Le Mans FC: la chute d'un petit club qui se voyait en Ligue des ChampionsAcculé par les dettes, Le Mans FC va être liquidé et doit repartir avec un statut amateur, en DH, ou en CFA si le recours au CNOSF porte ses fruits. Il laisse bien vide une MMArena devenu un boulet financier pour la ville.
La MMArena ne va plus accueillir de match de football professionnel, sa raison d'être.
La spirale positive ne pouvait emmener Le Mans FC qu'en haut de l'Olympe, assis à la table des cadors du continent. "Parmi les 50 meilleurs clubs européens", disait alors son président, Henri Legarda.
Demi-finaliste de la Coupe de la Ligue en 2006, 2007 et 2008, le MUC 72 (son nom jusqu'en 2010) termine 9e du championnat de France de Ligue 1 la saison suivante. Son nouveau stade ultra-moderne doit bientôt être livré, juste à côté du magnifique circuit Bugatti, tronçon de la course mondialement connue des "24 heures du Mans". Sauf que depuis cette 9e place de 2009, la spirale a viré au négatif. Et rien n'est depuis venu inverser la tendance. A la rentrée, Le Mans FC va jouer en DH, à moins que l'appel examiné ce jeudi par le Comité national olympique et sportif français lui permette la CFA. Ce désastre sportif, économique et politique, peut être considéré comme un cas d'école. "Le foot business a tué le club", ne décolèrent pas les supporters joints par L'Express. La chute du Mans est l'envers d'un décor que peignent en or le PSG qatari et l'AS Monaco russe. Strasbourg et Grenoble avant Le MansLe cas du Mans, renvoyé aux limbes d'un statut amateur, est loin d'être unique. Rétrogradé sportivement de Ligue 2 à Nationale, Sedan vient d'être reversé en CFA, voire en CFA 2, à défaut d'un repreneur crédible. Vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2005, le RC Strasbourg a sombré en National en 2010, avant de payer les errements financiers de ses dirigeants d'une perte de statut professionnel l'année suivante et d'une descente en CFA 2.
L'exemple le plus emblématique reste celui du Grenoble Foot 38. Au soir du 30 août 2008, le GF 38 vient de prendre la tête de la Ligue 1, dans son flambant neuf Stade des Alpes (20.000 places). Certains n'hésitent pas à évoquer "une participation à la Ligue de champions à l'horizon 2014". Relégué en L2 deux ans plus tard, le club tombe en CFA 2 en 2010, perd son statut pro et doit licencier 70 personnes, ses actionnaires japonais refusant d'apurer la dette accumulée.
Les résultats sportifs n'ont pas suiviLe Mans FC est un bis repetita de l'effondrement grenoblois. Les dirigeants du club se sont vus trop beaux, incapables de gérer une baisse des résultats sportifs débutée par la rétrogradation en L2 à l'été 2010.
Le Mans, leader au milieu de la saison suivante alors qu'il vient d'étrenner son magnifique stade MMArena (25.000 places), rate la remontée d'un point. Or son budget pariait sur un retour en L1, dont les droits télé sont autrement plus importants qu'en L2.
Un an plus tard, la Direction national de contrôle de gestion (DNCG) rétrograde administrativement le club (17e sur 20),
dont le déficit se monte à 7,5 millions d'euros, en national. La décision est cependant invalidée en commission d'appel, le président Henri Legarda multipliant les promesses de bonne gestion. Sauf que les promesses ne sont pas tenues. Fin juin dernier, le club, déjà rétrogradé sportivement, est exclu de tous championnats nationaux et catapulté en Division d'honneur par la DNCG.
Le Mans FC accuse à présent un passif de... 14,4 millions d'euros, malgré les 2 millions d'euros récoltés en février par la vente à la ville du Mans du centre d'entraînement de la Pincenardière. Le dépôt de bilan et la liquidation du club deviennent inévitables. Un stade qui risque de coûter cherLes Manceaux risquent de payer bien cher l'implication de la municipalité dans les affaires du club. Inaugurée en 2010,
la MMArena a coûté 104 millions d'euros. La mairie n'en a financé que 31 (49 en tout par les collectivités locales), dans le cadre d'un "partenariat public-privé" avec Vinci.
La municipalité pourrait à présent être contrainte de régler 44 millions d'euros au constructeur, qui peut faire jouer sa clause de sortie! De quoi grever pour longtemps les impôts locaux des 85.000 foyers fiscaux Manceaux.
Ceux-ci pourraient avoir à régler plus de 500 euros supplémentaires chacun pour payer leur stade. Que va-t-il rester du Mans FC? Le tribunal de commerce du Mans doit décider ou non le 13 août de son redressement judiciaire,
après son assignation par l'URSSAF, pour 213.000 euros de cotisations impayés, et par Le Mans Stadium, la filiale de Vinci qui exploite la MMArena. La structure professionnelle doit de toute façon être dissoute, ce qui comprend l'équipe pro et le centre de formation, un établissement reconnu qui a donné, entre autres pépites, Didier Drogba.
Reste l'association Le Mans FC, avec l'équipe féminine de D2 et une multitude d'équipes jeunes. Soit tout ce qui correspond à la structure amateur et à la nouvelle équipe de DH (ou CFA). S'ils sont abattus par la chute, les supporters contactés ont promis de continuer à la soutenir, avec l'espoir de la revoir un jour parmi les pros.