Article sur la sécurité dans les stades et Fanzones. Meme si les moyens mis en oeuvre seront bien sur énormes, il est évident qu'il faudra y mettre du sien et que les gens, spectateurs, citoyens contribuent aussi a cette sécurité.
Stades, fan-zones, camps de base : le gigantesque dispositif de sécurité de l'Euro
Deux jours avant le coup d'envoi de l'Euro de football 2016, retour sur un dispositif de sécurité "exceptionnel". A l'image du contexte de menace, terroriste notamment, dans lequel il s'inscrit.
42.000 policiers, 30.000 gendarmes, 5.200 agents de la sécurité civile, une partie des 10.000 militaires de l'opération Sentinelle, au moins 13.000 agents de sécurité privée. Au total, plus de 100.000 personnes vont être sur le pont pour assurer, un mois durant, la sécurité de l'Euro de football 2016. Soit un peu plus que la capacité d'accueil du Stade de France. Du jamais vu. Le ministre de l'Intérieur a qualifié le dispositif "d'exceptionnel." A l'image du contexte de menace terroriste.
"Nous faisons tout pour éviter une attaque terroriste", a assuré Bernard Cazeneuve fin mai à "l'Equipe", rappelant que "0% de précautions, c’est 100% de risques, mais 100% de précautions, ce n’est pas le risque zéro."
C'était juste après la finale de la Coupe de France PSG-OM, le 21 mai au Stade de France. Et son fiasco en terme de sécurité : spectateurs agglutinés aux portes du stade, débuts d'incendies dans les tribunes, supporters ayant réussi à faire entrer fumigènes, casques de motos, bouteilles en verre et autres tuyaux de PVC... Un couac qui a fait tache, mais dont le ministre a, a-t-il assuré, immédiatement "tiré tous les enseignements."
Avant d'adapter fissa le dispositif afin, a-t-il expliqué, de "garantir la fluidité de l'entrée des supporters" dans les stades, "fiabiliser les contrôles de sécurité" d'accès aux enceintes et "sécuriser la sortie des matchs".
Alors que les stades de l'Euro s'apprêtent à accueillir 2,5 millions de spectateurs et que plus de 8 millions de supporters sont attendus, Bernard Cazeneuve a détaillé, quatre jours plus tard, le dispositif de sécurité qui doit encadrer un événement suivi par des dizaines de millions de téléspectateurs.
"Véritable coproduction", selon le ministre, entre l'Etat, les 10 villes hôtes (Lille, Lens, Paris, St Denis, Lyon, St Etienne, Bordeaux, Toulouse, Marseille et Nice) et les organisateurs, la sécurité de l'Euro n'en est pas moins un réel défi à relever en terme de sécurité. Retour sur les principales mesures (le dispositif complet tel que présenté par le ministère de l'Intérieur est consultable ici).
• Les stades
Dans le stade : A l'intérieur de l'enceinte sportive, la sécurité est à la charge de l'organisateur de l'Euro, la société Euro 2016 SAS. En fonction de la taille du lieu, plus de 900 agents de sécurité privée peuvent y être répartis.
"Selon la société organisatrice, quelques 9.000 agents au total vont être mobilisés dans les stades", indique le porte-parole du SNES (Syndicat national des entreprises de sécurité) Olivier Duran.
D'autres agents vont être mobilisés dans les fan-zones - environ 3.000 -, mais aussi les hôtels de transfert, terrains d'entraînement, centres de presse...
Des policiers et gendarmes pourront être positionnés dans les stades pour des missions de suivi judiciaire et de sécurisation. Le RAID, et le GIGN, y seront présents.
A l'extérieur du stade : Des policiers et gendarmes seront placés en périphérie des stades. Ils seront en mesure, si besoin, d'intervenir à l'intérieur.
Dans chaque enceinte sportive, un poste de commandement équipé de vidéosurveillance assurera la coordination entre les différents services : responsable de la sécurité de l'Euro 2016 SAS, du service d'ordre, du dispositif médical, du préfet et du parquet.
"C'est la plus grande opération de coopération sécurité privée-sécurité publique", insiste Olivier Duran du SNES. Il évoque une "logistique humaine très complexe" et estime que le rôle du public est jusqu'ici trop peu avancé. "La qualité de la sécurité, c'est le temps", tient-il à rappeler.
