benoit62 a écrit:Lille : les mystères de l'attribution du Grand Stade à Eiffage
Depuis l'affaire du Carlton, le nom du Grand Stade de Lille, un énorme partenariat public-privé (PPP) attribué en 2008 à Eiffage, ne cesse d'être évoqué par la presse, qui se demande quelles ont bien pu être les contreparties des parties fines parisiennes et des voyages à Washington réglés, rubis sur l'ongle, par David Roquet, le dirigeant d'une filiale nordiste du groupe de BTP.
D'après le JDD, un audit mené par Eiffage a déjà mis au jour cinq factures allant de décembre 2010 à mai 2011, portant au dos la mention DSK, pour un montant total de 30.000 euros. «Au mieux ils ont un très mauvais comptable, au pire ils sont impliqués», a ironisé Eric Dupond-Moretti, l'avocat de David Roquet, sur Europe 1 dimanche.
Tandis que le groupe Eiffage portait plainte le 24 octobre pour abus de biens sociaux, son ancien cadre, mis en examen pour proxénétisme, aurait, selon L'Express, accusé les dirigeants d'Eiffage d'organiser chaque année des virées chaudes avec des élus locaux. «Si Eiffage veut qu'on lui rafraîchisse la mémoire, David Roquet est tout à fait disposé à le faire», a déclaré, menaçant, son avocat dimanche.
Mediapart a donc décidé de revenir sur l'attribution surprise, en février 2008, du marché à Eiffage, pourtant classé deuxième par les services techniques de la communauté urbaine Lille Métropole et bien plus onéreux que son concurrent Bouygues. «Tous les critères d'attribution donnent Bouygues devant et, par l'opération du Saint-Esprit, c'est Eiffage qui l'emporte avec un surcoût de plus de 100 millions d'euros !», résume Thierry Lazaro, député UMP du Nord.
Le chantier du Grand Stade© DR
A ce jour, aucun lien ne se dessine avec l'affaire du Carlton. Matériaux et Enrobés du Nord, la filiale spécialisée dans les travaux routiers que dirigeait David Roquet, mis à pied le 21 octobre par Eiffage, ne participe pas directement à la réalisation du Grand Stade. Et les voyages et dîners visés par la justice se déroulent entre 2009 et 2011, bien après l'attribution du marché du Grand Stade.
Mais ce revirement de dernière minute des élus de Lille Métropole au profit d'Eiffage interpelle.
Le 23 janvier 2008, après un an d'études, le rapport des services techniques de Lille Métropole classe le projet de stade de Bouygues (332 millions d'euros) largement devant celui d'Eiffage (440 millions d'euros) et de Vinci (446 millions d'euros). Le palmarès respecte le souci d'économie de Pierre Mauroy, président de la Communauté, qui avait fixé la redevance annuelle maximum à 10 millions d'euros (pendant les 31 ans du PPP).
Surprise, une semaine plus tard en séance plénière, 82% des conseillers communautaires votent pour le projet Eiffage, sur la base d'un nouveau rapport modifiant le classement. Un rapport officiellement daté du 1er février, mais qui ne leur sera communiqué que fin juillet 2008 par la présidence de Lille Métropole !
Dans les coulisses de la communauté urbaine, un élu du Nord, Henri Ségard, maire de Comines, a mouillé la chemise pour Eiffage. Jusqu'ici farouche défenseur du moins-disant, il devient soudain l'avocat d'un projet à 17 millions d'euros par an, conquis par sa «multifonctionnalité», sa plus «grande solidité financière» et son esthétique.
Se présentant comme un galet translucide, le stade Eiffage«était quand même le projet le plus séduisant sur le plan architectural», souligne aujourd'hui Jacques Richir, élu lillois Modem. «C'est un bel objet posé sur un parvis, comme on fait en France», estime quant à lui Luc Delemazure, l'architecte du projet concurrent Bouygues. Avant de sabrer : «Nous avions un projet beaucoup plus rationnel, urbain et ouvert sur la ville», explique-t-il.
A la tête d'un groupe de petits maires centre-droit, qui joue un rôle charnière dans la désignation du futur patron de Lille Métropole, Henri Ségard est en position de faiseur de roi. Il convainc les deux premiers vice-présidents, Martine Aubry (PS) et Marc-Philippe Daubresse (UMP), qui louchent du côté du trône, de soutenir le groupe de BTP initialement classé deuxième.
