Soigné par l'Euro 2016 et les collectivités, Bollaert fait peau neuve
Les collectivités territoriales assument l'essentiel du financement de travaux qui, pour mieux préparer l'Euro 2016, vont priver les supporters lensois du stade Bollaert la saison prochaine.
Comment le projet a résisté dans la tourmente Depuis 2007, les prémices d'un Euro 2016 français attisent les ambitions des dirigeants du RC Lens et des collectivités territoriales, qui lancent un projet de rénovation de leur enceinte. Après l'Euro 1984, la Coupe du monde 1998 et celle de rugby en 2007, le stade Bollaert-Delelis est ainsi accrédité en mai 2011 par le conseil fédéral de la FFF pour accueillir des matches de l'Euro 2016. Le projet de rénovation est ambitieux, mais un premier chiffrage à 110 millions d'euros ne tiendra pas longtemps. Les deux descentes successives en Ligue 2 et l'incertitude financière ont mis en péril les intentions lensoises, sauvées par l'investissement public. En août 2012, le maire Guy Delcourt (désormais député) délivre le permis de construire. Le conseil régional vote alors le projet de rénovation pour un budget à hauteur de 70 millions d'euros. Fait rarissime, la région, principale investisseur, récupère alors la maîtrise d’ouvrage. Les travaux de rénovation débutent deux ans plus tard, le 1er avril 2014. Au moment même où ils auraient dû se terminer selon le projet initial.
Qu'est-ce qui changera au stade ?
Malgré les difficultés financières, les acteurs du dossier se sont fortement mobilisés, persuadés de la nécessité d'une rénovation de Bollaert. Et pour cause, l’enceinte ne répondait plus aux normes et standard d’accueil de l’UEFA et de la LFP. Le parvis sera donc réaménagé pour faciliter l’accès au stade, un contrôle d’accès aux tribunes va être mis en place. Les travaux corrigeront également la vétusté de certaines installations : uniformisation des façades, extension et réaménagement de la tribune Lepagnot, remplacement des sièges sur l’ensemble des tribunes... Une toiture couvrira l’ensemble des tribunes pour laisser les supporters au sec même lorsque le crachin ch'ti viendra accompagner les rencontres. Enfin, des équipements de loisirs et de consommation seront installés autour des tribunes populaires Delacourt, Trannin et Marek-Xercès. La révision à la baisse des financements oblige à ramener la capacité du stade de 41 000 à 35 000 places même si les acteurs lensois espèrent récupérer 3.000 places supplémentaires après l’Euro.
Pourquoi les collectivités investissent autant…
Les 70 millions d’euros hors taxes que représentent les travaux sont pour l'instant entièrement assumés par les collectivités locales et l'Etat. Le club investit 11 millions mais c'est la région qui les avance, sous forme de prêt.
Président du conseil régional, Daniel Percheron justifie son activisme dans le dossier : "Comme avec le musée Louvre-Lens, nous modernisons ce qui aurait pu être un ghetto pour en faire un cœur de mondialisation. C'est un investissement pour l'avenir." Il n'y aura en revanche pas de retour direct pour les collectivités et notamment la région, deux fois plus endettées que la moyenne française. La ville, propriétaire du stade, a signé un bail de 50 ans avec le club pour lui céder l’exploitation du stade Bollaert (et donc les revenus qui en découlent). Sur ce point, et c’est assez rare, le député Guy Delcourt est sur la même longueur d’onde que Daniel Percheron : "Nous pensons que le stade Bolleart-Delelis appartient à la communauté. Entre nous, les mineurs l’ont payé le RC Lens : A l’époque on enterrait les mineurs à 45 ans." À travers la rénovation d'un stade en pleine terre minière, il se réjouit de voir "favoriser tout ce qui est facteur de cohésion sociale".
… Et pas Mammadov ?
Le nouveau propriétaire du RC Lens, Hafiz Mammadov, reste lui tranquillement à l'écart du dossier. Les pétrodollars du milliardaire azerbaïdjanais font bien rêver les Sang & Or, mais il n'a pour l'instant pas eu à mettre la main à la poche sur un des dossiers qui touchent le plus les supporters. "Le montage financier avait été bouclé avant son arrivée", oppose logiquement Percheron. Mais le dossier n'est plus à un retournement près et le club aurait pu s'investir sur l'emprunt de onze millions d'euros que lui concède la région. Les acteurs du dossier ont préféré préserver le "sauveur" du RC Lens. Guy Delcourt avance une autre piste pour faire usage des richesses de l'Azerbaïdjanais, qui ne s'est pas positionné sur le dossier : "S'il met quelques millions, qu'il a, on n'est pas obligé de mobiliser tout Bollaert pendant les travaux. En 1998, on s'était arrangé pour que les grues ne soient pas à l'intérieur du stade. Mais ça coûte plus cher…"
Où jouera le RC Lens ?*
Lens va devoir passer toute la saison à l'extérieur, à l'exception peut-être du premier match :
trois pistes étudiées : Valenciennes, le grand stade de Lille ou le stade de France .
chacune présente ses difficultés : opposition manifestée par les dirigeants valenciennois (relégués en L2, craignent la concurrence du RC Lens) et lillois (rivalité entre les deux clubs/villes), distance et coût du stade de France.
"On devrait faire quelque match à Valenciennes, le reste est en suspens", croit savoir Dominique Leroux, leader de la section de supporters Cap'tain Siko, qui se voit bien "mettre un peu d'ambiance à Lille parce que c'est un peu mort là -bas (rires)".
* Sous le coup d'annonces faites en cas de montée officielles, ces thèmes sont sujets à de nombreux changements.
Source : http://www.eurosport.fr/football/ligue- ... tory.shtml