L1 - LOSC : Partouche rêve du Grand Stade
Maurice Schulmann : « Partouche est intéressé par le naming ». Partenaire du LOSC depuis 1998, le groupe Partouche est également le second actionnaire principal du club nordiste. Entre la découverte de la Ligue des champions, le titre de champion de France, et prochainement l'arrivée du Grand Stade, la marque a vu son sponsoring prendre une nouvelle dimension, comme l'explique Maurice Schulmann, le directeur marketing du groupe.
Comment avez-vous vu le club évoluer depuis une dizaine d'années ?
Nous, sur la partie sportive, nous ne mettons pas notre grain de sel. Le président Seydoux manie cela d'une main de maître, et il nous a fait rêver l'an dernier. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais il gère le club en bon père de famille, en réalisant des coups chaque saison. Chaque année, le LOSC aurait pu se retrouver dans une situation financière compliquée, et finalement, avec une très bonne gestion, des recrutements intéressants, et des ventes importantes, notamment à l'OL (Bastos, Bodmer, Keita...), cela a permis de tenir le choc et d'affronter certains dossiers comme celui du stade, qui dure quand même depuis dix ans. Grâce à un très bon management, le club a passé toutes les difficultés et a obtenu des résultats, tout en procurant du spectacle dans un stade plus que moyen. Le spectacle, c'est d'ailleurs une chose qui nous réunit, le groupe Partouche et le LOSC, car nous vendons tous du show.
Qu'est-ce qui a poussé le Groupe Partouche a rejoindre le LOSC en 1998 ?
Initialement, il y a eu un appel d'offres dans la ville de Lille pour l'obtention du casino. Nous étions déjà à Saint-Amand-les-Eaux, qui est à 20 minutes de Lille, et nous avons donc participé. Isidore Partouche, qui s'amuse à dire qu'il est nordiste depuis sa naissance puisqu'il est parti d'Afrique du Nord pour le Nord de la France, est un fan de football, et il a accepté l'opportunité de participer à la relance du club de Lille. Par la suite, il a renforcé sa présence financière, mais pour le groupe, cet investissement n'était pas une opération marketing. C'était juste Isidore Partouche qui rentrait dans le club, un simple investissement de cœur. Nous étions très discrets sur notre présence à Lille, peu de personnes savent par exemple que nous sommes le deuxième actionnaire du club avec 40 % des parts. Bon, aujourd'hui, maintenant que le club est devenu un vrai vecteur de communication, on s'amuse un peu plus à mettre en avant cette collaboration. Nous avons ainsi une exclusivité totale sur le maillot. Le maillot du LOSC, c'est le bébé d'Isidore Partouche.
Après le maillot, pourquoi ne pas donner votre nom au futur Grand Stade ?
Partouche est intéressé par le naming, et nous l'avons fait savoir depuis plusieurs années déjà . Maintenant, ce qui est le plus compliqué, c'est que ce n'est pas le LOSC qui a la main sur le dossier, mais la LMCU (Lille Métropole Communauté Urbaine). Le football évolue aujourd'hui dans une bulle spéculative, et je trouve qu'il n’y a pas d’adéquation entre l'offre et la demande. Ceux qui ont ce naming entre les mains souhaitent des sommes bien au delà du prix du marché.
« Le principal, c'est d'être européen »
On parle de cinq millions d'euros par an...
Oui, c'est cinq millions par an sur un contrat de dix ans. A la rigueur, sur une période plus courte, pourquoi pas, mais sur dix ans, c'est une opération énorme, même pour un groupe comme Partouche. Lorsque vous regardez le stade de Valenciennes, il est magnifique, mais il n'a pas de nom et c'est bien dommage.
Donc le prix demandé est trop élevé pour le groupe Partouche ?
Tout ce que je peux vous dire, c'est que Partouche s'est porté acquéreur. Nous avons fait une proposition sur dix ans, mais pour une somme inférieure à cinq millions d'euros. Maintenant, nous verrons bien.
Je m'adresse à l'actionnaire cette fois-ci. Ne craignez-vous pas de fêter le nouveau stade sans Ligue des champions à la clé ?
Oui, évidemment, il y a un risque. Si vous me demandez si j'aurais préféré faire le doublé en 2012 et rien l'année dernière, évidemment, oui, je signe tout de suite. Je ne réponds qu'en mon nom. Nous produisons du spectacle, et quand vous avez la chance de recevoir les grandes écuries européennes dans un beau stade, c'est magique. Cela nous permet d'atteindre de belles audiences. Donc forcément, ce serait dommage de ne pas avoir de Ligue des champions, tant en termes de spectacle que de ressources financières. Maintenant, le principal, c'est d'être européen. La Ligue des champions serait la cerise sur le gâteau, mais il faut à tout prix être européen pour l'arrivée dans le Grand Stade. C'est en tout cas ma vision des choses.
Propos recueillis par Jérémy Lenormand