Bon j'ai fait un rapide Ctrl C à l'ouverture de la page avant que l'article ne disparaisse (2 à 3 secondes), désolé pour la mise en forme mais ça donne ça (enlevé les photos et légendes):
Rectangle vert, rideaux rouges : le stade est un théâtre. Celui de Bordeaux-Lac attend dans sa fébrile immobilité les premiers applaudissements et les premiers rappels. Les projecteurs éteints, les caméras à venir, les gradins vides, notre propre regard : tout, déjà , converge vers la scène, promesse de dribbles, de danses et de buts. Déjà , les coulisses sont hors-champ. Elles sont partout, pourtant : sous nos pieds, au-dessus de nos têtes, derrière les murs, dans l'ombre et les recoins . Autour des vingt-deux joueurs de football qui assureront le spectacle dans un halo de gloire, les soirs de matchs, jusqu'à mille personnes travailleront de l'autre côté du rideau, dans des volumes à la fois gigantesques et invisibles. Les coulisses sont dévolues aux machines et aux machinistes, aux policiers, aux brancardiers, aux techniciens, aux traiteurs. Un monde à demi-caché, évoluant dans un labyrinthe de couloirs et d'escaliers, et n'apparaissant dans la lumière, auprès des spectateurs, que si nécessaire. On a parcouru la « VDI » Pour visiter les coulisses, il faut suivre la « VDI » : la « Voie de desserte interne » . Les spectateurs attentifs l'apercevront sous leurs pas, entre les marches du grand escalier qu'ils graviront pour entrer dans l'enceinte. C'est une voie qui fait tout le tour du stade, ovale, sous les tribunes. Large comme une route, accessible aux véhicules et rigoureusement organisée , elle relie tous les organes vitaux d'un grand corps minéral. Elle irrigue les voies secondaires et communique en plusieurs points avec l'extérieur.
Autour des vingt-deux joueurs de football qui assureront le spectacle dans un halo de gloire, les soirs de matchs, jusqu'à mille personnes travailleront de l'autre côté du rideau, dans des volumes à la fois gigantesques et invisibles. Les coulisses sont dévolues aux machines et aux machinistes, aux policiers, aux brancardiers, aux techniciens, aux traiteurs. Un monde à demi-caché, évoluant dans un labyrinthe de couloirs et d'escaliers, et n'apparaissant dans la lumière, auprès des spectateurs, que si nécessaire.
Ainsi est-ce par l'entrée des artistes, au Nord-Ouest, que les bus des équipes entreront dans le stade. Ils emprunteront alors la « VDI » pour faire un quart de tour d'enceinte et déposer les joueurs devant la zone mixte
A quelques décamètres de là , une entrée est réservée aux groupements de supporters des équipes adverses, du moins lorsque le stade sera en configuration « football ». Tout est conçu pour que leur flux ne croise jamais celui des autres supporters. Ils auront leurs propres guichets, tourniquets et escaliers pour rejoindre la partie de tribune qui leur sera attribuée, en l'occurrence la moitié Est du Virage Nord. Une buvette leur sera réservée.
La Voie de desserte interne est éclairée jour et nuit par une lumière dite « pacifique », celle des néons suspendus au-dessus de cette « rocade intérieure ». Lorsqu'on l'emprunte à pied, on devine au-dessus de nous la forme des tribunes. Ça et là surgissent de larges tuyaux. Des panonceaux indiquent qu'ils conduisent l'eau glacée et le chauffage. Côté intérieur, des portes dérobées s'ouvrent sur des locaux techniques. Des volées de marches s'élèvent vers les loges du premier niveau.
Sous le « Salon 1881 », l'un des prestigieux espaces d'accueil du nouveau stade,une lourde porte cache un garage, sous quatre mètres de plafond. C'est là qu'est garée la tondeuse destinée à la pelouse du stade. Précieuse machine. Plus loin, un local que le personnel du stade appelle la « mini-préfecture » est réservé à la Police nationale : c'est un commissariat.
