Euro2016 – Pardonnet: « On a fait confiance »Didier Pardonnet (Directeur du Cabinet du maire de Metz, Dominique Gros) nous a accordé un entretien vendredi dernier avant le match face à Boulogne. La mairie reconnait qu’il y a eu des maladresses dans le dossier de l’Euro 2016 mais maintient
les 10 millions d’euros concernant la rénovation du stade Saint Symphorien. Des contacts dans les semaines à venir vont être repris entre Dominique Gros et Bernard Serin nous a-t-on confié. Retour sur un dossier qui n’a cessé de faire parler de lui, même un mois après… Tout commence en 2007 lorsque le projet de rénovation est présenté à hauteur de 35 millions d’euros. En 2009, le coût augmente de 10 millions sans aucune explication réelle. Sur ce point, l’élu nous explique que c’est dû au fait « que le chiffrage n’a pas été effectué par les mêmes personnes ». Le chiffrage de 45 millions est bien réel et réaliste comme l’a confirmé l’architecte allemand Fiebiger en 2007, ce qui n’était plus le cas deux ans après comme l’atteste une lettre destinée aux différents acteurs de ce projet: « Comme vous le savez, le chiffrage de 45 millions d’euros date de 2007, depuis, le projet de stade a grandement évolué. Nous avons déjà discuté avec vous de cette évolution dans le chiffrage de la base des nouveaux plans, il est clair qu’avec la nouvelle construction de la tribune sud, les exigences du FC Metz et de l’UEFA, nous arrivons à une toute autre base de chiffrage du projet ». Coïncidence ou pas, ce courrier a été posté le jour même du retrait de la ville à la candidature de l’Euro 2016 soit le 29 février 2012. Mais à ce stade, le chiffrage ne représente pas une expertise complète. Didier Pardonnet confie que « la mairie a fait confiance » à Bernard Serin. Seulement, quatre jours avant ce fameux match Metz-Clermont, qui devait servir de vitrine à la candidature messine, le maire de Metz apprend que le budget annoncé par le président messin n’est pas tenable: « on avait les chiffres depuis quatre jours et on savait qu’on ne pouvait pas y aller ». La seule solution fut d’annoncer le retrait de la ville avant cette rencontre pour « éviter un double langage en faisant semblant d’aller donner le coup d’envoi ». Dans le communiqué de Bernard Serin, publié en date du 29 février 2012 sur le site officiel du club, on peut y lire: « Devant ces rumeurs, j’ai proposé à la Ville de Metz ce lundi qu’un économiste mandaté par ses soins audite les fiches de calcul de la société Fiebiger. Cette proposition a été acceptée et la réunion fixée au vendredi 2 mars. L’argument de risque de dépassement budgétaire n’est donc, de mon point de vue, pas non plus recevable aujourd’hui », la mairie confirme de son côté qu’aucune réunion de travail n’était programmé ce jour là . Qui croire ? Revenons tout de même sur ces 45 millions d’euros, le directeur du cabinet nous indique une nouvelle fois que « ce chiffrage était une base mais qu’il n’était pas expertisé ». Par conséquent, nous n’avons pas pu avoir ni confirmation, ni infirmation des 25 millions d’euros nécessaires pour reconstruire la tribune Sud du stade.
Viennent ensuite les aides de l’Etat. On nous rappelle à juste titre qu’elles sont attribuées à hauteur de 10% du projet. « Comme celui de Nancy était d’un montant de 80 millions, il y avait donc une enveloppe de 8 millions pour eux. Ce qui n’était pas forcément le cas pour nous car si l’on calcule sur cette base de 45 millions, 10% font 4,5 M d’€. Nous avons contacté le cabinet du Ministre des Sport, David Douillet, qui nous a confirmé qu’il fallait que nous fassions un dossier et que nous verrions après. Lorsque Dominique Gros s’est rendu à Yutz, il a eu la même réponse sans aucune garantie ». L’élu vient ensuite sur le terrain politique en pensant que le président de la République avec son ministre des Sports auraient pu faire un geste pour la ville de façon exceptionnelle et ce, à quelques semaines des élections: « Suppression de postes à la Base 128, un certains nombre d’emplois promis qui ne sont pas là , qu’il fallait un grand stade de football dans l’EST, allez, on vous laisse ces 8 millions, mais il n’en a rien été ». La mairie regrette tout de même de ne pas avoir fait le chiffrage plus tôt: « On nous a pris pour des briseurs de rêves, on aurait aimé faire rêver mais ce n’était pas possible financièrement. » Pas possible après avoir approché plusieurs entreprises du BTP qui chiffraient la rénovation à 65, 68 et 70 millions d’euros selon l’élu. « Nous avons mandaté Patrick Bayeux, l’expert des stades français, concernant le chiffrage comme annoncé dans la presse, nous arrivons à 79,6 M d’€ HT. Personne n’est venu en mairie contester. Cela nous a coûté 8600 €. » Bernard Serin avait tout de même réagit dans le Républicain Lorrain: «Parce qu’il n’est pas un expert du génie civil. Enfin, si prétendre que les projets privés portés par les clubs ne tiennent pas les budgets peut être un argument acceptable, il est hors sujet pour nous puisque le projet était celui de la Ville de Metz. En tant que chef d’entreprise, je sais où je mets les pieds. C’est mon métier. 75 millions ? On est dans l’excès le plus total. Et nous ne sommes pas des gens inconséquents. »
