Qatargate : les sponsors Sony, Adidas et Visa mettent la pression sur la Fifa
Garcia, ancien procureur fédéral de New York, se donne encore six semaines pour remettre son rapport à la chambre de jugement du comité d'éthique de la Fifa.
Les sponsors vedettes du Mondial de football 2022 au Qatar ont pressé la Fifa de faire toute la lumière sur les accusations de corruption qui entourent l'attribution de l'évènement au pays du Golfe.
Sony, Adidas et Visa, sponsors vedettes, ont mis la pression dimanche sur la Fifa, afin de faire toute la lumière sur les accusations de corruption qui entourent l'attribution du Mondial-2022 au Qatar et afin d'en finir avec un climat délétère néfaste pour l'image de ces parraineurs. Le timing de l'intervention de Sony, Adidas et Visa n'est pas neutre. Lundi 9 juin était la date butoir établie par Michael J. Garcia, président de la chambre d'investigation du comité d'éthique de la Fifa, pour boucler une enquête d'un peu moins de deux ans sur l'attribution des Mondiaux 2022 et 2018 (Russie).
Garcia, ancien procureur fédéral de New York, selon le calendrier qu'il a dévoilé lui-même, se donne encore six semaines pour remettre son rapport à la chambre de jugement du comité d'éthique de la Fifa. Cette dernière dispose ensuite de tout son temps pour rendre son verdict, entre ouverture de procédure disciplinaire, sanctions immédiates ou non-lieux.
Mais les partenaires commerciaux poids-lourds de la Fifa pressent l'instance mondiale pour en finir et prendre le cas échéant des sanctions, sans doute excédés par trois ans et demi de polémiques ininterrompues depuis l'attribution du Mondial-2022 au Qatar le 2 décembre 2010. «Nous sommes confiants de voir cette enquête traitée avec une priorité haute», a déclaré l'équipementier allemand Adidas, partenaire de la Fifa depuis 1970, dans un courrier électronique à l'AFP. «Cependant, la teneur négative du débat public n'est ni bon pour l'image de marque du football, ni pour celle de l'institution Fifa, ni pour celle des partenaires», poursuit la marque aux trois bandes, qui avait prolongé en novembre dernier son partenariat avec la Fifa jusqu'en 2030.
Ethique et intégrité à respecter
Le message est similaire dans un communiqué transmis par Visa, qui dit d'abord attendre de ses partenaires qu'ils respectent «des standards éthiques élevés et opèrent en transparence». «Nous savons que la Fifa prend la question au sérieux», dit la société spécialisée dans les cartes de crédit, qui continuera «à surveiller cette enquête interne». «Nous espérons que la Fifa prendra les mesures appropriées après le rapport d'enquête». Et de conclure: «A l'heure actuelle, notre objectif reste que les fans (de foot) et nos clients continuent à fêter le football dans le monde entier».
La compagnie japonaise Sony, partenaire officiel du Mondial, exprime exactement les mêmes préoccupations en réclamant une «enquête appropriée», selon le Sunday Times. «Nous attendons de la Fifa qu'elle adhère à ses principes d'éthique et d'intégrité dans toutes ses opérations», a dit Sony, toujours selon le Sunday Times. Interrogé par l'AFP à Tokyo, un porte-parole de la compagnie n'a pas souhaité réagir à l'article de l'hebdomadaire. «Nous refusons de commenter nos échanges avec la Fifa», a précisé George Boyd.
La Fifa a dédramatisé la situation. «Nous sommes en contact constant avec nos partenaires commerciaux, ce qui inclut Adidas, Sony et Visa et ils ont confiance à 100% dans l'enquête conduite actuellement par le comité d'éthique indépendant de la Fifa», a expliqué Thierry Weil, directeur marketing de la Fifa, dans un communiqué. «Nos sponsors n'ont pas exigé quelque chose qui n'était pas déjà comprise dans l'enquête en cours du comité d'éthique», ajoute le responsable marketing.
Par ailleurs, dans un entretien au quotidien Al-Ittihad d'Abou Dhabi, Diego Maradona, installé aux Émirats arabes unis en tant qu'ambassadeur sportif, n'a pas raté l'occasion de faire feu sur la Fifa, une institution avec laquelle il a multiplié les conflits dans le passé. «Il y a d'énormes pots-de-vin à la Fifa et il faut demander des comptes à ceux qui en sont responsables notamment en ce qui concerne le dossier du Mondial-2022 au Qatar», a ainsi taclé l'ancienne gloire du football argentin.
Ca tombe mal avant le Congrès
Dimanche, le Qatar a annoncé s'abstenir, à la demande de la Fifa, de tout commentaire sur l'enquête en cours tout en affirmant que son choix pour organiser ce Mondial «était mérité». «Le processus en cours va confirmer le droit du Qatar à accueillir la grande compétition mondiale», ajoute le comité d'organisation du Mondial-2022. Il a réaffirmé que le Qatari Mohamed Bin Hammam, au centre de toutes les accusations de corruption, n'avait «joué aucun rôle officiel ou non officiel» dans la candidature de son pays.
Doha a toujours nié les accusations de corruption lors de l'attribution du Mondial-2022, alors que le Sunday Times assure être en possession de documents attestant de versements d'argent effectués par M. Bin Hammam, ex-membre du comité exécutif de la Fifa, radié pour corruption électorale en lien avec la présidentielle Fifa de 2011.
Les déclarations de Sony, Adidas et Visa tombent mal pour la Fifa, dont le 64e Congrès se tiendra à Sao Paulo mardi (cérémonie d'ouverture) et mercredi (débats et travaux). Mercredi, ce sera aussi la veille du match d'ouverture du Mondial-2014, dans cette ville de Sao Paulo devenue le symbole des craintes pour l'évènement, entre stade en retard et grève du métro.
Ils ont bien raison...