Bordeaux : de l'esthétisme et des inquiétudes
Vous avez été 30 934 à voter pour notre consultation sur le plus beau stade de l'Euro 2016 qui démarre le 10 juin prochain en France. Avec 7% des voix, le nouveau stade de Bordeaux arrive quatrième. Une toute nouvelle enceinte qui ne fait pas encore l'unanimité.
«Si on parle uniquement d’esthétisme pur, il est d’une beauté absolue.» S’il aime défendre son stade et sa ville, Nicolas Charpentier, supporter inconditionnel des Girondins de Bordeaux, loue le design de la nouvelle enceinte girondine, inaugurée le 23 mai dernier face à Montpellier (victoire 2-1). Une arène de 42 000 places qui a succédé à Lescure (ou Chaban-Delmas) et ses 34 000 places de capacité. Une passation lourde de symbole pour Nicolas, fondateur de l’association Marine et blanc Ile de France, rassemblant tous les supporters franciliens des Bordelais. «Quand je suis entré dans le nouveau stade, j’ai eu l’impression d’être à l’étranger, dans un club riche. Je n’étais pas du tout à l’aise. Ça va prendre du temps.»
«Bordeaux-Juventus en 1985, c'était du n'importe quoi»
En tant qu’amoureux du club, Nicolas a fait le voyage pour la dernière de Lescure et l’inauguration du nouveau stade. «On a fait une fête énorme et on était très tristes de quitter Lescure. Quinze jours après, j’ai eu du mal à entrer dans le nouveau, à regarder les animations, à acheter des burgers à douze euros. Je ne me sentais absolument pas chez moi.»
Il aime se ressasser la belle époque de Lescure. «J’y allais depuis 1979. J’ai connu une période un peu permissive où on ramenait des bouteilles de vin rouge et de la charcuterie pour pique-niquer au stade. C’était l’époque bénie. Mais j’ai aussi connu l’époque où il y avait de gros problèmes d’insécurité. Par exemple, le Bordeaux-Juventus en 1985 avec 45 voire 50 000 personnes, c’était du n’importe quoi. Finalement, ce stade, on y a connu les plus grandes joies, les plus grandes peines. Il était complètement vétuste, mais c’était notre stade. Ma femme ne supportait plus d’y venir rien que pour les toilettes : elles étaient à la turque, c’était dégueulasse, ça puait.»
Mais maintenant, s’il ne se sent pas encore chez lui, Madame, elle, est très satisfaite. «Elle est contente, elle a pu bien manger au stade, elle s’est commandée une pizza ! Mais au fur et à mesure, j’ai commencé à aimer ce nouveau stade. Les chants résonnent énormément, le toit est vraiment pratique. Je suis un ancien, tout ce qui est nouveau m’emmerde. Mais à la fin, il faut avouer que c’était bien.»
France-Serbie, le test qui fait peur
Un cadre parfait donc pour accueillir les matches de l’Euro 2016. L’enceinte bordelaise aura d’ailleurs le privilège d’accueillir quatre matches du premier tour et un quart de finale. Mais Nicolas Charpentier estime qu’il y a encore du boulot. «On va bientôt passer un test puisque l’équipe de France va affronter la Serbie en match amical (7 septembre) et les sièges des virages sont très fins et se cassent facilement. Nous, on est des gentils mais on en a quand même cassé une bonne cinquantaine juste en sautant dessus. Avec les Serbes, ça va être n’importe quoi, il va falloir reconstruire le stade. On est très inquiets.» Quant aux fameuses fissures qui seraient apparues, là aussi, Nicolas n’est pas rassuré. «En haut, ça vibre et ça fait flipper. On a plein de choses à redire question sécurité, pareil pour la circulation. Ça va se réguler dans le temps j’espère.»
Timothé Crépin, @T_Crepin
source: http://www.francefootball.fr/news/Borde ... des/575728