Après trois années de délocalisation au stade Charléty, le Stade Français Paris a enfin retrouvé son stade Jean Bouin, entièrement reconstruit. D’une capacité de 20,000 places, l’enceinte a été imaginée par l’architecte Rudy Ricciotti.
Photo : All Rugby Results
Lancé en 2004 par l’ancien président Max Guazzini et appuyé par le maire de Paris Bertrand Delanoë, le projet visait la reconstruction du vieillissant stade Jean Bouin. Mais le projet a été reporté de nombreuses fois en raison de l’hostilité des riverains, d’élus et des clubs sportifs exclus de l’ancien stade (le nouveau stade ne dispose plus de piste d’athlétisme). Le prix du stade (157 millions d'euros) a également été un fort sujet de contestation. A titre d’exemple, le stade du Hainaut de Valenciennes, d’une capacité de 25,000 places a couté deux fois moins cher (75,9 millions d'euros). Mais les porteurs du projet justifient cet investissement par :
- Un design haut de gamme,
- L’utilisation de matériaux ayant un faible impact carbone,
- L’installation d’un bardage antibruit performant, censé favoriser un effet «chaudron» à l’intérieur, sans que le bruit ne se diffuse à l’extérieur,
- 51 loges de standing et 1,300 business seats,
- La construction d’un gymnase en sous sol, à 12 mètres de profondeur,
- Des vestiaires haut de gamme, disposant d’équipements de balnéothérapie,
- La construction de 7,400 m² de commerces, de 1,000 m² de bureaux,
- Un parking de 500 places dont certaines seront à disposition des riverains pendant la semaine,
- La pose de 2,800 m² de panneaux solaires photovoltaïques,
- Récupération de l’eau de pluie pour l’arrosage de la pelouse.
Le stade Français versera une redevance fixe de 1 million d’euros par an à la mairie, gestionnaire du stade. Une autre part variable en fonction de la fréquentation pourra ajouter 1 million d’euros de redevance. Thomas Savare président du club, espère une affluence moyenne de 13,500 spectateurs par match. Le match inaugural, gagné face à Biarritz (38-3) s'est joué dans un stade à guichets fermés (résumé vidéo ci-dessous).
Max Guazzini, ancien président du club jusqu’à l’été 2011 et porteur du projet
" C’est important pour le rugby plus que pour moi, mais je suis fier d’avoir participé à ce projet. Pour moi, cela a toujours été l’essentiel, dès 1993, il y a vingt ans, de refaire ce stade. Et puis, c’était prévu dans la candidature de Paris aux Jeux Olympiques, le stade aurait dû être refait. Au final, on n’a pas eu les JO… Faire naître ce stade n’a pas été évident, on a souvent été vilipendés et on a dû se battre pendant trois ans. Alors le voir, c’est un rêve qui devient réalité. Quand on a connu l’ancien Jean Bouin, cette petite chose défraîchie, on se demande comment, dans le même site, on a pu faire rentrer une chose aussi majestueuse. L’objectif était aussi de ne pas sacrifier à l’esthétique le confort des spectateurs, et on a les deux. Les gens seront bien assis, à l’abri du vent et de la pluie. Mais ils seront aussi proches de la pelouse, car c’est un stade pensé comme un vrai stade de sport.»
Thomas Savare, président actuel du Stade Français
«C’est une page fondamentale dans l’histoire du club, ça fait dix ans qu’on attend. Je l’avais déjà dit, un club professionnel ne peut pas survivre sans avoir un outil adéquat. S’il n’y avait pas eu ça, le club n’aurait jamais pu rester en Top 14. Le Stade Français a enfin des équipements pour s’entrainer et de quoi recevoir ses partenaires en tribunes. Il était temps de redevenir un club normal, enfin pas trop normal j’espère. Il y a énormément d’impatience de jouer notre premier match. J’espère que les joueurs vont se transcender dans ce nouvel outil et que ça signifiera un renouveau pour le club, même si l’écrin ça ne fait pas tout. A long terme évidemment, l’objectif c’est de renouer avec les titres dans ce stade magnifique.»
Laurent Sampéré, joueur du Stade Français depuis 2008)
«En rentrant pour la première fois dans cette enceinte, j’ai pensé à toutes ces années où on s’en entraîné à droite à gauche, où on a nous a trimballé sur toutes les pelouses de Paris. A l’époque on descendait le joug du camion et on commençait à faire des mêlées n’importe où. Là, il y a un vrai lieu de communion pour tout le rugby parisien, ça fait longtemps que tout le monde l’attendait. Je pense aussi à mes anciens coéquipiers qui n’ont pas eu la chance de connaître ces structures. On a la chance de tomber au bon moment. Il va falloir être à la hauteur. Le risque, c’est d’oublier que les joies les plus importantes, ça va être les victoires dans ce stade, rien d’autre. Il va falloir évacuer les émotions très vite.»
Photos : 20 minutes
Remarque : des photos supplémentaires de l'inauguration ont été postées par des membres du forum sur le topic du Stade Jean Bouin
Auteur : Kybo