"«Daniel Percheron, pouvez-vous nous confirmer que la rénovation du Stade Bollaert est impossible aujourd'hui?
Elle n'est pas possible. L'accord passé sous l'autorité de David Douillet (ancien Ministre des Sports) où la Région se rendait totalement disponible pour être Maître d'oeuvre du projet (maîtrise d'ouvrage déléguée), assumer les faibles risques financiers (emprunt sur quarante ans), collecter les subventions publiques (du Département et de la Communauté d'Agglomération de Lens-Liévin) et réaliser le stade a expiré au trente juin. Il n'a jamais été mis en oeuvre, ni par le propriétaire du stade (la ville), qui avait sa vision des choses, ni par le locataire, le club, donc le Crédit Agricole Nord de France (actionnaire majoritaire). Nous n'avons jamais varié. Nous avons attendu jusqu'au dernier moment. Étant entendu que si Gervais Martel redevenait propriétaire du RC Lens, les choses se seraient sûrement accélérées.
«A l'épopée ?'Martelienne'' succède une forme de banalisation totale du RC Lens. Le Stade Bollaert n'étant pas rénové au moment où le magnifique Grand Stade de Lille va être inauguré, il y a comme une passation de pouvoir.»Vous ne pouviez donc pas obtenir une majorité pour recourir à un emprunt sans savoir quel serait le prochain propriétaire privé du RC Lens?
Tout a basculé dans le bureau du Ministre et de la Région. Il y a d'abord eu la date du trente mars. Puis celle du trente juin sur intervention de M. Lambert (président du comité d'organisation de l'Euro 2016) qui tenait à la présence du Stade Bollaert. A cette époque, le projet sportif, l'ambition sportive s'accompagnaient d'une loi spécifique votée pour l'organisation de l'Euro 2016 en France et donc de la rénovation du Stade Bollaert. Tout était cohérent. A partir de là , nous apprenons la démarche du Crédit Agricole. Il est propriétaire du club qu'il a sauvé une première fois du dépôt de bilan (2008). Il veut le rationaliser. Il considère qu'il est impossible à gérer dans le format actuel. Un jour, peut-être, le CANF vendra le club par l'intermédiaire de M. Luc Dayan (nouveau président de la SASP nommé par le CANF). Tout devient flou et incertain. A l'épopée ?'Martelienne'' succède une forme de banalisation totale du RC Lens. Le Stade Bollaert n'étant pas rénové au moment où le magnifique Grand Stade de Lille va être inauguré, il y a comme une passation de pouvoir dans l'air. Pourtant, le VAFC, avec Francis Decourrière (ancien président du club), a réalisé un stade magnifique dont le rapport qualité prix (78 M? pour 25 000 places) est le plus performant de France. C'est dommage car le Stade Bollaert et Lens sont plus qu'un club et qu'un stade. C'est une cathédrale qui rassemble le peuple artésien dans les bons et les mauvais moments. Renoncer à cette rénovation, c'est pour moi un véritable crève-coeur.
D'autant qu'il faudra procéder à des travaux de sécurité dans quelques années...
Il faudra le rénover mais nous n'aurons plus le droit d'intervenir dans la cadre d'un bail emphytéotique (Bollaert est exploité par le RC Lens jusqu'en 2052 moyennant 400 000 euros annuels de loyer). Nous avions le droit dans le cadre de la loi sur l'Euro 2016. Il faut que le prochain repreneur ait les épaules très larges. Le Louvre-Lens va démarrer (4 décembre). L'UNESCO est là (elle vient de classer le Bassin Minier au patrimoine mondial, ndlr). Quelque part, on peut avoir le sentiment d'un véritable gâchis.»"
Propos recueillis par Joël DOMENIGHETTI