Nous interrogeons notre interlocuteur sur le fait que le président du FC Metz s’engagerait à prendre le surcoût éventuel au dessus de 50 millions d’euros: « Ce qu’il faut savoir c’est que la maitrise d’ouvrage, c’est la mairie qui en a la charge. Imaginons que le FC Metz ne puisse plus payer, c’est la mairie qui aurait dû en prendre la charge à elle seule. Concernant la SEM pour gérer le stade, elle fut évoquée mais pas créée officiellement. La SEM, ça concerne l’exploitation et non la maitrise d’ouvrage, ce sont deux choses différentes. Concernant les investisseurs privés, nous n’en avons jamais eu connaissance ». Didier Pardonnet explique, comme Dominique Gros sur Air TV le 9 mars, que le président Serin a voulu se lancer dans le projet et une fois lancé, mettre la ville devant le fait accompli. « Bernard Serin est quelqu’un d’humain, le problème n’est pas là . Il cherche à juste titre à trouver des solutions pour se sortir de cette situation. Le stade en fait parti mais ce n’est pas tout. »
Concernant les retombées qu’aurait pu apporter cette compétition à la ville de Metz, l’élu admet que dans la décision prise par le maire, cet aspect n’a pas été pris en compte: « les trois matches de l’Euro auraient coûté de l’argent à la collectivité puisqu’il y aurait eu des aménagements à faire, des parkings, louer des écrans géants. Cela aurait rapporté aux commerçant et aux hôtels mais il aurait fallu dépenser beaucoup ». Sur le manque de ferveur, les supporters messins ne sont pas en cause, le maire a été maladroit sur ce point: « lorsque l’on parlait de ferveur populaire, ce n’était pas pour les supporters car par définition, le supporter est dans la ferveur. En 2009, on se disait pourquoi pas ? On en parlait. Sauf qu’en 2012, nous sommes dans une période de crise et la perception du foot pour l’ensemble des personnes s’est délitée avec la Coupe du Monde 2010. [...] Nous n’avons eu aucune nouvelle qu’elle soit pour ou contre l’accueil de la compétition de la part du président des commerçants de Metz, Alain Steinhoff. Nous nous sommes sentis seuls. »
Quelques questions des internautes:Avez-vous eu des contacts avec Joël Muller qui devait en parti, gérer ce dossier « de stade », depuis sa prise en fonction de conseiller du président comme cela fut annoncé ?« Nous n’avons jamais vu Joël Muller, ni eu de contact avec lui sur ce point ».
Un arrêt du Mettis aux abords du stade est-il envisageable dans un futur proche ?« Le Mettis va continuer à évoluer, le maire de Longevilles-lès-Metz nous fait des demandes. Ce n’est pas à exclure. Il faut que l’on puisse aller au stade autrement qu’en voiture ».
Pouvez-vous vous engager à rénover et avoir des sanitaires dignes d’un stade professionnel pour ses supporters ?« Sur ce point, c’est au FC Metz de rénover les sanitaires. C’est de l’entretien donc à la charge du club ».
Êtes-vous prêt à renoncer au loyer que vous verse le club sur une durée de X années pour qu’il rénove son stade ?« Ce n’est pas une logique, le stade fait parti de la ville de Metz même s’il est basé sur la commune de Longevilles et nous ne sommes pas là pour le dilapider. La mairie n’est pas opposée au FC Metz, le FC Metz fait parti du patrimoine de la ville plus que tout en terme de sport. [...] Mais si un jour, il y a une bonne opportunité et que quelqu’un veut mettre 15 millions d’euros pour racheter le stade… . Mais aujourd’hui, nous ne sommes pas dans la logique de le vendre. En sachant que 15 millions d’euros, c’est une estimation et non pas une expertise. [...] Par ailleurs, la ville subventionne le FC Metz à hauteur de 900 000 € par an. Puisque nous n’avons pas le droit de le faire directement pour le club, nous le faisons pour le centre de formation. Il faut savoir que le FC Metz est la première subvention de la ville pour un équipement, association sportive. Pour comparaison, le handball c’est 200 000 €.
Confirmez-vous les 10 millions d’euros que Dominique Gros a promis pour la rénovation ?« Oui, le maire s’est engagé et il maintient cette somme pour le stade. Il le fera avec un projet dans le temps et la rénovation ».
Que va-t-il se passer désormais ?« La ligne n’est pas coupée même si les relations se sont un peu tendues depuis. Nous allons recontacter Patrick Razurel pendant que Dominique Gros va, de son côté, rappeler Bernard Serin. »
http://www.sociosfcmetz.fr/20120405-eur ... confiance/