«Henri Ségard a demandé à me voir et l'entretien a duré cinq heures, il avait préparé un argumentaire de plusieurs pages en faveur d'Eiffage, remarquablement fait», se souvient Marc-Philippe Daubresse.
Tour de passe-passe
Pierre Mauroy, souhaitant le consensus pour son dernier acte de président, se plie donc au choix d'Eiffage. La décision est prise le 28 janvier 2008 lors d'une réunion en petit comité du bureau de la communauté urbaine, et Henri Ségard est alors, selon Marc-Philippe Daubresse, chargé de rédiger un nouveau rapport d'analyse des offres.
Le soir du vote du 1er février 2008, c'est un Pierre Mauroy presque résigné, qui vante, face aux télés, une offre Eiffage «quand même supérieure, donc ça vaut la peine de passer du moins-disant au mieux-disant». Et d'insister, comme pour se démarquer du choix de ses vice-présidents : «Ils ont choisi le mieux-disant.»
Fin juillet 2008, deux élus UMP obtiennent enfin ledit rapport censé dater du 1er février 2008. Surprise, il ne reprend aucun des arguments techniques développés quelques mois plus tôt par Henri Ségard. Sur 85 pages, seules deux demi-phrases concernant la qualité architecturale des projets ont été ajoutées.
23/01/08
01/02/08
En revanche, la notation finale est inversée. Du sur mesure : Eiffage, passé de 6,4 à 7,1 points, gratte de justesse (de 0,1 point) Bouygues, qui n'a été réévalué que de 6,8 à 7 points.
«Deux demi-phrases ajoutées et ça nous coûte 108 millions d'euros», ironise Eric Darques, ancien élu divers droite et membre fondateur d'Anticor.
En décembre 2010, il a déposé plainte pour faux et usage de faux auprès du tribunal de grande instance de Lille, persuadé que le second rapport privilégiant Eiffage avait été rédigé a posteriori, pour justifier un choix politique.
A Lille, alors que le Grand Stade, sélectionné pour l'Euro 2016, vient de recevoir son toit, le rappel de ces «détails» agace. «Pierre Mauroy aurait très bien pu décider du PPP tout seul dans son bureau, répond Jean-Marc Germain, le directeur de cabinet de Martine Aubry. Il a souhaité que ce soit ouvert à tous les élus, qu'ils aient accès à tous les documents. Et puis sur le plan architectural, c'était bien normal que la note évolue, le projet Bouygues, c'était un immeuble de bureaux !»
Projet du stade Bouygues© DR
Sans doute une révélation esthétique de dernière minute, puisque la commission qui avait auditionné chacun des candidats trois jours, maquettes géantes et chiffrages précis à l'appui, avait classé les projets Eiffage et Bouygues à égalité sur le plan architectural.
De plus, dans le second rapport d'analyse daté du 1er février 2008, la différence s'est jouée, non sur le critère architectural, mais sur celui du coût global, la note d'Eiffage ayant été augmentée au forceps.
«Alors que le nombre de points attribués aux autres critères n'a pratiquement pas varié, toutes les notes de ce critère (le coût global, ndlr) ont été augmentées. Mais moins celle de Norpac (Bouygues), ce qui explique son déclassement»,observe ainsi la Chambre régionale des comptes du Nord-Pas-de-Calais en octobre 2010. Bref un bidouillage en règle pour coller à un choix politique déjà acté.
«Les règles du jeu ont été changées»
«Des concours j'en ai gagné et perdu, mais quand on fixe des règles et un budget, on ne les change pas en cours de route, remarque Luc Delemazure, outré. En un an de travail, nous avions réussi à réduire notre budget de 30 millions d'euros à 10 millions d'euros par an pour rentrer dans leurs exigences. Les 108 millions supplémentaires d'Eiffage, c'est presque le coût du siège de la région Nord-Pas-de-Calais que j'avais réalisé !»
Ecœuré, l'architecte a pris sa retraite et quitté la région lilloise quelques mois plus tard.
Lors d'une réunion de juin 2008, Daniel Percheron, président PS du conseil régional du Nord-Pas-de Calais, admettait lui-même que «les règles du jeu ont été changées dans les dernières 72 heures, le moins-disant n'a pas été retenu et c'est le projet le plus emblématique, le plus performant, le plus moderne qui a gagné».
