Lyon Capitale, par Justin Boche, Elise Anne
Exercice dans la fanzone à Lyon : vraie com’ et entraînement “utile”
Ce mardi soir, une simulation d’attentat kamikaze et à l’arme lourde a été organisée dans la fanzone place Bellecour. Un exercice “utile” pour les forces de l’ordre et un vecteur de communication important pour rassurer les futurs spectateurs français et étrangers avant l'Euro 2016 qui commence ce vendredi.
Les pompiers attendent sur les berges du quai Augagneur, dans le 3e arrondissement. Le pont Wilson est bouclé et les abords de la place Bellecour déserts. Les badauds vont voir les policiers pour comprendre la raison de cette démonstration de force.
À 20h30, le top départ est lancé. Les premiers pétards explosent et les mitraillettes factices canardent. Les fausses victimes s'allongent et gémissent. L'effet est relativement sidérant. Sur le toit d'une salle de réception, élus et personnes conviées à l'événement regardent l'exercice en cours. Les colonnes du Raid et de la BRI (brigade de recherche et d'intervention) avancent à pas mesuré sur le sable rouge de la place. Les images de BeInSport sur le grand écran continuent de défiler avant qu’un message blanc sur fond noir s'affiche après plusieurs minutes pour prévenir qu'il faut sortir de la fanzone pour se mettre en sécurité.
“Dans la fanzone il y a beaucoup d’obstacles et pour débusquer un terroriste c’est un peu au petit bonheur la chance”
Un véritable entraînement pour les forces de l'ordre. Les policiers présents expliquent que "l'exercice a été utile [pour la] reconnaissance du terrain et pour tester l’interaction entre les différents services". Un exercice pour les préparer aussi à une nouvelle menace terroriste : "Aujourd'hui, on a changé de technique d'intervention. Avant on fixait la cible et on sécurisait le périmètre avant d'intervenir. Aujourd'hui, les consignes, c'est d'abord de neutraliser la personne. Quand on sait qu'en face de nous on a un individu prêt à se faire sauter, il ne sert plus à rien de faire comme avant", explique Rachid Azizi, chef de la communication au sein de la direction départementale de la sécurité publique.
Ce nouveau mode de fonctionnement sera mis à l'épreuve par la complexité des lieux dans la fanzone : "Quand on voit la disposition des lieux dans la fanzone, ce n'est pas comme dans un stade où l'on sait qu'il y a telle chose à tel endroit. Ici, il y a beaucoup d'obstacles et pour débusquer un terroriste c'est un peu au petit bonheur la chance", poursuit M. Azizi.
“Welcome in France”
Un entraînement donc, mais aussi une vraie opération de communication pour rassurer les spectateurs. "Il y a une nécessité de montrer aux gens que l'on est sur un terrain sécurisé", insiste le préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Michel Delpuech. De nombreux médias sont présents. Une quarantaine de journalistes en tout, dont plusieurs venus d’Angleterre ou des États-Unis.
"L’Euro 2016 est une fête sportive et une fête du football européen. La France est un grand pays. Un pays fort. Et la France fera de ce moment un moment de communion et de fête. Les supporters seront en sécurité dans la fanzone, mais aussi dans le stade, les rues, les gares et partout ailleurs. Nous sommes en sécurité. Welcome in France", déclare le préfet aux différentes télévisions étrangères.
Pour Gavin Lee, journaliste à la BBC, cet événement "montre bien que la France est un pays sécurisé. Les supporters anglais qui viennent en famille n'en doutent pas et, s'il y a eu des appréhensions pendant les événements qui ont touché la France puis la Belgique, il n'y en a plus et ils viendront en France normalement sans penser à tout ça".
“Il ne fallait pas prendre ce risque”
Denis Broliquier, le maire du 2e arrondissement (qui inclut la place Bellecour), se demande si "ça va rassurer les gens ou développer de l’anxiété". Une question à laquelle il n'a pas de réponse. "Ce que je sais, c'est que cette anxiété est profonde, poursuit-il. Beaucoup d'habitants du 2e viennent me voir pour me dire qu'ils ont interdit à leurs enfants de passer à côté de la fanzone. Même ceux qui ont des enfants au collège ou au lycée. Depuis quinze jours, je reçois des gens inquiets à la mairie et je passe mes jours à les rassurer. Il ne faut pas nier que les gens ont peur", se défend-il après avoir été accusé par le maire de Lyon de "jouer sur les peurs". "Je vois que la police est au top et que les secours aussi. Je leur fais totalement confiance. Mais, pour moi, il ne fallait pas prendre ce risque", conclu le maire du 2e arrondissement.
Comme le scénario le prévoit, au bout de 30 minutes les pompiers arrivent quand la zone est sécurisée. "Ils arriveront plus tôt en temps normal. Là, c'est pour l'exercice", rassure le préfet. Il est 22 heures, la mise en situation se termine. Les fausses victimes sont prises en charge par le Samu et les pompiers. Le message d’alerte sur l’écran géant disparaît et laisse place au match Argentine-Chili. Le foot reprend ses droits.