Metz : stade critiqueEntre des chiffres qui valsent, des couleurs politiques différentes et une valeur sportive en baisse, le terrain était trop miné pour assister à l’émergence d’un stade européen.
Quand le sens de la réalité est aux affaires, c’est le rêve qui paie l’addition. Les plus ultras, ou les plus optimistes, avaient cru à un possible arrangement de dernière minute, qui eût vite fait de prendre l’allure d’un consensus extraordinaire, mais la position de la Ville de Metz (du 29 février) était un aveu en béton. Il n’y aura pas un Saint-Symphorien version Euro 2016.
GRAND ANGLED’ailleurs, le chef suprême des Grenats, Bernard Serin, n’a pas été, hier, au cœur des débats municipaux. La rose socialiste avait envahi les esprits, naturellement braqués vers la venue en Lorraine du candidat à la présidence de la République, François Hollande. Le dossier Grand stade, selon Didier Pardonnet, directeur du cabinet du maire de Metz, a été évoqué parmi d’autres points d’actualité : « On ne revient pas sur la décision ».
Aucun rendez-vous physique, donc, n’a été programmé entre la cité messine et son club. Dominique Gros, peu enclin à s’exprimer avec la presse, ayant téléphoné en revanche à Bernard Serin puis échangé avec Patrick Weiten, le patron des Mosellans. Ces derniers ne pouvaient faire autrement. Ils se sont retrouvés lors d’une commission permanente au Conseil général. Une immense prudence, sorte de chape de plomb, ayant été décrétée afin de ne pas mettre davantage d’huile sur le feu après ces logorrhées aigres-douces.
Pour Didier Pardonnet, la Ville de Metz a, évidemment, pris le meilleur chemin possible. Celui de la sagesse. « On nous cite la somme de 45 millions d’euros. Ce n’est pas vrai. Nous avons aussi des informations précises, y compris des architectes. 45 millions, c’est le chiffre du projet de 2007. Or, le projet actuel n’a plus rien à voir. Tout était à reconsidérer de fond en comble. » Alors, combien, cinq ans après ? La mairie messine, arguant de précisions également obtenues du cabinet ministériel, place le dépassement à des sommets vertigineux : entre 60 et 65 millions ! « On ne va quand même pas sortir les courriers pour prouver notre bonne foi , enchaîne Didier Pardonnet. Le maire est souverain de ses décisions et nous ne sommes pas au tribunal. »
Celui du peuple, peut-être. Et en ce domaine, toutes les parties liées au projet Grand stade s’arrogent le pouvoir de brandir la vox populi en argument suprême à partir de lettres ou de mails. Mais il aurait fallu un référendum messieurs-dames ! Si tout le monde s’intéresse au FC Metz, tout le monde ne s’installe pas dans les tribunes à Longeville-lès-Metz.
Du neuf quand mêmePourtant, que les supporters et aficionados invétérés se rassurent. Le Grand stade est mort, vive le Grand stade ! En gros, la rénovation du temple mosellan du ballon rond, labellisé Euro 2016, pourrait renaître de ses cendres. « Etudier le dossier sous une autre forme », murmurent les proches du premier magistrat de la commune, soudainement devenue un terrain de jeu politique, comme le démontre aussi la bataille rangée à propos du rachat du club de tennis, le SMEC, par le tournoi professionnel du Moselle Open.
Une guerre s’achève, un autre combat commence pour le FC Metz de Bernard Serin : « Je veux avoir l’assurance de revenir à la situation de novembre (2011) avant que l’on parle de l’Euro.
La Ville s’était engagée à nous aider à rénover le stade à hauteur de dix millions. Ce serait une double incompréhension si on ne reprenait pas les démarches entamées depuis quatre ans ». Dans un communiqué, la municipalité précise qu’elle « demeure évidemment disposée à évoquer les relations entre le FC Metz et la Ville, notamment la question des futurs travaux liés au stade, avec l’équipe dirigeante du club. » Si on n’a plus de footballeurs en Ligue 1, on est en passe d’avoir les champions des tours de tables. Vive le maintien du dialogue mais à quand du beau et du concret ?
Car avec une quatrième tribune différemment relookée, Saint-Symphorien pourrait avoir sa place au musée Pompidou lors d’une exposition (permanente) d’art moderne de seconde zone.
Bernard Serin : « Il y a urgence ! »Le président du FC Metz persiste et signe: le projet du Grand stade dans le cadre de l’Euro 2016 était sain. Il attend une réponse à sa question : « Demain, on fait quoi ? »
On revient à la case départ ? « A la situation de novembre quand on était en train de travailler sur cette rénovation. La Ville, à ce moment-là , s’était engagée pour 10 millions d’euros. Tout suivait son cours. Je ne comprendrais pas que l’on ne revienne pas à cette situation. Voilà quatre ans que l’on travaille sur le dossier. »
• Le projet était-il si avancé ? « Oui, très avancé. La SEBL (Société d’équipement du bassin lorrain) était mandatée pour le suivre sur tous les plans. Beaucoup de personnes peuvent en témoigner. Un adjoint (Richard, Lioger) avait été désigné pour suivre le projet. Je ne vois pas ce qui pourrait, aujourd’hui, motiver un changement. Ce serait une deuxième incompréhension après le refus de soutenir le Grand stade dans le cadre de l’Euro. »
• Car les travaux de rénovation demeurent nécessaires…
« Plus que jamais. La tribune sud est complètement obsolète, décalée. Les vestiaires datent des années 60, les travées ont plus de 40 ans, La Ville de Metz est d’accord sur ce constat. »
• Le coup est-il rattrapable ? « Avec l’Euro, nous avions la possibilité de proposer une solution cohérente avec une toiture homogène car pour l’instant, nous avons des tribunes hétéroclites construites à des époques différentes. On voulait bien faire. »
• A combien se chiffrerait le remplacement de la tribune sud ?
« 25 millions. »• Pour combien de places gagnées ? « 3500 places nettes car ce sera aussi l’occasion d’offrir un meilleur accueil aux partenaires. C’est indispensable. Ce sont eux qui nous apportent des recettes supplémentaires. Il y a urgence à mettre le stade en conformité. »
« 45 millions, pas 60 »
• Quel sentiment prédomine ? « Toujours l’incompréhension mais je ne vais pas me la passer en boucle.
Les anciennes tribunes ont été rénovées pour 50 % par la Ville 50 % par le Département. Là , avec le projet de l’Euro, c’était 20 % pour chacun. »• La Ville parle d’un budget final allant jusqu’à 60 millions. Qui a raison ? « Pas du tout,
c’est 45 millions. Le chiffrage date d’un mois. Le cabinet d’architecte allemand était le seul à disposer précisément des plans entre les mètres cubes de béton, les mètres carrés de carrelages et la longueur des canalisations. Les autres ont jugé au doigt mouillé.
Je rappelle que nous avions proposé un audit du chiffrage. »• Comment auriez-vous pu assurer le dépassement budgétaire alors que votre masse salariale est encadrée ? «
Le projet était tellement important que le risque d’un, deux ou trois millions de plus valait la peine d’être pris. Et il s’agissait d’un financement immobilier à long terme alors que les contrats des joueurs durent deux ou trois ans. »
• Est-ce que la mise en avant de vos partenaires privés aurait eu une influence sur le cours des choses ? « Non. Le projet prévoyait 10 000 m² de bureaux avec des occupants restant à trouver mais toutes les sociétés de travaux publics concernées possèdent des sociétés immobilières. »
A. T.
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