Bonjour à tous,
Je suis le forum depuis un moment, le stade est cool, la plupart des supporters des autres villes nous envient et les quelques détails qui créent des tensions sur le forum me paraissent peu importants au regard de la taille et la réussite du projet. Je suis tout sauf anti-stade mais ce qui m'embête, c'est le flou qui règne autour de l'argent du grand stade, l'attribution, les présumées magouilles. Je suis content d'avoir un beau stade mais je me demande si nous aurions pu avoir le même pour moins cher.
Je paie des impôts locaux et les magouilles de martine & co, ca me saoûle...
http://www.marianne2.fr/Coup-d-envoi-po ... 20299.html"Coup d'envoi pour le Grand Stade de Lille, malgré les soupçons de corruption...
Lobbying, coup de théâtre, vrai-faux rapport, élus silencieux, presse discrète... Tous les soupçons de corruption ont pu naître pendant le chantier du stade. Mais ce soir, le premier match à domicile des LOSC face à Nancy aura bien lieu. Enquête.
A première vue, tous les ingrédients d'un vaste dossier de corruption semblent réunis dans l'affaire du Grand Stade de Lille. Un investissement pharaonique de 450 millions d'euros en partenariat public-privé (PPP) – cette usine à gaz qui permet à une collectivité publique de confier la construction d'un équipement à un groupe privé. Le revirement, en forme de coup de théâtre, d'une majorité d'élus de la communauté urbaine de Lille en faveur de l'offre d'Eiffage, plus coûteuse, contre l'avis catégorique des services techniques, favorables à Bouygues. Mais aussi la rédaction d'un vrai-faux rapport pour justifier ce changement de pied brutal, une presse locale bien discrète, un procureur qui botte en touche et des élus taiseux.
Au final, une immense chape de silence sur ce dossier explosif, où se mêlent le foot business, l'argent public et les combines politiques. La région de Lille connaît cette situation malsaine, mais, hélas, courante, où de forts soupçons de corruption bruissent dans la population, sans que personne dans la justice, dans la presse ou chez les élus se saisisse du dossier.
ELU INCONTOURNABLE
Sans Henri Ségard, l'affaire du grand stade n'aurait jamais existé. Maire pendant dix-sept ans de la petite commune de Comines, à la frontière franco-belge, ce pharmacien a connu, jusqu'en 2011, une ascension fulgurante. Il a pris en effet la tête d'un groupe charnière de la communauté urbaine de Lille, Métropole Passions communes, qui regroupe une quarantaine de maires divers droite, plus divers d'ailleurs que de droite.
Tout à tour UMP puis MoDem, le voici devenu incontournable. C'est lui qui, le 1er février 2008, parvient à imposer à la communauté urbaine, contre toute attente, le choix du groupe de BTP Eiffage pour la construction du grand stade de Lille. Et peu importe que le devis soit supérieur de 108 millions d'euros à l'offre de Bouygues, auquel Pierre Mauroy, patron de la communauté urbaine, avait apporté son soutien résolu. Mais il semble que ce qu'Henri Ségard exige, la communauté le vote !
A quelques semaines des municipales de 2008, ni le PS ni l'UMP ne souhaitent se brouiller avec le patron du deuxième groupe d'élus de la communauté urbaine. Pourtant, deux rapports contradictoires ont été pondus. Le premier, rendu le 23 janvier 2008, se prononce en faveur de Bouygues ; le second, daté du 1er février, soit une semaine plus tard, tranche pour Eiffage ! En fait, les élus ne verront la couleur ni de l'un ni de l'autre. Sur leurs bureaux, le jour de la séance plénière, pas le moindre document, aucun rapport pour éclairer le choix.
Des milliers d'heures passées par une quinzaine de fonctionnaires des services techniques à décrypter et hiérarchiser les offres des trois candidats, Eiffage, Bouygues et Vinci, il ne reste rien. Ce jour-là , 82 % des élus votent en faveur du projet Eiffage, mais les neuf pages lapidaires de la délibération du conseil ne mentionnent même pas les notes obtenues par chacune des trois offres...
