Les Girondins vont fouler pour la première fois le Grand stade de Lille Le Losc (8e) a doublé les Girondins (10e) au classement et a pris une longueur d'avance grâce à son Grand Stade cette saison. Bordeaux attend le sien avec impatience. Le Grand Stade de Lille, 50 000 places. Celui de Bordeaux en comptera 43 500. (photo pqr) Les Girondins fouleront pour la première fois la pelouse du Grand Stade de Lille demain, et ce sera comme un voyage dans le futur. Car après Lille, Nice (août 2013), Lyon (septembre 2015) et bien sûr Bordeaux (avril 2015), les nouvelles grandes enceintes, en plus des stades rénovés de fond en comble, fleuriront à l'approche de l'Euro 2016.
Le stade de Lille Métropole a changé la vie du Losc : 39 000 spectateurs de moyenne cette saison contre 17 000 la précédente à Villeneuve-d'Ascq (20 000 à Bordeaux). Et la dimension des matches : le Grand Stade n'est plus un stade, c'est un lieu de spectacle, où les rugbymen du Stade Français affronteront Toulon le 30 mars, où Rihanna donnera un concert le 20 juillet (30 000 places vendues en deux heures).
Une longue préparation Ce grand saut, les Girondins le préparent depuis longtemps. Ils ont pris des conseils à Lille, dès le début du projet, au Mans, à Valenciennes. Des échanges instructifs sur des détails importants. « Par exemple, les dirigeants de VA ont attiré notre attention sur les risques d'une saturation rapide des réseaux sans fil explique Alain Deveseleer, directeur général du club. C'est important de disposer d'une capacité suffisante si l'on veut, en plus de l'utilisation des réseaux par le public, la presse, organiser des concours de pronostics en cours de match. »
M. Deveseleer a trouvé aussi des idées (coursive, mobilier mobile) dans les temples new-yorkais du base-ball. Pour autant, il ne croit pas « à la méthode qui consisterait à faire un best-of des autres stades. On en a visité beaucoup en Allemagne, qui est la référence. Mais la culture et la législation sont différentes. Là -bas, on a le droit de boire de l'alcool, alors on fait la fête en se mettant à table et en buvant beaucoup. Chez nous, on ne peut pas faire comme cela. »
Dès aujourd'hui, le club travaille d'arrache pied sur deux éléments qui vont de paire : attirer et retenir les spectateurs, et optimiser les recettes aux guichets et à l'intérieur.
Un match, une histoire « On ne peut pas se contenter de faire en mieux ce que nous faisons aujourd'hui. Nous devons raconter une histoire, amener les gens à passer au stade une journée autour d'un match », annonce le dirigeant. « Nous travaillons avec des exploitants de cinéma, de parcs d'attractions, des producteurs de spectacles, des gens qui ont cette culture de garder le spectateur au-delà d'un film ou d'un concert. »
« Aujourd'hui, dans notre stade spartiate, un père peut hésiter à amener son fils de 12 ans s'il risque de prendre la pluie sur la tête. Dans le Grand Stade, il peut l'emmener sans ce souci, profiter d'animations pour les enfants sur place, la maman pourra venir et après le match ils iront au restaurant. C'est une tout autre histoire. »
L'augmentation des recettes ne passera pas par une hausse brutale des tarifs. « On entend tout et n'importe quoi. Nous garderons des tarifs enfants, familles, groupes, les tickets à 10 euros ne passeront pas à 20. Les augmentations seront les mêmes que si nous étions restés à Chaban. »
L'augmentation des recettes doit venir du nombre de spectateurs, des loges et services VIP. « La bonne règle est d'avoir 10 % des sièges en loges et business. Nous en avons 1 700 actuellement, nous en aurons 3 000 avec des services de bien meilleure qualité. Aujourd'hui, la Bodega, c'est un siège comme les autres, avec un service de restauration. Le Pavillon Lescure, c'est un très bon restaurant mais il faut marcher 10 minutes pour aller de sa table à son siège. Demain, nos partenaires et clients seront sur place. »
M. Deveseleer relativise l'impact sur le budget du club d'un Grand Stade, quelle que soit la situation sportive. « Nos simulations partent de la pire. On ne perdra pas plus que si nous étions restés à Chaban, donc le Grand Stade n'est pas une prise de risque, et je rappelle que M6 s'est massivement engagé dans ce projet de 170 millions d'euros (NDLR : 282 millions pour Lille). En revanche, dans une bonne saison, en championnat, avec une Ligue des champions, là , le nouveau stade sera un levier de développement considérable. »
(1) Les architectes Jacques Herzog et Pierre de Meuron ont signé notamment l'Allianz Arena de Munich, Vinci a construit, entre autres, le Stade de France.