"Le public est un maillon essentiel de la chaîne de sécurité. Pour que les palpations puissent se faire sans précipitation, on lui demande par exemple de se présenter au stade suffisamment en avance. Arriver deux heures avant me semble raisonnable."
L'ex commandant fonctionnel du SPHP (Service de protection des hautes personnalités) aujourd'hui dirigeant d'une société de sécurité privée Pascal Bitot-Panelli le rejoint : "Les citoyens doivent être compréhensifs par rapport à une sécurité qui va exiger des mesures plus contraignantes. Il va falloir qu'ils le comprennent et n'hésitent pas à aider les forces de sécurité en signalant éventuellement un bagage suspect, des propos suspects ou autres choses bizarres vues ou entendues."
"L'axe majeur pour la gestion des flux est bien sûr la fluidité entrée-sortie. Ce qu’il faut surtout éviter c’est toute paralysie des flux, car cela devient une situation sécuritaire très risquée", rappelle-t-il également.
• Les fan-zones
Depuis plusieurs mois déjà, les fan-zones (un officiel par ville hôte) cristallisent les tensions. D'une capacité d'accueil variant de 10.000 à 90.000 personnes, ces lieux festifs de retransmission publique des matchs sont des espaces clos et modulables. L'accès y est gratuit, et contrôlé. Tous ceux qui y accèderont devront notamment faire l'objet d'une palpation.
Dans les fan-zones : Les fan-zones seront pourvues d'équipements de sécurité et de détection : barrières, équipes cynophiles, caméras, consignes pour les bagages, contrôle magnétique et portiques de détection pour certaines villes telles que Nice, Bordeaux ou Lyon. La sécurité à l'intérieur des fan-zones est assurée par des agents de sécurité privée. En nombre suffisant ? Avec assez de personnel féminin pour assurer les palpations des femmes ? Au lendemain du 13 novembre, le président du collège de l'organisme de contrôle du secteur, le CNAPS (Conseil national des activités privées de sécurité), Alain Bauer, avait lui-même appelé à leur suppression faute de moyens humains suffisants. "L'Etat n'a pas les moyens de se substituer aux opérateurs privés pour s'occuper des stades en plus du reste : Sentinelle, Vigipirate, les transports, les aéroports...", estimait-il encore début mai, préconisant l'emploi d'un agent de sécurité pour 100 supporters. Le SNES, lui, a appelé ses adhérents à se mobiliser pour fournir en personnels les villes demandeuses. En fin de semaine dernière, des recrutements d'agents étaient toujours en cours. Toutes les personnes travaillant pour l'Euro 2016, bénévoles compris, doivent être "criblées", soit passées au filtre des fichiers de police.
A l'extérieur des fan-zones : Policiers et gendarmes assurent la sécurisation de l'espace public autour des fan-zones. Ils peuvent intervenir à l'intérieur pour des patrouilles préventives, en civils également ou non, en cas de "troubles ou infractions", ou à la demande de l'organisateur.
Le cas de la fan-zone du Champ de Mars à Paris : Lundi 6 juin, le préfet de police de Paris Michel Cadot a précisé que la plus grande fan-zone pourrait accueillir entre 50.000 et 90.000 personnes, compterait 16 points de pré-filtrage, 6 entrées, de 332 à 479 agents de sécurité plus 200 volontaires, et mobiliserait de 750 à 1.100 policiers. Plus question, en revanche, de la fermer les jours de match au Parc des Princes et au Stade de France, comme le préfet l'avait récemment demandé à Bernard Cazeneuve en invoquant "l'état d'épuisement avancé" des forces de l'ordre et les menaces. En lui octroyant des moyens supplémentaires, le ministère lui a, a-t-il assuré, "apporté ce qu'(il) espérait en termes de réponse".
Pour la sécurité de l'Euro à Paris et dans l'agglomération parisienne, "nous sommes bien au-delà de 3.000 effectifs supplémentaires dès le démarrage de l’Euro et ce chiffre croîtra à partir de la mi-juin", a déclaré le préfet de police de Paris.
Des renforts en gendarmes mobiles et Garde républicaine sont aussi prévus.