Vdn - Stade Pierre-Mauroy : on a fait les comptes
Un an tout juste après la mise en service du stade Pierre-Mauroy – c’était le 17 août 2012 – l’heure des premiers comptes a sonné. La durée du partenariat public privé (PPP), 31 ans, et son caractère évolutif, incitent à la prudence. Mais d’ores et déjà , le compte administratif 2012 de la communauté urbaine, doublé du budget primitif 2013, nous renseignent sur le montage financier et la répartition des contributions. Décryptage dans le maquis des chiffres.
Vue d’ensemble
Le montant total prévu au titre du contrat de PPP est estimé à 690,85 M€, partagé entre le public et le privé. Cette somme recouvre d’une part la construction du stade et d’autre part les coûts de fonctionnement, plus difficiles à évaluer sur 31 ans. La rémunération du cocontractant Elisa est, elle, évaluée à 651,35 M€. La différence s’explique par les refacturations par Elisa de la fiscalité locale.
Charge brute pour LMCU : 24,8 M €
Le coût annuel pour LMCU prévu par le PPP et inscrit au budget primitif 2013 s’élève à 24,8 M€. Cette somme intègre à la fois le remboursement du capital de la dette (8,4 M€ par an), dont l’encours s’élève en 2013 à 261,6 M€, les frais financiers (7,3 M€), les frais d’exploitation, y compris les grosses réparations, l’entretien et la maintenance (7,1 M€). Un poste englobant la fiscalité locale (taxe foncière, taxe d’enlèvement des ordures ménagères) et les fluides lors des matchs du LOSC complète l’ensemble pour 2 M€. Voilà pour la charge brute.
Ce qui restera à payer : entre 9,3 et 10,3 M€
Un certain nombre de recettes viennent en déduction de ces 24,8 M€. Elisa, le cocontractant, garantit ainsi 5,8 M€ de recettes par an. « Ce minimum garanti est assorti d’un mécanisme d’intéressement qui peut faire augmenter ce montant », précise Alain Bernard, le vice-président aux finances de la communauté urbaine.
Le loyer versé par le LOSC, fixé à 4,5 M€, contribue lui aussi à alléger la facture de la métropole. La communauté urbaine perçoit ensuite 1,7 M€, répartis entre la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (recouvrée totalement), une partie de la taxe foncière et une partie de la taxe sur les spectacles sportifs.
À ces douze millions ainsi récupérés par LMCU s’ajoute la subvention du centre national pour le développement du sport. Elle s’élève à 28 M€. Mais son impact sur les frais financiers représente un gain évalué par les services à 1,5 M€ sur la durée du PPP.
Reste enfin un ultime poste, désigné sous l’appellation « Grands partenaires naming ». Cette contribution de futurs partenaires privés, sur la signalétique à l’intérieur du stade, est située dans une fourchette de 1 à 2 M€ (à Nice, dont le stade vient tout juste d’être livré, Allianz a signé un contrat de naming de 16 M€ sur 9 ans).
Au total
Tout cela se traduira au final par une contribution nette annuelle de LMCU comprise entre 9,3 et 10,3 M€. Soit à peu de choses près le montant annoncé par Martine Aubry en juin, au moment de l’attribution du nom de Pierre Mauroy à l’équipement. En 2008, souligne régulièrement la présidente, cette charge nette était supérieure à 17 M €. Les renégociations initiées depuis ont donc permis de revenir à la limite des 10 M€, jugée raisonnable par la majorité des élus. Rappelons que le Grand Stade a été voté à plus de 80 %, seuls les écologistes et quelques personnalités (dont Gérard Caudron, Dominique Baert et Rudy Elegeest) ne prenant pas part au scrutin du 1er février 2008.
Et après
Le PPP court du 17 août 2012 au 17 août 2043. À cette date, la communauté urbaine récupérera la propriété du Grand Stade, tandis qu’Elisa aura sûrement mis à profit les 31 ans du contrat pour rentrer dans ses frais.
Et pour les infrastructures annexes ?
Le coût de l’accessibilité
Le montant total du PPP décrypté ci-dessus ne prend pas en compte les dépenses pour les infrastructures annexes. L’ensemble des travaux d’accessibilité au Grand Stade est généralement évalué à 160 M€. « Certains équipements étaient de toute façon programmés, nuance Alain Bernard, ce qui rend compliquée une telle estimation ». Quoi qu’il en soit, la facture s’élève à 100 M€ pour LMCU (parkings et aménagements routiers divers, dont le centre-ville de Villeneuve-d’Ascq entièrement réaménagé), à 20 M€ pour le département du Nord (RD146-boulevard de Tournai) et 36 M€ pour l’État (accès autoroutier).
Le poids du Grand Stade sur les finances de LMCU
Au cours de la mandature qui s’achève (2008-2014), la communauté urbaine a investi en moyenne 370 M€ par an, avec une pointe à 458 M€ en 2012. Le tout pour un budget global de 1 700 M€. « Des chiffres à comparer aux 8,4 M€ inscrits au titre du remboursement du capital de la dette Grand Stade », glisse le vice-président aux finances. Pas sûr que cela suffise à convaincre les opposants du Grand Stade de désarmer. Les deux recours déposés par Éric Darques, sur les conditions d’attribution du marché à Eiffage et du nom de Pierre Mauroy à l’équipement en attestent.
Un nouveau directeur arrivé en juillet
Il a mené l’essentiel de sa carrière dans le staff du Stade de France. Olivier Baudry est arrivé le 4 juillet à la tête du Stade Pierre-Mauroy, « juste avant le concert de Rihanna ». La star de la Barbade a inauguré l’Arena (boîte à spectacle, sous la pelouse), un équipement qui représente pour lui « le gros point fort du stade pour développer sa programmation ».
Olivier Baudry arrive avec un savoir-faire et un carnet d’adresses. Et semble avoir démarré sous les meilleurs auspices : « Avec Rihanna, le stade a fait la démonstration de son efficacité opérationnelle. Parmi les grands producteurs, les feux sont au vert : dans le milieu, on sait qu’on peut organiser des grands spectacles à Lille et que le public est formidable. »
Il table sur « dix à douze grands événements par an », entre les concerts et les matchs « hors club résident ». D’ailleurs, LMCU et Elisa déposent leur candidature à l’organisation des deux demi-finales de rugby du Top 14, en mai. Réponse à la fin de l’année.
Pas question de déflorer la programmation, même si Olivier Baudry prévoit « trois options concerts pour mai et juin » et serait par ailleurs « fier et heureux d’accueillir Indochine à Villeneuve-d’Ascq ».