Curieusement, le groupe Bouygues n'a pas attaqué cette décision. «S'il y avait eu un recours, on était sûrs d'aller jusqu'au bout, regrette Luc Delemazure. Martin Bouygues était remonté comme un coucou, puis, d'un seul coup, tout s'est dégonflé, le débriefing qui devait avoir lieu à Paris a été annulé, et plus de nouvelles.»
«Je crois qu'ils ont préféré le compromis», avait déclaré en 2009 Pierre Mauroy, au magazine Nordway. Sans plus de précisions sur la nature de ce compromis.
Non autorisé par le tribunal administratif à se porter partie civile, Eric Darques a lui dû redéposer sa plainte auprès du TGI de Lille en janvier 2011, la première s'étant «égarée». Contacté vendredi, le parquet de Lille n'a pas été en mesure de nous répondre sur les suites données à cette plainte.
Le 1er avril 2011, Martine Aubry a tenté de faire porter le chapeau de cette «facture un peu lourde» à son prédécesseur Pierre Mauroy. Avant d'annoncer triomphalement une réduction de 17 millions d'euros à 7 millions d'euros de la redevance versée par la métropole à Eiffage, grâce à des négociations serrées avec le groupe, la récupération dunaming (location du nom du stade à une société) et à une réduction des taux d'intérêt liée à la crise.
Mais surtout la région Nord-Pas-de-Calais et l'Etat ont donné un coup de main en vue de l'Euro 2016, en versant respectivement 45 millions d'euros et 30 millions d'euros. Pas vraiment de quoi pavoiser, puisqu'il s'agit là encore au final d'argent public...
Source : http://www.da-esterel.fr/article-lille- ... 08009.html
Interessant cet article même si il date un peu la !!!
benoit62 a écrit:Projet NORPAC
Le projet de stade Norpac était un grand parallélépipède, il était couvert d’une toiture constituée de poutres treillis entre lesquelles étaient fixés des panneaux textiles formant ensemble de grands coussins gonflés. Les matériaux des façades étaient de type polycarbonate alvéolaire et métal. Le nombre de places était de 50 057 dont 25 653 en volée basse, 1 808 en volée intermédiaire et 22 596 en volée haute.
Espaces annexes
Les espaces annexes (pôle Hébergement, restauration, loisirs et sport) d’une surface de 17 026m² étaient constitués deux immeubles de 4 et 5 étages. Ils contiennaient deux hôtels, une résidence service, un pôle restauration associé à des activités de détente et un centre de loisirs.
Energie
Norpac était le projet le plus performant sur le plan énergétique puisque l’énergie primaire épargné grâce aux énergies renouvelables était estimée à 887 MW. La production de chaleur et froid est prévue par géothermie sur la nappe phréatique. La production d’électricité sur site devaient être assurée par 2000 m² de panneaux solaires photovoltaïques.
Projet VINCI
Le stade Vinci, de forme rectangulaire aux angles arrondis, devaient s’élèvé à 41 m au-dessus du parvis. Il était bien identifiable par ses volumes massifs et courbes et par l’aspect ondulé et drapé de ses façades. Le toit mobile était composé de 2 demi-toitures rigides qui peuvaient couvrir la totalité de l’enveloppe. Le stade devait être implanté perpendiculairement au boulevard de Tournai sur un socle surélevé par rapport à la voirie. L’ensemble des volumes du stade devait être recouvert d’un voile textile posé tel un drapé tendu ondulant sur la structure. Le nombres de places était 50 921 dont 17 912 en volée basse, 3 465 en volée intermédiaire, 14 517 en volée haute – partie basse et 15 027 en volée haute – partie haute.
Energie
La production d’électricité d’origine renouvelable est assurée par 8000 m² de panneaux photovoltaïques soit un gain d’énergie primaire estimé à 663MW.
Voila en détails les deux projets non retenus. Je préfère aussi Eiffage ! Vinci aurait été intéressant de voir aussi par sa forme et l'enveloppe externe du stade .
Par contre Norpac , drôle de forme , mais d'après les rendus , stade bien lumineux , ainsi que son parvis !
Slam321 a écrit:Vous arrivez un peu en retard sur le sujet. Le tribunal a déjà rendu ses conclusions sur l'affaire, et rien de ce qui est sous entendu dans ces articles, na été confirmé par le tribunal malgré les plaintes de Darques.
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