http://www.football365.fr/abandonne-ou- ... 9530.shtmlAbandonné ou sous-exploité… Touche pas à mon stade !
ENQUÊTE 365 / LES STADES SOUS-EXPLOITES Le 26/10/2015 - Aurélien CANOT
Les stades sous-exploités fleurissent en Europe, et notamment en France. Enquête sur ce phénomène de plus en plus courant.
Share29 Share5 Tweet11
1 0 Email1
Arsenal et Manchester City en Angleterre, la Juventus en Italie, Bordeaux, Nice et bientôt Lyon en France… Leur point commun ? Tous ces clubs ont quitté leur stade historique pour poser leurs crampons dans une enceinte moderne, plus grande et donc forcément plus rentable. Un phénomène à la mode qui ne fait pourtant pas l’unanimité chez les supporters, souvent nostalgiques de leur ancien stade. « C’est le lieu où les supporteurs se retrouvent, où les fans s’expriment et où les joueurs donnent leur meilleur, nous a expliqué Xavier Rivoire, auteur de ‘‘Stades de légende - 50 enceintes mythiques du football européen’’. Ça fait mal au cœur de voir que certains stades sont sous-exploités, inexploités ou laissés quasiment à l’abandon. C’est antinomique car le stade, c’est justement l’antithèse de la friche urbaine. »
Le MMArena transformé… en hôtel éphémère
En France, l’exemple le plus marquant se trouve évidemment au Mans. Bâti dans le cadre du premier contrat de naming en France pour la rondelette somme de 104 millions d’euros, le MMArena s’est éteint presque aussi vite qu’il est sorti de terre. Privée d’équipe résidente après le dépôt de bilan du Mans FC, ce stade lunaire végète en attendant un éventuel retour des Manceaux au plus haut niveau. Le MMArena, qui a accueilli un match de l’équipe de France masculine, deux rencontres délocalisées de Caen la saison dernière, mais surtout beaucoup de rencontres des Bleues ou des Espoirs, est donc contraint d’organiser des chasses aux œufs de Pâques géantes, des concerts d’artistes du coin ou de transformer l’enceinte en hôtel éphémère (il y a un an lors des 24 HEURES DU MANS
image:
http://cdncache-a.akamaihd.net/items/it ... -10x10.png) pour continuer d’accueillir du public et démontrer qu’il a une certaine utilité, aussi modeste soit-elle.
Une soucoupe volante laissée à l’abandon
« Il faut que le public considère que le stade est utile à tout le monde. C’est un axe très important qui nous permet d’avoir un public au rendez-vous pour les grands matchs », déclarait récemment Inès Rambure Mirigay, directrice générale du MMARena, interrogée dans So Foot. Le cas du stade manceau interpelle bien davantage Xavier Rivoire, notre expert ès-stades. « Le MMArena est typiquement l’exemple des stades modernes qui sont délaissés parce qu’ils ont été mal conçus ou sont sortis de terre à une période où le club allait mal. Aujourd’hui, quand on voit ce stade, c’est d’une tristesse absolue. C’est une sorte de soucoupe volante laissée à l’abandon et les Martiens sont partis depuis longtemps. »
Highbury et Grimonprez-Jooris ont été rasés
Pas de Martiens, ni de soucoupe volante à Lyon. Mais un décollage imminent pour le nouveau stade. Au même titre que les Girondins (qui ont délaissé le stade Chaban-Delmas pour le Matmut-Atlantique) ou les Niçois (partis du vétuste stade du Ray pour l’immense Allianz-Riviera), l’Olympique Lyonnais s’apprête lui aussi à prendre ses quartiers dans une toute nouvelle enceinte. Là aussi, l’architecture donne dans l’avant-gardisme et l’OL a vu les choses en grand, avec un stade pouvant accueillir beaucoup plus de spectateurs (60 000 contre 42 000). Au risque de ne jamais retrouver l’âme historique de Gerland… Et surtout, quel avenir pour le mythique stade de l’avenue Jean-Jaurès ? Faut-il craindre le même sort que pour Highbury, rasé tandis que les Gunners prenaient leurs marques dans l’Emirates Stadium ? Ou que le vieux stade lillois Grimponprez-Jooris, transformé en étang, ou le stade du Ray à Nice, qui n’accueille même plus de clubs de sport, projet de restructuration oblige ?
Gerland sous-exploité ?