SUPPORTEUR ACHARNÉ
Après ce coup d'éclat, Henri Ségard scelle une alliance avec Martine Aubry, qui succède à Pierre Mauroy à la tête de la communauté urbaine. Le voici devenu un des dix «premiers vice-présidents» de la communauté, chargé de «la gouvernance», le quasi-numéro trois de la puissante assemblée, dont le budget atteint 1,5 milliard d'euros. «Il y a une vraie amitié entre Martine Aubry et lui, ils se comprennent à merveille», constate-t-on à la Voix du Nord.
Lors de l'élection municipale partielle qu'Henri Ségard provoque en 2011, afin de reconquérir son poste de maire, cet homme de droite reçoit le soutien de la première secrétaire du Parti socialiste. Malgré son intransigeance légendaire, Martine Aubry se montre prête, sur ses terres, à quelques concessions... Hélas, le pharmacien est battu, privé de tout mandat, foudroyé.
Pour quelles raisons Henri Ségard a-t-il été séduit, subitement, par la «multifonctionnalité» du projet Eiffage ? Supporteur acharné de l'équipe de Lens, régulièrement convié dans la loge réservée aux invités de ce groupe de BTP, a-t-il manqué au devoir d'indépendance qui s'impose à un élu ? Ces questions légitimes n'auront pas de réponses. «Il n'y aura pas de suite à votre demande d'entretien», fait savoir à Marianne une employée de la pharmacie Ségard. A Lille, après le vote de la communauté urbaine, qui s'est offusqué du choix soudain et inexpliqué en faveur d'Eiffage ? Personne.
CRITÈRES OPAQUES
Le silence de l'ensemble des élus est impressionnant. Le plus proche collaborateur de Martine Aubry, Jean-Marc Germain, ne souhaite pas répondre à nos questions. Du côté de l'UMP, dont les représentants ont voté en bloc en faveur du projet d'Eiffage, on ne souhaite pas davantage s'exprimer. Député et ancien ministre, Marc-Philippe Daubresse est aux abonnés absents...
Les élus verts, qui, eux, n'ont pas pris part au vote, ne sont guère plus causants. «Nous nous sommes prononcés contre le principe des partenariats public-privé, mais nous n'avons pas voulu choisir ensuite entre la peste et le choléra», explique un des responsables des Verts, Eric Quiquet, Les élus disposaient-ils des rapports des services techniques le 1er février ? «De mémoire, oui, enfin peut-être, répond Eric Quiquet. Je ne sais plus très bien.»
Aucun recours n'est déposé par les concurrents, Bouygues et Vinci. La presse locale fait le service minimum. «Si on avait découvert quelque chose, plaide un journaliste, on l'aurait écrit. Mais aucun élu, à la suite du choix d'Eiffage, ne s'est vu offrir un château.»
Il faudra attendre le 4 juillet 2008 pour qu'un élu de l'UMP ose réclamer les rapports des services techniques. Et, surprise, le deuxième rapport est la copie, quasiment identique, du premier... Seules trois lignes diffèrent ! Le projet d'Eiffage, apprend-on, est «un signal fort du futur équipement à l'architecture métropolitaine», alors que l'offre Bouygues n'est «pas uniformément appréciée». Seule la chambre régionale de la Cour des comptes s'interrogera, trois ans plus tard et en termes mesurés, sur la gestion de la communauté urbaine en matière de PPP et sur l'opacité des critères retenus pour le choix de l'opérateur du grand stade. Rendues publiques en 2011, ces observations n'ont d'ailleurs ému personne.
Pour que le dossier sorte enfin, il faudra l'intervention d'Eric Darques, un chevalier blanc de la lutte anticorruption un brin mégalo mais tenace. «Les affaires qui aboutissent, constate ce dernier, on les compte sur les doigts de la main.» Consultant en optimisation fiscale, cet ancien militant du RPF de Charles Pasqua puis de l'UMP, sans étiquette désormais, a déjà déposé trois plaintes dans ce dossier. Toutes trois ont été rejetées : les deux premières par le tribunal administratif de Lille, la troisième par le parquet du TGI de Lille.
