Publié le 28/01/2011 09:14 | Propos recueillis par Br. M.
Castres. "La Ville peut céder Pierre-Antoine au CO"interviewJacques Thouroude n'est pas contre l'idée que Pierre-Antoine passe aux mains d'un privé./Photo DR
Concernant la réflexion du Castres olympique sur un nouveau stade, Jacques Thouroude, l'adjoint au maire chargé des sports, préférerait un aménagement de Pierre-Antoine.
Jusque-là , on n'avait pas entendu la voix des élus locaux sur la réflexion menée par le Castres olympique sur la création d'un nouveau stade ou sur un aménagement de Pierre-Antoine afin d'améliorer les conditions d'accueil des supporters mais surtout des partenaires. En tant que président de l'Andes, l'association nationale des élus en charge du sport, Jacques Thouroude s'intéresse à ce problème et a même fait une intervention globale lors du colloque « Stades » organisé par la Ligue nationale de rugby (LNR) en novembre dernier. Et en tant qu'adjoint au maire de Castres chargé des sports, il a un point de vue sur le cas castrais.
Quel a été le sens de votre intervention au colloque de la LNR ?
Le rugby est à l'origine attaché aux territoires et fait partie de la culture de certaines régions. Le rugby professionnel est un atout pour les collectivités territoriales, pour le dynamisme, l'image positive et la cohésion sociale qu'il représente. Je comprends les besoins du professionnalisme d'augmenter le confort des stades pour augmenter les affluences et les recettes billetteries. Car l'équilibre financier des clubs est encore fragile et soumis à la volonté des propriétaires et mécènes d'investir pour équilibrer les comptes.
Vous comprenez donc que les clubs se tournent vers les collectivités ?
Les aides des collectivités représentent 7 % en moyenne des budgets de Top 14. Et elles ont investi depuis 2001, 127 millions d'€ dans les rénovations et constructions de stades. Et les investissements à venir sont de 160 millions d'€. Mais le contexte financier fait que les collectivités n'ont plus les mêmes moyens qu'auparavant. Sans parler du contexte juridique qui fait que les impératifs d'ordre commercial n'ont pas à être financés par les collectivités territoriales.
Quelles sont les solutions ?
Quel que soit le sport professionnel il faut qu'une partie des droits télés soit affectée au financement des stades et pas uniquement au fonctionnement des clubs. Et il faut favoriser l'accès à la propriété des clubs notamment par des baux emphytéotiques administratifs.
Concrètement qu'est-ce que cela signifie pour le CO ?
On est fiers de notre équipe mais on est limité en moyen. Je comprends qu'on veuille accéder au meilleur mais rien ne garantit que le CO restera à jamais dans l'élite à moins de mettre en place des ligues fermées. Il faut définir les besoins en fonction des bassins de vie et d'emploi. On ne peut pas se confronter à Toulouse ou à Paris. Mais une fois que le club aura bien défini ses besoins j'ai déjà dit au club il y a déjà quelques années lors du projet de création des tribunes sud et nord que j'étais prêt à réfléchir pour céder tout ou partie de Pierre-Antoine au club via un bail emphytéotique. Cela permettrait à des investisseurs privés de financer les améliorations du stade. Si j'ai encore des réserves sur l'intérêt des loges, il est clair qu'il faut améliorer le réceptif qui fait partie de la culture de convivialité des 3e mi-temps du rugby qui se distingue de beaucoup d'autres sports. Cette voie permet aussi d'accélérer le processus par rapport aux procédures lourdes d'appels d'offres soumises aux collectivités locales.
Que proposez-vous au CO ?
On peut imaginer au minimum que la ville cède la tribune Gabarrou, limitée en terme de places, pour l'agrandir et créer dessous du réceptif, des bureaux pour le siège du club et pourquoi pas des commerces avec des restaurants. Je ne suis pas choqué également par l'idée qu'un stade passe entièrement aux mains d'un privé via le «naming» par exemple. C'est-à -dire qu'un stade prenne le nom d'un partenaire privé.
Que pensez-vous de l'idée de créer un nouveau stade au Lévezou ?
C'est la liberté du club. Mais selon moi ce n'est pas la meilleure solution. Les supporters et même les joueurs sont attachés à Pierre-Antoine, comme Toulon peut l'être à Mayol par exemple. Il faut assurer la pérennité du club et ne pas s'emballer. Il faut trouver un montage intelligent qui permet à tout le monde de s'y retrouver.
Un nouveau stade réglerait le problème du parking.
On parle d'un problème qui se pose 14 jours par an. Et depuis que l'on a ouvert le parc des expos, les gens ont pris l'habitude de s'y garer et il y a moins de problèmes de stationnement.
Vous vous situez donc aux côtés du club pour qu'il se développe?
On a besoin d'un club comme le CO. Le sport professionnel est lié au sport de masse. Il n'y a pas l'un sans l'autre. Les gens d'identifient à ces sportifs de haut niveau. C'est un élément de fierté pour des territoires enclavés comme le nôtre.
--------------------------------------------------------------------------------
Quid du terrain synthétique ?En dehors du Castres olympique, Jacques Thouroude à d'autres dossiers sur le feu. Comme le terrain synthétique réclamé à corps et à cri par les clubs de foot ou de rugby qui ont des difficultés à s'entraîner lorsque les terrains sont interdits à cause des intempéries. Et c'est souvent le cas l'hiver. Un terrain synthétique que l'adjoint au maire avait promis pour 2010 mais qui n'est toujours pas lancé. « Le dossier est prêt techniquement et il est dans les mains du maire », affirme l'élu.