Vague d'inquiétudes sur le projet ArenaLa crise retarde la signature des enseignes et fait douter les élus.
Sur les 43 hectares de la ZAC des Quais, quatre grues s'activent. Des programmes de logements qui vont rejoindre ceux déjà terminés et qui abritent aujourd'hui plusieurs centaines de foyers. Un groupe scolaire de 16 classes, au diapason de ce nouveau quartier qui comptera à terme plus d'un millier d'habitations, est également en gestation. Sur le terrain dévolu à l'Arena, juste un petit panneau indiquant l'obtention du permis de construire. Décembre 2009, déjà . Débarrassé des derniers recours il y a plus d'un an, le projet alliant salle de spectacles et complexe commercial (lire ci-contre) est maintenant confronté à un obstacle économique.
Annoncés au début de l'année, les travaux de construction attendent toujours un seuil clé : les 40 % de commercialisation des enseignes, condition de déblocage des fonds pour les partenaires, essentiellement la Hollandaise Rabobank. Il y a dix jours, le plus ardent défenseur de cet Arena village lui-même s'inquiétait de la lenteur du dossier : Vincent Feltesse, président de la communauté urbaine de Bordeaux (CUB) confiait son questionnement.
La foi nuancée de Feltesse
Lundi soir en Conseil municipal de Bordeaux, l'adjoint au maire Modem Fabien Robert tirait la sonnette d'alarme, rappelant son scepticisme sur la viabilité d'un montage exclusivement privé, rappelant aussi son penchant à l'époque du choix, pour un Zénith financé par des fonds publics. Curieusement, aucun mot pour un autre projet fragilisé par le contexte économique : les « Berges du Lac », bébé plus bordelo-bordelais.
« Avant l'été, le coup était sur le point de partir » argumentait hier Vincent Feltesse. « Or la crise a à nouveau frappé, nous avons été témoins d'un retournement de tendance. Il est toutefois absurde de prédire la mort de l'Arena. » Dans ce dossier, une fois n'est pas coutume, le temps politique devance le temps commercial. Mais l'élu le réaffirme : « Je suis persuadé que le dossier sortira. Il s'agit d'un emplacement exceptionnel au débouché du pont J.-J. Bosc à proximité de la LGV. Je rappelle en outre que le coût pour la collectivité est d'un euro pour la communauté urbaine. C'est un pari, je pense qu'il sera gagnant ».
« L'Arena se fera »
Qu'en dit la SAS Montecristo, porteuse du projet et associant MAB Développent et son relais bordelais Nouvelles fonctions urbaines (NFU) ? « Je voudrais signaler à certains observateurs que cet été est survenu un phénomène appelé crise économique », ironise Benjamin Delaux à NFU. « Il est évident que cela complique les choses, pour l'Arena comme pour tous les projets de ce type dans le monde. Nous sommes cependant et plus que jamais dans l'action. »
Et de brandir le dernier numéro de « Sites commerciaux », magazine spécialisé où les promoteurs se sont payés la quatrième de couverture pour faire la publicité du Grand Arena dont l'ouverture est annoncée à la fin de l'année 2013. « MAB Développent vient d'ouvrir un complexe d'1,3 milliard d'euros à Francfort », ajoute Benjamin Delaux. « C'est la marque d'un dynamisme et d'un volontarisme que vous verrez aussi sur l'Arena. » Au téléphone, le PDG de MAB Development Marc Vaquier confirme la situation difficile mais garde confiance dans le projet floiracais.
Une communication CUB/Montecristo devrait se faire la semaine prochaine, réaffirmant la foi de chacun dans l'Arena.
Reste que les turbulences sont nombreuses pour ce dossier majeur de la CUB. Il est vrai que l'agglomération bordelaise est la seule en France à ne pas disposer d'une salle de spectacle de grande capacité digne de ce nom. Tout sera fait pour sauver le soldat Arena. Et Vincent Feltesse d'expliquer : « Nous n'en sommes pas encore au plan B ». Ce qui, en creux, laisse entendre qu'une solution alternative existe.