Une trentaine de « poteaux techniques » qui conduisent l'eau de pluie jusqu'à une immense citerne. Cette récupération d'eau permet l'arrosage de la pelouse
Côté extérieur, on aperçoit les parkings, derrière cette forêt de tubes blancs qui fait l'originalité du stade. Parmi eux se dissimulent une trentaine de « poteaux techniques » qui conduisent l'eau de pluie jusqu'à une immense citerne. Cette récupération d'eau permet l'arrosage de la pelouse. Le long de la « VDI », d'immenses escaliers ont aussi été bâtis avec l'espoir qu'ils ne servent jamais à rien : ce sont les escaliers de secours. Assez larges pour que s'y déverse une foule en panique, ils doivent permettre l'évacuation rapide de l'enceinte en cas d'incendie ou de problème majeur. Ils débouchent au niveau du sol sur des grilles, d'ordinaire fermées.
De la voie de desserte, empruntons maintenant l'un des escaliers intérieurs pour rejoindre le niveau des loges. Là -haut, on n'est plus tout à fait dans les coulisses, puisque partenaires et visiteurs auront accès à ces « hospitalités » :six salons, des restaurants privatifs et espaces « lounge » avec leurs places de choix réservées côté terrain. Parquet bois, motifs de décoration marine et blanc, télé écrans plats : les couloirs de ce niveau conduisent également à une soixantaine de loges de 12 à 18 places, ainsi qu'à des loges collectives prévues pour accueillir jusqu'à 93 convives. Les coulisses affleurent, ici aussi. Derrière les portes, derrière les murs, les traiteurs disposent de pièces de stockage et de travail : les « offices », nichés dans la marge feutrée des espaces VIP.
Au même niveau, quelque part au Sud-Est, se trouve le centre névralgique du nouveau stade de Bordeaux. Le « PC Commandement » donne sur le virage Sud par un espace vitré. Mais c'est le stade dans son ensemble que l'on peut voir depuis ce poste : trois ordinateurs et quatre écrans géants permettent de superviser jusqu'à 80 points du stade en même temps : couloirs, escaliers, boutiques, gradins. Un joystick permet de diriger les caméras de surveillance et de zoomer sur n'importe quel détail.
C'est ici que la Police nationale installera sa « mini-préfecture » les soirs de matches. Le SAMU et les sapeurs-pompiers y disposent d'un local. Une salle de réunion y est aménagée, derrière une vitre teintée.
Voisine du PC, la régie est l'endroit d'où l'on gère les sons et l'éclairage du stade. Les écrans géants, qu'ils annoncent les compositions d'équipes ou bien qu'ils invitent les spectateurs à rejoindre les sorties de secours en cas de problème, sont commandés d'ici. Les dizaines d'enceintes réparties dans les travées du stade aussi. Un sonomètre indique en décibels le niveau sonore, avec de gros chiffres rouges.
La zone publique, accessible à tous les spectateurs munis d'un billet, fait tout le tour du stade. Hormis la partie réservée aux organisations de visiteurs adverses, qui restera « close » les jours de matches de foot, on peut rejoindre n'importe quelle personne de sa connaissance devant l'un des dix-neuf points de restauration, buvettes ou boutiques, même si sa place est située de l'autre côté du stade. De cette agora où l'on circule librement, on aperçoit toujours un bout de la pelouse.
Un paradoxe, enfin, fait le tour de ce stade : la plus spectaculaire de ses « coulisses » est probablement celle que l'on voit le moins. Au-dessus des travées hautes, sous le toit, est fixée une passerelle technique. Ce ruban vertigineux permet aussi bien d'aller remplacer un projecteur en panne que d'évacuer un spectateur en brancard sans avoir à fendre la foule. C'est le point le plus haut du stade. Le plus bas, c'est un unique parking semi-enterré de trente places où ne se gareront que les voitures des « officiels » et des joueurs. L'endroit le mieux caché de ce théâtre encore vide, qui n'a plus que quelques jours à attendre pour vivre la première de ses premières.