Michel Seydoux : « J'ai dit à Gervais (Martel), on fait 80 000 places ensemble... »Le Grand Stade, c'est la deuxième partie mais une sacrée partie quand même ?« Les échéances se rapprochent. Oui, c'est pas mal quand même au bout de dix ans. Quand on sait ce que c'est de construire en France. On peut ressentir une certaine fierté d'être lillois. Je ne pense pas que ce projet aurait pu aller plus vite. Il a été absolument à fond. Il a un mois de retard ce qui est assez exceptionnel. Je me prononcerai le jour où j'aurai les clés et que j'entrerai dedans avec les joueurs car je ne n'y rentrerai pas tout seul. On est dans un pays où construire un outil pareil, ce n'est pas facile. Donc chapeau. Car il est là à l'heure. On est en train de prendre de l'avance sur nos concurrents et ça, ce sera utile. En échange de quoi, on fait des investissements colossaux dessus. C'est une prise de risque importante car ça va augmenter les charges du club d'une façon lourde. »
- Mais le financement aurait pu être plus lourd ?« C'est un choix politique et j'assume ce choix. On m'aurait dit vous le faites tout seul, je n'aurai pas fait celui là d'abord. C'est un outil superbe qui a ses avantages. Qui a à mon avis un rapport qualité/prix exceptionnel. Il ne coûte rien par rapport à ce que l'on fait aujourd'hui. Il coûte 285 millions (l'ensemble du PPP de 324 millions inclut les annexes) par rapport au 360 de Lyon, sans toit ouvrant et de tribunes amovibles à l'intérieur. La communauté urbaine se sera dotée d'un outil aux meilleures conditions économiques car il n'y aura pas de surcoûts. »
- Vous parlez d'un retard d'un mois...« Oui mais par rapport au 16 juillet, qui est la date de la livraison contractuelle. Donc un mois, c'est par rapport au 11 ou au 18 août. J'ai gagné une semaine et je peux vous dire que j'étais content à la Ligue que l'on ne démarre pas le 4 août. J'ai un peu œuvré. »
- Pensez-vous avoir commis de grosses erreurs en dix ans ?« Je crois que ce qui peut avoir le plus de conséquences, c'est de ne pas prendre de décisions. L'immobilisme est le truc le plus dangereux. Aujourd'hui quand je regarde le fonctionnement des clubs autre que le LOSC, c'est la lisibilité qui fait la différence. Celui qui performe a une lisibilité très simple. On essaye d'avoir un organigramme relativement simple. Qui me permet d'une grande cohérence et en tout cas, pour moi, qui me convient dans mes manettes. Je reviens toujours sur le pilotage. »
- Le football, des gens ont dit lors de votre arrivée que vous n'y connaissiez rien. Est-ce que vous aviez cette impression et est ce qu'aujourd'hui vous pensez avoir progressé ?« Je crois qu'aujourd'hui je commence à m'y connaître. J'ai beaucoup appris. J'ai appris très vite, en quelques mois, le système économique du football. Face aux appels des sirènes, il fallait que je sois performant. Ce que je ne connaissais pas ce sont les rouages. Quels étaient les intermédiaires, comment ça fonctionnait »
- Le milieu quoi ?« Le mot est adapté. Il a fallu très rapidement que je prenne des cours du soir. Ce n'est pas très compliqué. Après le foot, c'est le sport le plus simple et le plus compliqué. C'est une relation avec des gens et pour que ça fonctionne, il faut qu'un ensemble de paramètres de la vie collective soit en place. A chaque fois que j'ai eu la chance de faire un film à succès, il y avait une sorte d'ambiance autour, dans la préparation, le tournage, le montage. On avait créé un groupe solidaire. Pour que l'ensemble de la machine soit en production positive, il faut qu'il y ait un projet. J'en reviens à ma lisibilité. Sans arrêt, mon rôle est d'écrire ce projet et de faire en sorte qu'il soit approprié par ceux qui y participent. Il faut que mon projet soit crédible. J'ai l'impression d'avoir monté un projet extrêmement ambitieux. Je me rappelle d'un repas avec Gervais Martel, à mes débuts, à l'Huîtrière.
J'ai dit à Gervais, on fait 80 000 places ensemble. Je venais d'étudier le dossier de Milan. Je trouvais ça génial. Il m'a pris pour un cinglé. Je lui en ai reparlé il y a deux jours et il m'a dit : "oui je t'ai pris pour un cinglé mais j'ai eu tort de te prendre pour un cinglé". C'aurait été fabuleux et je pense que Lens ne serait pas au niveau où il est et nous on serait au niveau où on est. » http://www.lavoixdessports.com/LOSC/201 ... fait.shtml