Saint-Symphorien change d'aireLe FC Metz retrouvera la Ligue 1 avec un nouveau tapis vert révolutionnaire, posé au cours de cet été. Moins traumatogène, plus souple et plus avantageux pour le portefeuille. Explications. C'est une image cocasse et ancestrale du football qui sera bientôt à ranger aux oubliettes. On ne verra plus les jardiniers de Saint-Symphorien s'agglutiner à la mi-temps aux quatre coins du terrain pour remettre en place les mottes de gazon enlevées, "les escalopes" comme on dit dans le jargon. Après Troyes, précurseur dans l'Hexagone la saison passée, le FC Metz est le premier club de Ligue 1 à s'offrir la pelouse hybride "AirFibr", mise au point par la société "Natural Grass", basée dans l'Essonne. Coût de l'opération : 900 000 euros.
Depuis fin mai, le terrain de jeu habituel des hommes d'Albert Cartier est celui des ouvriers et autres maîtres d'ouvrage, qui s'affairent pour être dans les délais : à savoir la réception de Nantes, le week-end end du 15 août. "C'est pour cette raison que l'on a demandé à débuter le championnat à l'extérieur (à Lille, une semaine auparavant). Une fois posée, début juillet, il faut encore cinq semaines d'enracinement avant de pouvoir disputer une rencontre de Ligue 1 sur cette nouvelle pelouse", explique le président Bernard Serin. Le gazon a d'ores et déjà commencé à pousser dans les Landes (50% de Ray grass et 50% de pâturin des prés), dans le lieu de culture du FC Barcelone !
Saint-Cloud, Fontainebleau
Des agronomes, des botanistes et même des biologistes se sont penchés sur le projet "AirFibr" qui permet à la pelouse d'être bien enracinée (grâce aux racines s'enroulant autour de quelques 150 milliards de microfibres) dans un substrat de synthèse révolutionnaire nommé Radicalé (R). Compris entre le gazon donc et la nouvelle couche drainante, type geotextile, ce substrat de 15 cm est une sorte de millefeuille qui tire sa subtilité de sa composition constituée de trois éléments : des granulés de liège, l'élément assouplissant et imputrescible, qui s'écrase et se regonfle après avoir rejeté l'air contenu, des microfibres synthétiques, éco-conçues à partir du recyclage de bouteilles en plastique, dans lesquelles les racines vont venir s'y ancrer, lui conférant une exceptionnelle résistance et du micro sable, du type de celui dont on se sert pour concevoir le verre, assurant un sol non abrasif et non boueux, puisqu'il n'y a plus de terre, ce qui, entre autres, évite les lombrics susceptibles de nuire à l'enracinement du gazon.
L'entreprise familiale "Natural Grass" du fondateur Bertrand Picard, 34 ans, n'en est pas à son premier coup d'essai. Avant la pelouse du stade de l'Aube, elle avait déjà fait ses preuves auparavant avec l'hippodrome de Fontainebleau, avec le cimetière de Normandie, avec la toiture terrasse du musée Marie de Nazareth en Israël ou avec la réfection de la zone engazonnée la plus difficile d'entretien du golf de Saint-Cloud !
Des économies conséquentes
Le principal atout de cette nouvelle pelouse sera la planimétrie. Les études effectuées dessus montrent une bonne résistance à l'arrachement par tous les temps et des risques de blessure inférieurs de 20 à 40% par rapport aux autres surfaces. Sa durée de vie, estimée à une vingtaine d'années, deux fois plus que la norme, est accompagnée d'un entretien et d'une maintenance beaucoup plus faible ! Fini les rencontres annulées à cause des intempéries, les fastidieuses poses (et déposes) de bâches, les litres à n'en plus finir de fioul engloutis pour chauffer une aire qui, chauffage et bâche retirés, gèlera de nouveau tout au long de la durée du match.
C'est l'une des principales différences avec le GrassMaster du Belgo-Néerlandais Desso, le géant du secteur depuis le début des années 1990 et concurrent numéro un de "Natural Grass". On lui doit les pelouses d'Arsenal et Manchester City en Angleterre, de Schalke 04 en Allemagne, de Nantes (2001) et du Havre (2012) en France. Si celle du club de Loire-Atlantique est une référence en France, on ne peut pas en dire autant de celle des Normands, qui s'est rapidement dégradée. "Le procédé consiste à injecter sur un terrain naturel des millions de fibres synthétiques pour en renforcer la stabilité, la résistance et le drainage. Avec le GrassMaster, il n'y a cependant pas de replacage partiel sur les parties abîmées", martèle Bernard Serin.
Comme le Stade de France ?
Si le jardinier du Paris Saint-Germain et du Parc des Princes a d'ores et déjà opté pour GrassMaster, il est envisagé du côté de Saint-Etienne et d'autres clubs de Ligue 1 de copier en 2015 le modèle de Troyes, Metz et... peut-être du Stade de France. L'enceinte dionysienne songe s'offrir prochainement le procédé "AirFibr". Le match entre les deux acteurs ne fait sans doute que commencer. Desso est présent au Mondial brésilien alors que "Natural Grass" entend se tailler la part du lion pour l'Euro 2016 en France, ainsi que pour les deux prochaines Coupes du monde en Russie (2018) et au Qatar (2022). "L'avenir est à la pelouse hybride parce qu'elle repond aux attentes sportives et du gestionnaire", assure Bertrand Picard. Bref, on n'a pas fini d'entendre parler de la nouvelle pelouse révolutionnaire du FC Metz.
Fiche technique •Terrassement du fond de forme :
-40 cm de profondeur
-Volume total évacué 3690 m3
•Mise en place couche drainante continue et interface sable: 28 cm
•Couche AirFibr : 7 668 m2 sur 12 cm par nivelage laser (5 jours la semaine du 7 juillet)
•Arroseurs : 35 par un système de gestion informatique
•Chauffage par eau chaude : système enterré hydraulique (5 jours la semaine du 23 juin)
•Durée du chantier total : 1,5 mois
Coût : 900 000 €