UN PROJET D’ARENA À PICOT Le projet ambitieux intéresse Bouygues et Vinci.
On ne parle plus du stade Picot Euro 2016, mais d’une « Arena », projet unique en son genre en France : le stade couvert et avec pelouse synthétique serait aussi la plus grande salle polyvalente de l’hexagone, seule capable d’accueillir des spectacles « de tournées internationales qui ne peuvent se produire actuellement en France. » On change donc vraiment de braquet et d’ambition. La Communauté urbaine du Grand Nancy devrait trancher avant la fin de l’année entre les deux postulants à la signature d’un bail emphytéotique administratif afin de procéder à l’extension, puis l’exploitation de la future grande infrastructure.
Initiateur du projet, l’ASNL a déposé, au travers de sa filiale créée pour l’occasion « Picotgest », un dossier en association avec le groupe Vinci. Les postulants cherchent actuellement un troisième partenaire, spécialiste de la création d’événements culturels et sportifs, qui pourrait apporter son savoir faire dans la gestion de grands événements. On sait également que le groupe Bouygues a répondu à l’appel d’offres lancé par la CUGN. Son offre aurait été concertée avec le groupe Véga, gestionnaires de grandes structures dont le Zénith de Nancy, mais son PDG, Emmanuel De Lanurien assure ne pas avoir donné suite à la sollicitation. « Nous avons été approchés, nous avons même rencontré les gens du club, mais l’affaire devenait tellement casse-gueule que nous avons renoncé », explique-t-il. « Quand on met d’un côté les business plans de l’ensemble des grandes salles et stades en projet actuellement, et la réalité du marché du spectacle vivant, il y a de quoi avoir le vertige » estime-t-il.
Directeur général de l’ASNL, Nicolas Holveck n’a évidemment pas le même point de vue. « Le stade couvert sera le seul à pouvoir accueillir des grands spectacles comme le Cirque du Soleil par exemple, mais aussi des familly show, des spectacles motorisés, des grands opéras qu’on ne peut pas voir en France, parce qu’ils tournent entre octobre et avril, et qu’aucune salle ne peut les accueillir. » L’idée serait d’abriter deux à trois grands spectacles de ce genre dans l’année, mais aussi des événements « comme des lancements nationaux de voitures par exemple ». Cette activité complémentaire assurerait 35 % environ des recettes annuelles de la future Arena. « De tels projets existent et ont prouvé leur rentabilité en Allemagne » assure Nicolas Holveck.
LE SEUL… AVEC LILLE
Le projet s’appuie d’ailleurs sur les recommandations d’une étude lancée par l’ex-ministre des sports Rama Yade, qui avait fait plancher une commission (1) sur la création d’un réseau d’une vingtaine d’Arena pouvant aller jusqu’aux 30 000 à 35 000 places envisagées à Tomblaine. Pourtant le format préconisé se situe plutôt autour des 10 000 à 15 000 places, et s’appuie sur des clubs de handball ou de basket et non sur le football de haut niveau.
Seuls deux stades en fait envisagent pouvoir se transformer en immense salle de spectacle : le nouveau stade de Lille avec ses 280 M€ d’investissement financés par la communauté urbaine, et géré en partenariat public privé avec Eiffage, et le stade Picot. Le premier aura un toit rétractable, le second un toit fixe. Ici, l’enveloppe tourne autour de 70 M€, et fait l’objet d’un montage complexe croisant financements privés et publics. À Lille, le stade de 50 000 places en configuration foot et 30 000 pour les spectacles pousse dans une agglomération de « plus d’un million et demi d’habitants » explique Lille Métropole qui se félicite de se doter ainsi « du premier Grand Stade multifonctionnel de France. »
(1) Le rapport d’une centaine de pages est téléchargeable sur :
www.ladocumentationfrancaise.fr/rapport ... 104000122/http://www.estrepublicain.fr/actualite/ ... na-a-picot