Pas forcément, sachant que le club phare du rugby lyonnais, le LOU, pourrait profiter du départ des footballeurs pour s’y INSTALLER
image:
http://cdncache-a.akamaihd.net/items/it ... -10x10.png. Mais l’exploitation ne sera de toute façon plus la même, d’autant que le stade devrait être réduit. « Gerland fait partie des stades qui risquent d’avoir une fin vraiment triste, déplore Xavier Rivoire. Moi, en tant que Lyonnais, j’ai grandi à Gerland et j’ai vu les Lacombe et tant d’autres jouer sur cette pelouse. Voir Gerland laisser ainsi, au détriment d’un stade plus moderne mais tellement loin de Lyon, de son cœur et de son centre, me fait mal au cœur. D’après ce que je lis et ce que je vois ou entends, ce stade sera sous-exploité. Et puis partir d’un lieu pour investir une nouvelle enceinte en disant ‘‘Cette friche ne m’appartient plus, débrouillez-vous’’, je trouve que c’est particulièrement triste. »
Le Red Star refuse de tourner la page
A Saint-Ouen, de retour en Ligue 2 après seize ans d’absence, les amoureux du Red Star pleurent eux « Bauer ». Le vieux stade ne répondant pas aux exigences de la LFP, les Redstarmen n’ont eu d’autre solution que de s’exiler à deux heures de route du 93, à Beauvais. Mais les protégés du président Haddad n’ont pas décidé pour autant d’abandonner définitivement leur stade à l’anglaise si atypique. Le stade Bauer perdra forcément de son âme mais il ne devrait pas disparaître ou être sous-exploité encore très longtemps. Actuellement, seules les équipes de jeunes ou les joueurs de la réserve foulent le synthétique audonien. Mais le club ayant décidé de procéder à un relooking du stade plutôt qu’à la construction d’une toute nouvelle enceinte, l’équipe première devrait de nouveau faire vibrer ses supporters d’antan. De toute façon, pour Cyrille Plomb, ADJOINT AU MAIRE
image:
http://cdncache-a.akamaihd.net/items/it ... -10x10.png de la ville et chargé des sports, la question ne se posait pas. « Un nouveau stade, ça coûte trop cher, surtout en région parisienne. Le stade n’étant pas homologué pour jouer en Ligue 2, il faut le réhabiliter. Les demandes de subventions ont été votées et le dossier déposé au niveau de l’Etat, du ministère, de la région et du département. Le club a envie de revenir à Bauer car le public y est attaché.
Une délocalisation… très rentable
La délocalisation temporaire du Red Star ne serait même pas pénalisante financièrement. Au contraire. « Financièrement, il n’y a pas d’impact, c’est plus pour l’image de la ville qu’il y en a un (…) Cela nous coûte même moins cher qu’ils jouent à Beauvais : ça fait moins de personnel, moins d’heures supp’. » En conséquence, le jeune adjoint aux sports tient bien à différencier le cas du club audonien de celui du Mans, qui perd lui beaucoup d’argent dans cette sous-exploitation. « Eux, ils avaient construit un stade public privé et comme le club est tombé, il n’y a plus eu d’équipe, plus de matchs, donc plus d’entrées financières. Nous, c’est différent, déjà parce que financièrement ça va. Et parce que notre stade CONTINUE
image:
http://cdncache-a.akamaihd.net/items/it ... -10x10.png à vivre Nos employés sont tous là et la lumière, on l’a payée. Au Mans, comme c’était public-privé, une partie des recettes était pour la ville. Nous, Bauer ne faisait pas plus de 3 000 personnes et on ne gagnait pas d’argent là -dessus : les entrées allaient au club. »
Wembley, le Stade de France mais en pire
Avant d’opter pour la solution Beauvais, le Red Star a longuement étudié la possibilité de s’installer au Stade de France, véritable gouffre financier pour l’Etat (la sous-exploitation du SDF ne permet pas d’amortir les coûts de construction ni les frais d’entretien.) Une éventualité finalement intouchable en termes de coûts, qui aurait pourtant redonné un peu d’éclat au SDF. Comme Wembley à Londres, le stade parisien ne se nourrit que de quelques affiches sportives dans l’année. Presque paradoxal pour une enceinte qui pourrait héberger des matchs chaque week-end. « Le Stade de France a été conçu à l’intérieur d’un environnement urbain pour le rendre accessible aux gamins de Saint-Denis comme à l’homme d’affaire de la Défense, rappelle Xavier Rivoire. C’est un projet sportif pensé dans sa totalité, footballistiquement comme urbanistiquement parlant. Mais un succès complet aurait été d’avoir un club résident. » Pour autant, l’ancien journaliste estime que la France n’a pas à se plaindre. De l’autre côté de la Manche, l’Angleterre souffre en effet d’un Wembley qui s’essouffle au fil des ans. « Wembley, avec cette grande arche de Norman Foster devenue purement un symbole artificiel, ne ressemble à rien et est juste un stade d’une tristesse absolue. »
Le nouveau mal du siècle dans le sport ?
« Le business est tel qu’aujourd’hui, les implications financières et les conséquences budgétaires sont énormes. Donc en fait, on veut toujours plus grand, toujours plus neuf, toujours plus moderne et on oublie le supporteur de base. On oublie le jeu, on oublie la proximité, détaille Xavier Rivoire, conscient que l’histoire des clubs et des stades importent peu aujourd’hui au regard des impératifs économiques. On a oublié l’essence même du jeu, du sport et les gens ne viennent pas pour être assis, avoir chaud aux fesses et bouffer des petits fours. Les stades d’aujourd’hui portent la marque d’un architecte beaucoup plus que d’un lieu ou d’une histoire. » L’Olympique de Marseille a pourtant prouvé qu’on pouvait coller aux obligations de cette nouvelle époque sans pour autant oublier son passé. L’une des rares exceptions de clubs ayant choisi de rénover plutôt que de détruire ou de laisser à l’abandon.
Read more at
http://www.football365.fr/abandonne-ou- ... fQVjeyC.99