RC Lens: La chambre régionale des comptes fustige la drôle de rénovation du stade BollaertLa chambre des comptes critique la façon dont le club bénéficie de la gestion du stade Bollaert.
Avec la rénovation, entièrement publique de Bollaert, la redevance que paie le club chaque année à la mairie aurait dû être augmentée. Ce n’est pas le cas.
Fallait-il absolument rénover le stade Bollaert pour accueillir quatre matchs de l’Euro 2016 ? Au vu du rapport de la chambre des comptes des Hauts-de-France, qui a enquêté sur le sujet, on peut sérieusement se poser la question.
Publié ce jeudi, on y découvre comment le RC Lens a bénéficié de 70 millions d’euros de subventions publiques pour pouvoir rénover le stade Bollaert. Si le montant des travaux était connu, plusieurs incohérences ont été relevées par l’institution.
Depuis le 22 juillet 2002,
via la signature d’un contrat de bail emphytéotique d’une durée de 50 ans, le RC Lens utilise à sa convenance le stade Bollaert moyennant le versement d’une redevance annuelle à la ville de Lens (438.354 euros hors taxe).Un prêt de 11 millions sans intérêt ni échéancier accordé par la régionNormalement, les travaux de rénovation auraient donc dû être à la charge du club. Mais en 2012, alors qu’il est en difficulté financière, le Racing annonce qu’il ne pourra pas financer le chantier de rénovation. On arrête tout alors ? Que nenni. La région Nord-Pas-de-Calais, dont le président d’alors Daniel Percheron est un fan autoproclamé du club, vient au secours du Racing.
Elle prend
la maîtrise d’ouvrage du chantier financé à 84 % (soit 59 millions d’euros) par différentes collectivités territoriales (région, département, communauté d’agglomération) et accorde un prêt de onze millions d’euros (sans intérêt) au club pendant 25 ans. De l’argent public (nos impôts donc) que le club doit rembourser. Comment ?
Une redevance annuelle qui aurait dû être augmentée
Eh bien, en versant une partie de la redevance normalement prévue pour la ville directement à la région. Sauf que la chambre régionale des comptes tique pour plusieurs raisons.
Premièrement parce que la ville ne doit pas se priver de recettes auxquelles elle a droit par la faute d’un prêt qu’elle n’a pas contracté.
Deuxièmement,
le montant du loyer annuel, qui aurait dû être augmenté au vu des travaux de rénovation, ne l’a toujours pas été deux ans après la fin des travaux.Une procédure qui est pourtant indispensable. Si ce n’était pas le cas, l
es subventions engagées (59 millions d’euros) seraient alors qualifiées d’aides d’État, considérées comme irrégulières par la Commission européenne.
Une mairie étrangement passivePourtant, la mairie ne réclame rien, mais alors rien du tout.
La ville n’est pas tenue informée des conditions d’utilisation du stade par le club. Peu d’échanges et aucun compte rendu d’activité sur la gestion de l’équipement notamment pendant la durée des travaux.Il faudra attendre le rapport de la chambre des comptes en février pour que le maire de Lens demande, dans un courrier adressé à Gervais Martel, plus d’explications sur la gestion du stade….
Un changement de gestion du stade recommandéBref, c’est le flou et pour en sortir, la chambre des comptes recommande un changement de gestion du stade.
Le bail emphytéotique ne semble pas approprié. Un transfert vers la communauté d’agglomération de Lens-Liévin serait plus logique au vu de la qualité d’équipement intercommunal que représente Bollaert.Mais allez savoir pourquoi, cela n’a jamais été fait.
Pour quelle raison ? Peut-être parce que le statu quo arrange le Racing. Si le bail emphytéotique était remis en cause et que Lens était considéré comme club résident, sa redevance annuelle passerait de 438.000 euros à un million.
Une relégation et l’argent public ne sera jamais rembourséPour l’instant, le club, avant-dernier de Ligue 2, s’en sort bien sur ce terrain-là .
On ne peut pas en dire autant du contribuable qui peut légitimement se poser la question de l’intérêt général surtout si le club est relégué. En cas de catastrophe sportive, rien ne sera remboursé par le Racing. C’est la mairie qui devra colmater les brèches.