http://www.nordeclair.fr/info-locale/grand-stade-de-lille-le-gazon-est-il-maudit-jna60b0n98329 a écrit:Grand Stade de Lille : le gazon est-il maudit ?
La pelouse du Grand Stade de Lille est dans un état inquiétant à la veille du match de rugby France-Argentine. Le problème est-il lié à la nature du stade ? Non, répond le LOSC.
Le LOSC a joué seulement dix matches (*) dans sa nouvelle antre, et la pelouse ressemble déjà à un champ de patates digne des premiers tours de la Coupe de France.
Des traînées marronâtres s'étalent sur toute la longueur du terrain, et près des poteaux de corner comme dans la surface de réparation, on croirait que des taupes ont établi leurs quartiers d'hiver. Dans ce Grand Stade devenu la vitrine du club, l'état du gazon fait désordre : « Le foot est un spectacle sportif où il faut que la scène soit parfaite », note avec poésie le directeur général adjoint du LOSC en charge des opérations, Didier de Climmer, qui rappelle aussi que le LOSC a besoin d'une pelouse en bon état pour poser son jeu (lire ci-contre).
Causes conjoncturelles ou structurelles ?
L'état de l'herbe n'inquiète pas que le staff et les joueurs : les supporters en parlent entre eux et sur les forums dédiés, où les informations les plus contradictoires circulent. « Le stade est magnifique, mais on s'étonne que ce problème survienne aussi tôt et que les difficultés rencontrées n'aient pas été anticipées », déplore François Stock, président du club de supporters « les dogues du net », qui relativise illico : « Pour le moment, cela n'a pas eu d'incidence réelle sur le jeu. » Mais le fond du problème est dans l'interrogation sur les causes du mal. Le problème est-il conjoncturel ou structurel ? Autrement dit, est-il ponctuel ou doit-on craindre que les mêmes causes produisent les mêmes effets ? Pour le savoir, il ne faut pas espérer de réponse d'Elisa, la filiale d'Eiffage en charge du Grand Stade, qui fait la sourde oreille aux questions. « On a choisi de ne pas communiquer sur ce sujet », répond la direction.
C'est donc le LOSC qui fait le travail d'explication, par la voix de Didier de Climmer, qui avait déjà abordé la question après le dernier matche, samedi dernier (Cf. NE de dimanche). Une voix qui penche pour la cause conjoncturelle. « Il n'y a pas eu de faute de compétence ni de vigilance, tout est venu de l'urgence dans laquelle le stade a été ouvert », estime-t-il.
La pelouse a pourtant été posée le 5 juillet, soit plus d'un mois avant le premier match du LOSC à Villeneuve d'Ascq, le 17 août. « Des difficultés techniques ont empêché nos équipes de se livrer au moment opportun à toutes les opérations qu'il aurait fallu mener sur la pelouse, qui doit être bichonnée à des moments très précis », confie-t-il. Les équipes chargées de le faire sont d'ailleurs les mêmes que celles qui officiaient au Stadium, enceinte qui était réputée pour la qualité de son herbe.
Le gazon était donc déjà fragile lorsque deux facteurs supplémentaires sont apparus : l'ouverture à deux reprises, en un temps rapproché, de la « boîte à spectacles », qui nécessite de faire coulisser une moitié de pelouse sous l'autre, et le défaut d'aération du stade, souvent couvert ces dernières semaines.
« La ventilation n'a pas bien fonctionné, et la luminothérapie non plus », détaille-t-il.
Doit-on craindre qu'à chaque ouverture de la « boîte à spectacles », le même problème survienne ? « A priori non », espère Didier de Climmer.
Eiffage devra payer
Les équipes d'Elisa et du LOSC attendent lundi pour prendre une décision sur la suite, une fois que la tornade rugby sera passée sur le stade. Mais sans beaucoup d'illusion : « On sait que le rugby est destructeur, et que la pelouse sera dans un état pire que samedi dernier », indique-t-on au club lillois.
L'hypothèse d'un « replaquage » tient donc la corde : de nouveaux rouleaux de gazon seraient alors déposés sur les racines déjà existantes. Si aux dires des spécialistes, c'est la pire époque de l'année pour le faire, le calendrier est favorable puisqu'il n'y aura pas de match à domicile avant la réception de Bastia le 1er décembre.
Ce replaquage coûterait la bagatelle de 150 000 E, entièrement à la charge d'Elisa selon la communauté urbaine de Lille, gardienne des relations entre ses deux partenaires : « Eiffage est tenu d'offrir au LOSC une pelouse en bon état », précise Michelle Demessine, qui relativise elle aussi l'importance d'une telle opération : « Tous les grands stades changent leur pelouse régulièrement, ça fait partie de la maintenance. Ce qui est ici problématique, c'est qu'on est au tout début et qu'elle n'a pas bien "pris", mais il n'y a vraiment pas de quoi grimper à l'arbre. » À titre de comparaison, l'ArenA d'Amsterdam, enceinte qui avait servi de modèle au Grand Stade de Lille, change son herbe trois à quatre fois par an.
BRUNO RENOUL (AVEC LE SERVICE DES SPORTS) >
bruno.renoul@nordeclair.fr