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voix du nord Le Grand Stade du futur s'adaptera-t-il aux nouvelles normes sismiques ? On ne connaît toujours pas la nature ni surtout le coût exact des éventuels travaux de confortement. PHOTO PIB
| INCERTITUDE |
Le risque sismique, tel qu'établi par la nouvelle réglementation de 2010, sera-t-il un jour pris en compte par le Grand Stade ? La question reste entière alors que les études promises par Elisa pour début octobre 2011 sont encore en cours d'analyse. En cause : des travaux de confortement dont le coût pourrait se chiffrer à plusieurs millions d'euros.
> Rien à déclarer. Contactés en fin de semaine, les deux partenaires de l'opération n'ont aucun commentaire à apporter. Du côté de la communauté urbaine, on fait savoir que « le diagnostic d'Eiffage est terminé. Au constructeur maintenant de tirer les conclusions sur les travaux à réaliser ». Bertrand d'Hérouville, le patron d'Elisa, est encore plus laconique : « Je n'ai rien à déclarer sur le sujet. » Si le silence est épais, le problème, lui, reste entier.
> Pas obligatoire. Sur le plan juridique, rien n'oblige le constructeur à se mettre en conformité avec les normes fixées par deux décrets et un arrêté du 22 octobre 2010, liés à l'entrée en vigueur de l'Eurocode 8 de 2005. Cette réglementation n'est en effet applicable qu'aux demandes d'urbanisme déposées à compter du 1er mai 2011. Ce qui n'est pas le cas du Grand Stade, dont le permis de construire date du 17 décembre 2009. Pourtant, le constructeur a bel et bien estimé « convenable d'informer LMCU sur le risque sismique potentiel », selon la formule employée en juillet dernier par Bertrand d'Hérouville. Une « information » de nature à faire tousser le partenaire public : non seulement à cause du surcoût potentiel (évalué à l'époque à quelque 80 M€), mais aussi en raison de l'identité du payeur.
> Le coût du risque. Le contrat de Partenariat public privé le définit dans son article 15.3. Elisa les prend tous en charge, sauf deux : le changement des normes du football et ceux liés au risque sismique. C'est donc à la communauté urbaine d'assumer, dans le cas bien sûr où elle se résoudrait à demander les fameux travaux. « Moi, je ne demande rien, j'informe », soulignait Bertrand d'Hérouville dans nos colonnes le 14 septembre.
À LMCU, on se défend d'être demandeur de quoi que ce soit, estimant que c'est au constructeur « de s'informer, d'anticiper et de se mettre en conformité » avec les règles de l'art en vigueur. Sauf que dans le cas précis, tout était connu depuis longtemps. D'où la question lancinante : pourquoi quelqu'un, à la communauté urbaine, a-t-il accepté de prendre en charge le surcoût lié à un changement de normes sismiques déjà en cours ?
> Eiffage avait prévenu. Dès le dialogue compétitif, en 2007 et 2008, le groupe de BTP avait ouvertement posé la question, « et en conscience, les gens de LMCU ont pris le risque sismique à leur charge », dévoilait Bertrand d'Hérouville.
L'homme de l'art précisant, bon prince, que « personne ne connaissait alors les conséquences de la cartographie. C'est le décret d'octobre 2010 qui a donné les clés ».
Sauf que ladite carte, publiée dès le 21 novembre 2005, « non encore applicable et susceptible d'adaptation », classait déjà la région Nord en zone 2, c'est-à -dire en risque faible, au lieu de nul. Le mouvement est dès lors enclenché. C'est tellement vrai que début 2009, le bureau d'études Antéa y fait explicitement référence dans le dossier de demande d'autorisation d'exploiter au titre des installations classées (ICPE) . Bref, la messe était déjà dite.
NORD ÉCOLOGIE CONSEIL REPART AU COMBAT
Alfred Leclercq n'en démord pas : la technique utilisée par Eiffage pour asseoir les fondements de l'ouvrage menace la nappe phréatique. Tel est en tout cas l'objet de la plainte que s'apprête à déposer le mouvement Nord Écologie Conseil dont il est le président. « Il fallait s'en tenir à ce qui était prévu dans l'étude d'impact initiale effectuée par le cabinet Antéa pour le permis de construire , assène l'agrégé de physique, c'est-à -dire réaliser une excavation et la remplir avec de la craie issue du site. Ensuite, il fallait couler une dalle horizontale, comme ce qui est préconisé pour le stade de Lyon. Ainsi, on supprime le risque de pollution de la nappe phréatique et on limite les aléas sismiques . »
Au lieu de cela, dénonce le physicien, « on a comblé les catiches avec un coulis de cendres qui est un déchet industriel, puis on a réalisé des fondations à partir de pieux descendant dans la nappe phréatique. Un système qui rend l'ensemble plus sensible à la sismicité ». Eiffage, pourtant, a procédé régulièrement à des analyses, qui n'ont pas révélé la moindre trace de pollution. « Évidemment, au bout de trois semaines, tout est propre ! Mais qu'en sera-t-il dans plusieurs années ? », interroge le scientifique militant.