaux le grand centre du rugby Français ? Non parce que quitte à être loin du centre de Paris autant que cela soit en région facilement accessible et climatiquement plus favorable (on n'aura pas trop de problème de gel de terrain là bas).
En conclusion
Il y a une phrase qui revient régulièrement dans le projet validé. C'est : "France / All Blacks à Ris-Orangis, c'est déjà demain…"
Alors ils sont mignons avec leur projet "le rugby à de l'avenir" mais il faudrait par contre arrêter de se moquer des gens...
Pour info, France-All blacks c'est une fois tous les 2 ans, un coup sur deux là -bas. Les dernières rencontres France-Nouvelle Zélande en France, étaient en 2009 à Marseille et la fois d'avant au Stade de France en 2006 (il y a donc 6 ans).
Quitte à parler aux passionnés de rugby, j'aurai choisi d'abord et avant tout de parler du VI Nations et du "France-Angleterre" le vrai match à tension historique (et ça c'est au moins une fois tous les deux ans).
Donc si c'est pour construire un stade pour prouver que la fédération a la plus grosse, avec un match à affiche explosive tous les 4/6 ans, je ne sais pas quels autres mots à part, gâchis irresponsable, colle à toute cette histoire.
http://fr.sports.yahoo.com/blogs/poupim ... 11832.html
n’empêche j'ai toujours trouve leurs 600 millions un peu faible.
Si la ffr veut un stade de grand standing il faut se baser sur un coup plus important et avec le BTP les enchères vont monter.On connait le cout initial de wembley .