Le nouveau stade de Nancy, un gouffre financier… au frais des contribuables.Ce n’est pas demain que l’AS Nancy Lorraine jouera à guichets fermés. Et peut-être pas non plus après-demain.
Depuis le début de la saison de football, le club de Ligue 1 a accueilli en moyenne 14 449 spectateurs à domicile,
alors que son stade dispose d’une capacité de 20 087 places. Et cela ne va pas s’arranger, car l’équipe lorraine
est actuellement la lanterne rouge du championnat et pourrait, du coup, se retrouver l’an prochain en Ligue 2.
Autant dire que l’ASNL risque bien de jouer devant un stade aux trois-quarts désert, une fois que sera réalisée
l’extension à 32 000 places de ses tribunes. Ce projet absurde, auquel s’accroche André Rossinot,
le maire de Nancy, coûterait entre 55 et 70 millions d’euros, selon les sources. Une somme que les contribuables
locaux vont devoir éponger.
Mais pourquoi faut-il donc qu’André Rossinot tienne tant à ce stade de foot mégalomaniaque, que 57% de
ses administrés vont jusqu’à trouver «inutile», selon une enquête TNS Sofres de juin 2011. Le prétexte
c’est bien sûr l’organisation, par la France, du championnat d’Europe des nations en 2016. Pour accueillir
cette compétition, notre pays était prié d’aligner 12 stades aux normes fixées par l’UEFA.
Si des agglomérations comme Montpellier, Nantes et Rennes ont refusé de participer, le maire de Nancy a
insisté pour se fourrer dans le guêpier, sans qu’on sache très bien pourquoi. Les retombées économiques
des quatre matchs internationaux disputés à Nancy ? Elles seront négligeables. Il n’empêche que la Communauté
urbaine du Grand Nancy (CUGN) devra entretenir pendant des décennies une enceinte «inutile» et démesurée,
alors que le stade Marcel Picot, dans sa configuration actuelle à 20 000 places, coûte déjà 5,2 millions d’euros
par an aux Nancéiens. Il est vrai que cette addition a été calculée par Hervé Féron, le maire socialiste de
Tomblaine (commune qui héberge le stade), en épluchant les comptes de la CUGN.
Mais personne ne l’a contestée. A une subvention annuelle de 1,5 million d’euros en faveur de l’ASNL
s’ajoutent en effet 1,5 million de remboursement des emprunts souscrits pour les travaux précédemment
réalisés à Marcel Picot, et 2,2 millions de frais d’entretien et de mise à disposition de personnel.
A ce prix-là , Nancy aurait très bien pu laisser l’ASNL payer toute seule la facture de l’extension à 32 000 places.
C’est d’ailleurs ce que Jacques Rousselot, le patron du club, continue étrangement de prétendre :
«L’ASNL financera l’intégralité des travaux», affirme le site internet de l’équipe au chardon.
Un double langage, car Nicolas Holveck, le directeur général de l’ASNL, a tenu à nous préciser par
Email que l’Etat apporterait 8 millions d’euros, la CUGN 25 millions, tandis que le club (associé à Vinci)
emprunterait 30 millions d’euros.
En cas de défaillance de l’ASNL, cet emprunt pourrait même être remboursé par le contribuable.
Car une loi opportunément votée en avril 2011 permet en effet aux collectivités de se porter garantes des
emprunts souscrits par le secteur privé pour «la construction ou la rénovation des enceintes sportives
destinées à accueillir l'Euro 2016». A l’assemblée, le texte a été défendu en séance de nuit par
Valérie Rosso-Debord, députée de Meurthe-et-Moselle et adjointe au maire de Nancy. Dans les tribunes,
un autre Nancéien suivait attentivement les débats : Jacques Rousselot, le président de l’ASNL.
Etienne Gingembre
http://www.capital.fr/a-la-une/actualit ... les-637342