En 2010, le Comité Directeur de la FFR lançait la phase d'études en vue de la construction de son Grand Stade. Quatre ans plus tard, et après avoir choisi le site, l'architecte et consulté l'avis général via un débat public, le projet de l'enceinte sportive de la fédération française de rugby a franchi une nouvelle étape au mois de novembre puisque les constructeurs du stade et des aménagements ont été désignés. En apparence tout semble réuni pour que le bébé du président Pierre Camou voit le jour à l'horizon 2020. Mais en coulisse, les interrogations sont nombreuses, notamment en ce qui concerne le financement et les retombées économiques.
Les points positifs
On connaît le constructeur
Le Grand Stade ne sera bientôt qu'une simple maquette. Après avoir choisi le site d'accueil en juin 2012, à savoir Ris-Orangis dans le département l'Essonne, puis désigné le cabinet d'architectes Populous en février 2013, plusieurs avancées majeures ont eu lieu dernièrement avec le choix du groupement ICADE – BESIX – COFELY GDF SUEZ pour la conception, la construction et l'entretien-maintenance du Grand Stade. Quant aux aménagements autour de ce dernier, ils seront à la charge du groupement AUC – VOGT. Le projet d'urbanisation doit d'ailleurs être présenté le 6 décembre prochain. Le stade sera en effet situé dans un « village rugby » de plusieurs hectares (la surface totale du site d'implantation étant de 130 hectares) où devraient voir le jour des restaurants, des hôtels ainsi que des commerces. Le début des travaux est toujours prévu pour 2018 avec une livraison pour 2020.
Le budget presque bouclé
Il est également question de passer par le principe du naming, pratique de parrainage qui consisterait à donner le nom d'une marque ou d'une société sponsor au Grand Stade. C'est notamment le cas avec l'Aviva Stadium, ou encore l'Allianz Arena de Nice. « Le naming est un levier significatif pour le plan de financement et le business plan d'un projet d'infrastructure sportive telle que celui de la FFR », peut-on lire sur le site du projet. Un tel partenariat devrait permettre de rassembler les fonds nécessaires pour boucler le budget. Midi Olympique évoque ainsi la somme de 161 sur les « 611 millions d'euros requis pour pouvoir disposer d'un accord gouvernemental ». 400 millions ayant été garantis par le Conseil général de l'Essonne « auprès des banques », la FFR devrait apporter 50 millions de sa poche, sans oublier la vente d'obligations, ou débentures, lancée en février dernier.
En terminer avec la dépendance
Tout cela doit permettre à la FFR de ne plus être dépendante du Stade de France qu'elle doit louer et partager avec d'autres sports. Le but étant ici d'avoir une enceinte dédiée au rugby et dont les retombées permettront à la fédération d'assurer le développement de ce sport. Le site lathlete.fr rapporte à ce titre que « Pierre Camou a même expliqué que remplir les 60 000 places du stade vélodrome était plus rentable financièrement que les 80 000 du Stade de France. » Il faut savoir que ce n'est pas la Fédération Française de Rugby qui gère par exemple les prestations VIP (manne financière importante) mais CSDF, le consortium Vinci-Bouygues, gestionnaire du Stade de France.
Là où ça coince
Une facture à revoir à la hausse ?
Sur le papier tout semble réuni pour que le XV de France évolue dans SON stade en 2020. Cependant l'incertitude plane sur de nombreux domaines. Alors que les financements restent encore à trouver, la question du budget global se pose également. Au départ, la FFR avait tablé sur une ardoise de 600 millions d'euros, avec notamment une provision pour dépenses imprévues d'environ 46 millions d'euros, ramenant ainsi le budget prévisionnel à 554 millions d'euros. Et ce, avant même d'avoir désigné le constructeur. Il se pourrait donc que cette somme soit revue à la hausse en cas de retard. « Il est d'ailleurs à noter à ce sujet que le site est en ce moment l'objet de fouilles archéologiques pouvant retarder le début du chantier », note Didier Guibelin dans son article intitulé « Grand stade : chimère fédérale irréaliste ou projet crédible ? ». Ce dernier évoque également la volonté de certaines organisations écologistes d'appeler à la création d'une ZAD, initialement zone d'aménagement différé devenue « Zone à défendre » comme sur le site du barrage de Sivens ou de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes. Sans oublier que ces sommes ne prennent pas en compte les différents travaux d'urbanisation. Ainsi, la FFR estime à 118 millions d'euros les seuls travaux de voirie nécessaires, auxquels il faudra ajouter le coût des infrastructures de transport puisque le site est situé à 33 kilomètres de Paris.
Le stade de trop ?
Une distance qui pose bien évidemment la question de l'attractivité commerciale du Grand Stade alors même que la région parisienne, aussi économiquement riche soit-elle, dispose déjà de plusieurs enceintes sportives de grande envergure avec en premier lieu le Stade de France, Jean Bouin (où réside le Stade Français) et surtout le futur stade du Racing-Métro, l'Arena 92. Pour la FFR, « les enceintes sportives existantes ou prévues en Ile-de-France répondent toutes à des besoins différents. » Rien ne dit que les supporters/touristes vont accepter de dîner et de loger sur place. Sans parler du panier moyen des Français qui est loin d'être aussi important que celui des Anglais, dont la FFR s'inspire pour son « Twickenham français ». Quand on sait que le Stade de France peine à faire le plein pour des rencontres internationales, on ne peut qu'être septiques sur l'attractivité du Grand Stade.
La rentabilité
Tout comme sur l'organisation des 17 à 20 événements prévus par an pour rentabiliser le projet. La Fédération table sur 5 à 6 matches du XV de France, des rencontres européennes, sur la finale du Top 14 ou encore sur des délocalisations des clubs franciliens, lesquels ont ou auront un stade à disposition. Quid des concerts ? Le partenariat passé par la FFR avec l'organisateur de tournées AEG, notamment de Céline Dion mais aussi de Tina Turner, Rod Stewart ou Bon Jovi, ne laisse pas présager de folles soirées à Ris-Orangis. Il faut également rappeler que si le Grand Stade permet l'organisation de concerts en période hivernale grâce à son toit, un des arguments principaux de la fédé, c'est également à ce moment-là que le XV de France joue ses matchs internationaux.
figoress a écrit:Projet incroyablement délirant à tous les niveaux.
benoit62 a écrit:figoress a écrit:Projet incroyablement délirant à tous les niveaux.
+1 Comment peut - on envisager un tel stade, quant on sait que le stade de France, remplit parfaitement son rôle quand il y a du rugby.....
Sachant qu'il n'y a pas beaucoup de rencontre en dehors de l'équipe de France ( foot et rugby , et coupe de France et de la Ligue pour les finales ...)
benoit62 a écrit:figoress a écrit:Projet incroyablement délirant à tous les niveaux.
+1 Comment peut - on envisager un tel stade, quant on sait que le stade de France, remplit parfaitement son rôle quand il y a du rugby.....
Sachant qu'il n'y a pas beaucoup de rencontre en dehors de l'équipe de France ( foot et rugby , et coupe de France et de la Ligue pour les finales ...)
Carlton a écrit:Un grand stade pour le rugby ok, mais pourquoi une fois de plus tout centraliser à Paris? Le rugby en France c'est le Sud Ouest, un tel stade aurait du être construit vers Toulouse, Paris a déjà toutes les infrastructures de tous les grands sports, le rugby aurait gagné à se décentraliser, avec un stade qui aurait été au carrefour de toutes les grandes villes de rugby du Sud de la France, de Bordeaux à Toulon en passant par Montpellier. Rugbystiquement la capitale du rugby en France c'est Toulouse.
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