L'EURO est menacé
Malgré les attentats de Bruxelles, les autorités assurent que le Championnat d'Europe ne sera pas annulé. Mais la question de la sécurité va peser et peut encore le remettre en cause.
Après la France, le 13 novembre 2015, la Belgique a été la cible hier d’attaques meurtrières. Il y a quelques jours, Salah Abdeslam, l’un des terroristes de Paris, a avoué voulu se faire exploser au Stade de France en marge du match amical des Bleus face à l’Allemagne (2-0). À deux mois et demi de l’ouverture de l’Euro, le 10 juin, la question de la sécurité du public et des acteurs de cet événement majeur revient au premier plan de l’actualité. Priorité absolue des organisateurs et des autorités, ce sujet a été abordé hier à Paris lors d’une réunion du comité de pilotage de l’Euro.
DES FANS-ZONES PEUT-ÊTRE FERMÉES
Selon les dernières déclarations émanant du comité d’organisation de l’Euro ou des services de l’État, la tenue de la compétition n’est pas remise en cause. Même son de cloche à la Fédération française par la voix de son président, Noël Le Graët, même si, en interne, on ne peut exclure que de nouveaux attentats sur le sol français, d’ici France-Roumanie, match d’ouverture le 10 juin au Stade de France, bouleversent cette position. «Ces attaques (à Bruxelles) nous rappellent tragiquement le haut niveau de menace auquel nous sommes confrontés, a confié Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur à la mi-journée. On ne peut pas rehausser en permanence ce qui est déjà à un niveau très élevé depuis janvier 2015.»
En effet, avant même les attentats de 2015 en France, la menace terroriste faisait partie des préoccupations majeures des différents responsables travaillant à l’organisation du Championnat d’Europe. Si la compétition en elle-même n’est pas menacée aujourd’hui, les fans-zones pourraient être fermées ou supprimées. Bernard Cazeneuve l’a clairement laissé entendre : «Il faut avoir la souplesse qui permettrait, le cas échéant, de reconsidérer nos positions sur telle ou telle fan-zone.»
DES PALISSADES ET DES DRONES POUR PROTÉGER LES STADES
«Jamais un événement d'une telle ampleur n'aura été surveillé et sécurisé à ce niveau», annonce Patrick Kanner, le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.
En effet, l’État a prévu un dispositif extrêmement renforcé pour l’Euro. Les policiers ont eu interdiction de poser des congés pendant la compétition et seront donc mobilisables à tout moment de la compétition. Les forces de l’ordre seront requisitionnées à chaque match pour assurer la sécurité à l’extérieur des enceintes. En outre, les périmètres de sécurité autour des stades seront entourés de palissades afin de les rendre hermétiques à une intrusion extérieure. Les fouilles seront particulièrement soignées avec, peut-être, l’emploi de portiques pour détecter les objets métalliques, comme dans les aéroports. «Leur efficacité dépendra du degré de sensibilité choisi, annonce un policier. Et si tous les stades en sont équipés, les gens vont devoir arriver très tôt sur zone sinon ce sera l’enfer pour les palpations.»
Par ailleurs, l’accent sera mis également sur la surveillance technologique. L’État prévoit d’accorder une importance toute particulière aux drones. Les pouvoirs publics pourraient en utiliser afin de surveiller les espaces depuis le ciel. Ils ont aussi testé des brouilleurs afin de rendre inopérants des drones extérieurs. Au-delà des fonctionnaires, chaque site aura aussi son lot d’agents de sécurité privée. À titre d’exemple, dans le cahier des charges édité par l’UEFA, les besoins en stadiers, les soirs de matches au Stade de France, la plus grande enceinte du tournoi, sont estimés à 1 222 personnes.
PLUS D'ARGENT POUR LES VILLES HÔTES
Le comité de pilotage, qui s’est tenu hier midi au ministère de l’Intérieur, en présence du ministre Bernard Cazeneuve, d’Alain Juppé, maire de Bordeaux et patron du club des dix villes hôtes, et de Patrick Kanner, a offert plus de moyens financiers aux communes accueillant des rencontres de l’Euro. L’enveloppe promise par l’État a été augmenté de 1,4 million d’euros pour grimper jusqu’à près de 5 millions. Les mesures annoncées après les attentats du 13 novembre 2015, principalement pour les fans-zones, qui constituent «la cible potentielle la plus évidente», selon l’un des maires, ont été validées.
Un périmètre de sécurité avec palpation systématique, une éventuelle détection d'objets métalliques, l'intervention de services de déminage ainsi que l'installation de systèmes de vidéosurveillance sont prévus. Ces mesures satisfont globalement les villes hôtes. «L’État est à nos côtés, ces décisions vont dans le bon sens. J’approuve cet arsenal sécuritaire, au-delà de toute considération politique. L’Euro est l’événement de l’année le plus risqué. Pour Toulouse, le budget sécurité représente 800 000 euros sur un total de 1,6 million environ», nous confie Jean-Luc Moudenc, le maire LR de la Ville rose. Pour la commune, déduction faite des aides de l’État et du comité d’organisation de l’Euro, le coût de la fan-zone de 12 000 places avoisinera le million d’euros.
Je les trouve assez alarmiste, mais c'est vrai que la sécurité va être un enjeu majeur de l'EURO, aussi au POL.