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http://www.lepoint.frhttp://www.lepoint.fr/sport/le-psg-veut ... 230_26.php " Le Paris SG peut-il évoluer ailleurs qu'au Parc des princes ? Difficile à imaginer. Pourtant, d'ici à la fin du mois d'avril, la direction du PSG va annoncer si l'aventure se poursuit entre le club de la capitale et son enceinte historique. Les possibilités qui s'offrent aux dirigeants parisiens sont multiples même si un passage - temporaire, voire définitif - au Stade de France semble inévitable.
En effet, pour répondre aux ambitions des dirigeants parisiens, le Parc des princes se doit de faire peau neuve. Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, ne voit pas le club qu'il essaye de hisser parmi les plus grands d'Europe évoluer dans une enceinte de moins de 60 000 places. Et c'est là que le bât blesse puisqu'actuellement le Parc des princes ne peut rassembler que 45 700 spectateurs. Mais le problème ne tient pas qu'à une question de capacité ou de taille. En décembre dernier, le directeur sportif du club, Leonardo, mettait un coup de pied dans la fourmilière en déclarant : "À Paris, nous jouons dans un stade vieux et inadapté, où il y a des concerts et des manifestations qui détruisent la pelouse. On n'en peut plus." Cris d'orfraie des supporteurs et de la ville de Paris.
Un Parc des princes trop vétuste
Alors, même si, depuis, Nasser Al-Khelaïfi est monté au créneau pour éteindre l'incendie, la réalité est bien là : l'enceinte dessinée par l'architecte Roger Taillibert en 1972 n'est plus adaptée aux exigences du haut niveau. Même Nicolas Sarkozy y est allé de son petit mot, dans les colonnes du Parisien, jeudi : "Au Parc des princes, il n'y a pas de parking, c'est un problème." La rénovation de l'enceinte parisienne est de toute façon incontournable. D'abord pour répondre aux ambitions démesurées du fonds d'investissement Qatar Sports Investments (QSI), propriétaire du club, mais aussi pour être en conformité avec l'UEFA. En effet, en vue de l'Euro 2016 en France, l'instance du foot européen a établi un cahier des charges très strict concernant les stades qui souhaitent accueillir les rencontres du Championnat d'Europe. Sans un réaménagement profond du site de la porte de Saint-Cloud, aucun match ne se déroulera à Paris, capitale du pays organisateur. Du jamais-vu, ou presque.
Sauf que, là encore, les dirigeants du club parisien ne sont pas comblés, le projet de rénovation ne correspondant pas à leurs attentes. L'exploitation du stade de l'Ouest parisien à compter de 2014 sera attribuée par la ville de Paris, propriétaire du Parc des princes, via un bail emphytéotique administratif de 60 ans. Conjointement, Vinci et Colony Capital se sont positionnés. Après avoir été retoqué une première fois, le nouveau projet du groupement Vinci-Colony prévoit d'augmenter la capacité de l'enceinte historique du PSG à 50 300 places. C'est peu... Il s'agit pourtant du maximum réalisable en tenant compte des nombreuses contraintes inhérentes au quartier (boulevard périphérique, tissu local réticent, etc.).
La décision des dirigeants qataris dans les semaines qui viennent est donc attendue comme le messie. S'ils refusent le projet de rénovation, l'hypothèse du Stade de France s'imposera d'elle-même. Mais, même en cas d'accord, l'enceinte de Saint-Denis attendra alors le club de la capitale les bras grand ouverts puisqu'un stade doit bien assurer l'intérim durant les deux années que dureront les travaux de réaménagement au Parc des princes.
La tentation du Stade de France
Et c'est là que le piège se referme. Car le retour du PSG à la porte de Saint-Cloud est loin d'être assuré. Aucun contrat ni aucune clause ne lient indéfectiblement le club de la capitale au Parc des princes. Personne n'ose réellement envisager l'installation définitive du club de la capitale à Saint-Denis, mais le risque est bien présent. La ville de Paris tout comme Colony Capital ont pourtant bien prévenu : il n'est pas question d'engager une profonde et onéreuse refonte du site historique du club si le PSG ne le remplit pas. "Le Parc, c'est l'ADN du PSG, le club y est intimement lié et je vais tout faire pour qu'il y reste. La seule option sur laquelle je me refuse de travailler, c'est une installation du PSG au Stade de France", déclarait Sébastien Bazin, président de Colony Capital, en mars dernier. Et le déménagement de l'équipe parisienne impliquerait une succession d'événements malencontreux : retrait de Colony Capital et de Vinci du projet, absence de travaux dans les temps impartis, nouvel appel d'offres de la municipalité, etc. Et en prime, aucun match de l'Euro 2016 à Paris...
Le Paris SG a donc les cartes en main. D'autant que le président Nasser Al-Khelaïfi est délégataire de l'image et des ambitions sportives du Qatar, qui accueillera la Coupe du monde de football en 2022. Le PSG ne peut donc pas évoluer dans un stade de seconde zone sachant que Lille, Marseille et Lyon vont entamer d'importantes modernisations propulsant leurs enceintes parmi les grands standards européens. Alors, sauf retournement de situation exceptionnel dont les Qataris sont capables, le club de la capitale évoluera à un moment donné au Stade de France.
Enjeux économiques et politiques
Et avec cette hypothèse, de nouveaux acteurs entrent en jeu. Car même si l'État est propriétaire de l'enceinte de Saint-Denis, c'est le consortium Bouygues-Vinci qui est chargé de l'exploitation du site. Et si le PSG venait à s'installer définitivement, cela en arrangerait plus d'un. D'abord l'État, obligé de verser une indemnité annuelle au consortium en raison de l'absence de club résident (7,5 millions d'euros en 2010 et 5 millions en 2011). Et en période de crise, il serait bien vu de mettre un terme à cette dîme systématique. Même s'il ne veut prendre aucune position sur ce dossier épineux, Nicolas Sarkozy, grand fan du club, s'est laissé aller à une petite remarque : "Une chose est sûre, c'est que le PSG n'aurait aucun mal à remplir les 80 000 places du Stade de France."
Le président-candidat n'est pas le seul dans cette position. Le consortium composé de Vinci à 67 % et de Bouygues à 33 % pourrait éventuellement se serrer pour laisser une place confortable aux dirigeants qataris du PSG. Cette possibilité a été démentie de toute part, mais l'idée est loin d'être saugrenue tant elle s'inscrit bien dans la stratégie d'ensemble des fonds souverains des pays du Golfe. Et c'est sans compter les intérêts colossaux qui sont en jeu. QSI pourrait effectivement investir jusqu'à 300 millions d'euros pour acquérir entre 30 et 40 % des parts du consortium en cas d'augmentation du capital. De quoi combler la chute des bénéfices réalisés par le Stade de France l'an dernier (trois millions d'euros) et donner du baume au coeur à Vinci et à Bouygues.
Pour autant, les deux groupes ne comptent pas se mettre en retrait "gratuitement". Ils espèrent bien que le Qatar leur rende la pareille. Car la Coupe du monde de football de 2022 s'annonce à l'image du pays organisateur : démesurée. Le Qatar doit effectivement réaliser des travaux titanesques pour ses infrastructures et ses stades. Ce marché représente près de 100 milliards de dollars et nul doute que Vinci et Bouygues se verraient bien en décrocher quelques-uns. Mais, cette fois-ci encore, ce sont les Qataris qui ont les clés du dossier. Ils feront ce qui sert le plus les intérêts du Paris SG, disent-ils. C'est-à -dire les leurs. "