Frédéric Fèvre, le procureur de la République, ancien collaborateur du cabinet de Rachida Dati, oppose une fin de non-recevoir. «Ce magistrat n'est ni de gauche ni de droite. C'est d'abord un homme prudent», commente un de ses collègues. En février dernier, rebelote. Eric Darques et son avocat, Me Joseph Breham, tentent de se constituer partie civile auprès de la doyenne des juges d'instruction.
Marianne a retrouvé les deux procès-verbaux du bureau de la communauté urbaine, celui du 21 janvier 2008 et celui du 1er février 2008, qui se tient juste avant la réunion du conseil communautaire représentant les communes et habilité à trancher. Or, ces pièces sont éclairantes.
Le 21 janvier, la messe semble dite... En faveur de l'offre de Bouygues, qui a obtenu la meilleure note. «Incontestablement, un projet a émergé, explique Pierre Mauroy. Je pense que personne ne va manifester son adhésion au premier projet [Eiffage] et au troisième projet [Vinci].» Et d'enfoncer le clou : «La décision que nous devons prendre est simple : adopter le projet Bouygues.»
Ce jour-là , seul Henri Ségard tente un plaidoyer pro-Eiffage. Un combat désespéré, si l'on s'en tient à la réponse de Pierre Mauroy, qui renvoie l'élu à ses chères études. «Je complimente M. Ségard qui est très inventif, il aurait peut-être fallu initier cette discussion plus avant.» Circulez, la décision est prise. Pourtant, à la hâte, une nouvelle séance de présentation des trois projets va être organisée pour les élus à la fin de janvier 2008. Les équipes d'Eiffage ont été brillantes dans leur présentation, celles de Bouygues moins. Seul souci : le projet Eiffage coûtera 14,4 millions d'euros par mois à la communauté urbaine (sur trente et un ans) contre 10,7 pour l'offre rivale.
MAUROY SE SENT FLOUÉ
Sept jours plus tard, les quelque 150 membres du conseil de Lille Métropole Communauté urbaine se retrouvent pour trancher. Le matin même, le bureau se réunit. Martine Aubry est présente. Sensible au lobbying de son ami Henri Ségard, elle prend longuement la parole en faveur du projet Eiffage. Après avoir salué «le travail réalisé par les services faits dans les règles de l'art» (mais ces travaux des fonctionnaires locaux sont favorables à Bouygues...), la maire de Lille et future première secrétaire du PS développe en faveur d'Eiffage une théorie savoureuse de la dépense publique : «Dès lors qu'on était déjà sur un coût très élevé, il faut faire un effort complémentaire pour avoir un grand projet à la hauteur de notre métropole. – Merci, Martine», répond un Pierre Mauroy résigné.
Le projet Eiffage ainsi adopté par le bureau, Pierre Mauroy s'inquiète : «Attention aux recours.» Et le directeur général des services de la communauté urbaine de s'adresser aux élus : «Très vite, il faut travailler ensemble pour produire le rapport qui correspond à votre analyse et qui viendra en appui de la délibération.» Autrement dit, le matin même de la séance plénière, le deuxième rapport n'a pas été rédigé ! Lors de ce fameux bureau du 1er février, Pierre Mauroy se sent floué. Et il le dit, sans se départir de son calme : «Je pensais que nous choisirions tous le moins-disant qui s'imposerait comme une espèce de loi.» Et d'ajouter : «Hélas, le beau l'emporte sur le raisonnable.» Eiffage ne doit-il vraiment son succès qu'à la «beauté» de son projet ?
Autant de données troublantes venues à l'appui de la demande de constitution de partie civile d'Eric Darques. Si cette dernière est acceptée, on verra enfin clair dans l'invraisemblable décision de la communauté urbaine en faveur d'Eiffage. Mais que les amateurs de foot se rassurent, le stade sera inauguré cet été. N'est-ce pas l'essentiel ? N"