PELOUSE IMPRATICABLE
Un audit confidentiel est en cours pour évaluer ce qu’il en coûterait de mettre fin au synthétique de Marcel-Picot. Une pelouse de plus en plus critiquée. Ouvertement aujourd’hui.
Nancy. Longtemps le sujet a été tabou. Enfin, pour les Nancéiens ! Soumis à une sorte de devoir de réserve. Pour les joueurs, les staffs, les dirigeants évidemment. Aujourd’hui les langues se délient sous le poids des événements, du coup les responsables du club ne cachent plus qu’ils ont mis le sujet à la réflexion. De quoi s’agit-il ? De la pelouse de Picot ! De ce synthétique jugé responsable d’une partie, mais d’une partie seulement, des malheurs ou mésaventures récents de l’ASNL. En fait il ne se passe plus un match sans qu’une critique n’accable la surface, souvent elle vient d’un adversaire courroucé mais plus seulement. Des blessures ou un spectacle indigne inspirent également les membres de l’ASNL. Bref on ne trouve pratiquement plus aucun sympathisant pour défendre ce particularisme local. « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis… », concède Jacques Rousselot qui vient de commanditer un audit pour envisager un retour en arrière.
Si le président assume, il n’oublie pas de préciser que cette pelouse était le premier étage d’une fusée, le synthétique était la seule possibilité dans un grand stade fermé avec un toit. Éligible et élu pour l’Euro 2016 avant que les élus du Grand Nancy n’arrêtent les frais. L’histoire a sa vérité à laquelle on doit ajouter qu’au bout de cinq ans de garanties, ladite pelouse devait être remplacée par de l’herbe puisque l’UEFA n’autorise rien d’autre. Or nous sommes arrivés au bout du délai et même si le phénomène parait délicat à formaliser de nombreux témoignages de joueurs semblent indiquer que le sol se durcit. Tuant dans l’œuf l’idée vendue jadis que les blessures n’étaient pas plus nombreuses, au contraire. Et dans le registre de la publicité mensongère, qu’on allait au-devant d’une véritable invasion des pelouses de ce genre en France. À cette heure il y a zéro projet et une colonie de détracteurs.
Quels avantages ?
Pablo Correa n’en fait pas partie à proprement parler mais il s’interroge. « Quel avantage avons-nous aujourd’hui à jouer sur du synthétique ? ». Bonne question. Le coach est catégorique, il est plus facile de défendre et il est plus difficile de tenir le ballon au sol. Bref le visiteur est favorisé. « En fait l’observation je l’ai faite quand j’étais loin de Nancy », ajoute l’entraîneur qui a participé à la genèse du projet en apportant sa caution. La suite aura prouvé aussi que l’alternance entre match à domicile et extérieur était un handicap supplémentaire sans que l’ASNL ne puisse tirer parti d’une forme d’accoutumance. Alors que dans le même cas d’école Lorient a cherché des joueurs doués pour les caractéristiques du synthétique, en terme de gabarits ou de technique par exemple, Nancy n’en tenait pas compte. Et alors que Jean Fernandez programmait le plus souvent possible avant des matches à la maison des séances d’entraînement à Picot, son prédécesseur et successeur cherche le contraire. Pour économiser des organismes soumis à un régime traumatisant. Preuve que le débat n’est pas clos, y compris quand on se penche sur l’état d’un bon nombre de pelouses naturelles de l’Hexagone. Surtout l’hiver. En attendant cet été des recrues potentielles ont refusé Nancy pour ne pas se frotter à son sol.
Reste la partie économique du brainstorming. Dans un stade appartenant à la collectivité, l’ASNL avait financé sur ses deniers l’aménagement qu’elle croyait nécessaire à son rayonnement. Une autre époque. C’est ce que l’on appelle une erreur industrielle lourde. 1,8 M d’euros. Aujourd’hui l’étude en cours est chargée d’évaluer la destruction de l’existant y compris d’un soubassement qui devait accueillir des charges très lourdes pour des concerts par exemple, plus la pose d’une nouvelle surface. Hybride ou naturelle. Les élus de la CUGN, les propriétaires, seront évidemment autour de la table.
Christian FRICHET