Le Racing veut son public Lors de leurs échanges de mails, Laurent Fournier (à droite) a clairement signifié à son président Jafar Hilali son désaccord sur la volonté de ce dernier d’organiser à huis clos le match de vendredi contre Bayonne à la Meinau. « Le huis clos, c’est la mort du foot. » Photo Dominique GutekunstLes Strasbourgeois et leur staff ont pris connaissance avec stupeur et incrédulité de la volonté de leur président, Jafar Hilali, de jouer à huis clos le dernier match de la saison, vendredi (20 h) à la Meinau contre Bayonne. Ils s’élèvent contre cette idée, surtout pour une rencontre décisive, mais ne lui prête guère de crédit.On aurait pu croire que la volonté de Jafar Hilali de faire jouer à huis clos le dernier match de la saison vendredi contre Bayonne avait figé les sourires des Strasbourgeois hier matin lors de la reprise de l’entraînement. Le dernier coup de folie, de bluff, de poker, de Trafalgar peut-être (Trafalgar Square à Londres évidemment) d’un président autoproclamé roi de la provocation a été perçu comme une guignolade de plus.
A ajouter, bien sûr, à la série sans fin qui fait du Racing un feuilleton permanent maniant le comique par l’absurde. Les Monty Python et leur « Flying Circus », à qui Arte vient de rendre un hommage appuyé, n’ont qu’à bien se tenir.
A la sortie du terrain annexe, Laurent Fournier a été le premier à trouver la force d’en plaisanter. « Ma femme et ma fille viennent pour ce dernier match de la saison. Si elles se déplacent pour rien, ça va mal aller (sourire). Plus sérieusement, j’ai échangé avec le président Jafar Hilali par mail. Je lui ai dit qu’un huis clos n’était pas possible. Il m’a répondu qu’il irait jusqu’au bout. Je ne suis pas d’accord. Quand j’étais coach du PSG, nous avons joué à huis clos contre Bastia (1-0 le 26 février 2005, but de Selim Benachour). Ce n’est pas en punissant comme ça qu’on règle les problèmes avec les supporters. D’ailleurs, quels problèmes y a-t-il avec les supporters de Strasbourg ? Moi, j’ai vu à Rouen comment les stadiers rouennais les avaient traités (1). A Paris, j’ai vécu des choses beaucoup plus graves dans les années 90, avec l’agression d’un policier au Parc des Princes. Le foot sans spectateurs, ce n’est pas du foot. C’en est la mort, un enterrement. Mon rêve à moi, c’est de jouer dans des stades pleins. En plus, ce match contre Bayonne est l’aboutissement d’une saison au cours de laquelle nous nous sommes battus depuis le début pour avoir un rôle à jouer dans ce championnat. Pour ce qu’ils ont réalisé, mes joueurs, qui forment vraiment un groupe formidable, méritent de jouer dans des stades pleins, particulièrement ce dernier match décisif. Le comportement des supporters strasbourgeois n’est ni méchant, ni punissable. Le match est important pour tout le monde, le président, les joueurs, la Ville de Strasbourg. Franchement, j’espère que ça ne se fera pas. Ce doit être une fête. »
Stéphane Noro, l’homme providentiel depuis son arrivée en janvier (7 buts, 8 passes), avoue que « le groupe ne prête pas attention à cette histoire. Envisager d’organiser un dernier match à huis clos quand tu joues la montée est juste ridicule. Le président sait très bien que ce n’est pas possible. C’est simplement dommage de faire toute une affaire de ça alors que se profile un dernier match à la Meinau et que la montée est en jeu. Nous, les joueurs, nous nous concentrons sur le terrain, comme d’habitude. Nous avons envie de jouer devant notre public. Mais bon, ce n’est pas le premier truc un peu « space » qu’on entend ou qu’on voit. »
En écho à un David Ledy qui estime que « ce que les supporters ont montré à la Meinau lors du dernier match contre Rodez était vraiment bien » et espère « qu’ils seront de nouveau derrière » le Racing vendredi, Julien Outrebon confie que « ce serait dommage que le public ne soit pas là . On a forcément été surpris que le président l’envisage, mais nous, joueurs, ne pouvons rien faire. Les à -côtés, on les laisse comme d’habitude à la place des vestiaires. Nous préparons notre semaine normalement en sachant qu’il nous faut juste gagner. »
Dans un tel contexte, les Bleus ont un certain courage à parler encore de normalité.
Stéphane Godin
(1) Loïc Damour avait aussi témoigné en leur faveur dans notre édition de dimanche.
le 17/05/2011 à 00:00 par Stéphane Godin